Loup Garou

Jordan

Asia

- Je suis déjà venu ici. J'ai déjà joué. Je me suis réveillé dans une maison. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Puis, la porte s'est ouverte. Je suis sorti et j'ai vu onze jeunes, d'environ mon âge. Ils étaient tous aussi confus que moi. Parmi eux, j'en avais reconnu deux : Ma copine et mon meilleur ami. Après un long débat, nous avions aussi décidé de jouer. J'étais la voyante. Un bon rôle, c'est ce que je m'étais dit. La première nuit, j'avais retourné le nom de ma copine. Elle était l'Ange. Je me souviens m'être senti soulagé, jusqu'à ce que je comprenne en quoi consistait son rôle. J'avais décidé de l'aider, mais le matin, c'est son corps qu'on a retrouvé. Mon meilleur ami est mort quelques minutes après au premier jugement. Il était loup garou. Un de ces foutu loup qui l'ont tuée. Alors non, je ne suis pas un grand sensible. J'ai vite compris que pour gagner, il ne fallait pas avoir de sentiments. Dans ce jeu, il ne faut penser qu'à soi. Je me suis allié avec la petite fille. Il était intelligent. Il ne s'est jamais fait prendre. Nous avons gagné ensemble en cinq jours. Merci aux amants et au chasseur, quatre personnes sont morte le dernier jour. Il ne restait plus que nous deux, et nous avons gagné en tant que villageois. Mais il n'est pas ici. Je ne l'ai jamais revu. Nous avions déjà commencé à enquêter sur le narrateur. Nous avions trouvé les fils, les haut-parleurs, mais aussi un micro et une caméra par maison. Sous la table. Au début, nous étions discrets. Mais nous avons vite compris que le narrateur ne faisait rien à ceux qui essayaient de le trouver. Il s'en amusait sûrement. Peut-être pense-t-il être assez intelligent pour qu'on ne le trouve pas malgré les indices. Peut-être pense-t-il que le jeu se chargeras de nous avant qu'on ne puisse le trouver. Peu importe. Si tu ne me crois pas, tu peux vérifier sous ta table. Lors de la première partie, le narrateur n'était pas un joueur. Je doutes qu'il ne le soit maintenant.

Ça fait beaucoup à digérer, d'un seul coup. Le monde semble s'effondrer sous mes pieds. Si ce que Jordan dit est vrai, ça veut dire que ceux qui meurent, meurent pour rien et que les gagnants ne gagnent jamais. J'ai du mal à respirer. Je me lève. Cette fois, Jordan ne me retiens pas.

Je rejoins Alan et lui raconte tout. Il ne crois pas Jordan. Je m'y attendais. C'est plus facile de continuer à croire que si on gagne, on est sauvés et si on trouve le narrateur, on sauve tout le monde. 

La nuit commence déjà à tomber, et tout le monde regagne sa maison. Une fois dans la mienne, je me dirige vers la table et me penche. Jordan avait raison. Il y a bel et bien une caméra. Je ne sais pas si cet enfoiré me regarde en ce moment, mais je lui offre le plus sincère des doigts d'honneur.