XXVII. Five years later

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- ATTEND DEUX SECONDES MA CHÉRIE, je capte mal par ici, tu peux me rappeler quand je rentre à la maison, s'il te plait ?

Il se faisait tard et l'homme rouspéta contre le temps glacial avant de remettre son téléphone dans sa poche et de refermer son long manteau noir contre lui. Il n'était point rassuré de trainer dans les petites ruelles de Londres à une heure si tardive, mais c'était la seule manière de la rencontrer. Alors qu'il attendait et que sa patience s'effritait petit à petit, une main se posa sur son épaule, et l'homme sursauta. Elle était arrivée, toujours aussi discrète.

- Alors, tu as ce que j'ai demandée ? Il y a intérêt, tu sais très bien que je ne suis pas d'humeur aujourd'hui.

L'homme, qui se trouvait droit devant elle voulu lui faire remarquer qu'elle n'était jamais d'humeur, mais il s'abstint, de peur qu'elle lui ôte la vie de sang-froid.

- Oui, répondit-il simplement en lui tendant la mallette qu'il tenait dans la main gauche, qu'elle prit.

Il hésita alors à ajouter quelque chose. Il avait entendu des centaines d'histoires sur elle, mais personne ne sut jamais si lesdites histoires étaient vraies. Depuis qu'elle était à la tête de l'organisation, encore plus de mystères planaient autour d'elle qu'autour de l'ancien chef, dont les rumeurs disent que ces derniers auraient eu une liaison, et même des enfants.

- J'ai entendu dire que cela faisait cinq ans aujourd'hui, tenta l'homme. Mes condoléances, Moriarty était quelqu'un de...

Mais il n'eut jamais le temps de finir sa phrase, car un coup de feu retentit dans cette ruelle sombre et d'habitude si calme.

- Cinq ans, donc ? Comme le temps passe vite, dit Alexia Holmes, qui essuya d'un revers de main sa veste mouchetée de sang. Mais tu sais quoi ? Tu n'avais même pas besoin de me le rappeler, je le fais très bien toute seule. 

Puis, elle ajouta, en donnant un coup de pied méprisant au cadavre encore chaud qui gisait en dessous d'elle :

- Chaque. Putain. De. Seconde, a-t-elle craché.

Elle tourna alors les talons, sa mallette dans la main, et le poids sur ses épaules qui s'alourdissait à chaque pas qu'elle faisait, chaussée de ses fameuses doc martens qu'elle ne quittait jamais.

Alexia se rendit donc jusqu'à son domicile, toujours le même, toujours le même silence pesant lorsqu'elle ouvrait la porte le moins bruyamment possible, pour but de ne pas réveiller personne, mais comme d'habitude, Sebastian l'attendait, prêt à lui passer un savon.

- Alex, il est une heure du matin et ça fait deux jours que je ne t'ai pas vue, commença l'homme, qui soupira avant de continuer. Est-ce du sang que je vois sur ta veste ? Alexia, tu as des hommes de mains pour faire de telles choses ! Mais dans quel genre de pétrin tu t'es encore fourrée !?

- J'ai vingt-cinq-ans Sebastian, je fais ce que je veux, quand je veux, se justifia-t-elle en retirant ses bottes boueuses et se servit un verre d'eau.

- Mais pas quand tu as deux enfants, Alexia pour l'amour de Dieu ! Ecoute, dit-il en se massant les tempes, se calmant. Tu ne peux pas faire comme s'ils n'existaient pas de ta vie. Il faut s'occuper de leur éducation et à faute de ne pas avoir de père, au moins donne leurs une mère.

Et c'était la phrase de trop pour Alexia. Aujourd'hui, cela faisait en effet cinq ans. Cinq ans qu'il l'avait laissée seule avec un fardeau bien trop lourd à porter pour elle. Alors, quand Sebastian lui parla de son rôle de mère, elle explosa.

- MAIS JE N'AI JAMAIS VOULUE ETRE MERE, PUTAIN ! SI JE N'AVAIS  PAS FAIT UN DENI DE GROSSESSE TU SAIS TRES BIEN QUE J'AURAIS AVORTÉ !

- Je sais, je sais, dit-il tristement. Mais pourquoi tu ne les as pas donnés à l'adoption ?

La voix d'Alexia se brisa et les larmes lui vinrent aux yeux.

- Je... Je n'ai pas pu m'y résoudre, tu le sais très bien.

C'est alors que les escaliers grincèrent pour révéler deux petites têtes ensommeillées, des peluches dans chacune de leurs petites mains.

- Sam, James ? Qu'est ce que vous faites réveillés ? Demanda Alexia, tout en ravalant ses larmes et se dirigeant vers ses deux enfants.

- Sammy t'a entendue criée et du coup il ma réveillé, pour me dire que tu avais criée. Tout va bien maman ? Demanda James, en lâchant un bâillement après avoir finit sa phrase.

A cet instant, Alexia se dit qu'elle ne méritait pas ses deux enfants. Elle les raccompagna alors dans leurs lits respectifs et redescendit auprès de Sebastian. Après un long silence, elle se mit alors à parler.

- Je devrais peut-être passer plus de temps avec eux, Seb. Mais j'ai peur de les voir grandir, j'ai peur qu'ils se transforment en lui. Tu as vu leur patrimoine génétique ? Ça fait peur.

Le châtain, lui ne dit rien, juste acquiesça silencieusement aux dires de son amie. La brunette regarda alors sa montre et se leva brusquement du canapé.

- Je vais y allez, Seb, il serait peut-être temps.

Il sourit tristement et la regarda partir, vers le petit cimetière local. Alexia roula, roula, roula jusquà enfin arriver à sa destination finale. Le ciel était clair, sans nuage, ce qui laissait la faible lumière de la lune éclairer les tombes. La jeune femme tomba enfin sur celle qu'elle cherchait, et déposa un bouquet de fleurs, à côté de celui fané sur la tombe de James Moriarty. Alexia s'assied alors en tailleur sur la terre fraiche et pourtant froide puis pris une grande inspiration.

- Hey, Jim.

ᴬᴸᴱˣᴵᴬ ᴴᴼᴸᴹᴱˢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant