Chapitre 31 : l'antre du Constructeur (deuxième partie)

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Cao et Haziel entrèrent dans une cave ruisselante de moisissures à l'odeur infecte. Ils suivirent un nombre de couloirs précis avant d'arriver devant une porte en fer sans gonds apparents. Cao s'avança et le lourd panneau d'acier se leva à la manière d'une herse afin de leur libérer le passage. Les deux hommes pénétrèrent dans un sas de métal à peine éclairé. Ils attendirent.

— Quel est donc cet endroit ? demanda Haziel, surpris.

— Les initiés l'appellent l'antre du Constructeur.

— Le Constructeur ? Qui est-ce ?

— C'est un homme remarquable, un authentique génie en son domaine et un ami très cher. Cette pièce est une de ses œuvres. On l'appelle la cage de Dante, car chaque paroi de métal comporte un assortiment de pièges mortels. Beaucoup d'hommes sont morts ici, aucun n'a laissé ne serait-ce qu'une trace de sang.

Haziel scruta nerveusement les sombres parois.

— Je ne discerne rien, pourtant.

— On aperçoit la mort uniquement lorsqu'il est trop tard.

Une forme indistincte apparut alors dans l'ombre. Le capitaine empoigna d'instinct le manche de son couteau de combat à lame diamant caché dans ses habits.

— Restez calme, lui intima Cao en levant la main. C'est Rosius.

Rosius était un automate de forme humanoïde et de corpulence élancée. Son corps formait un mécanisme complexe de fins rouages et de câbles de cuivre. Le tout lui donnait un air efféminé. Il s'avança et sa tête d'ivoire se pencha légèrement en avant.

— Bienvenue, maître des secrets, salua-t-il.

Cao lui rendit son salut, mais Haziel n'en revint pas devant cette sorcellerie. Son visage se crispa de colère autant que d'incompréhension.

— Votre ami sera-t-il un problème ? s'enquit Rosius.

Cao dévisagea son traqueur d'un air sévère.

— Rappelez-vous ce que je vous ai dit en chemin. Pas de question, c'est une guerre que nous menons, souvenez-vous-en.

Le capitaine inspira profondément et mit ses mains bien en évidence. Cependant, son regard ne perdit pas de sa dureté.

— Il ne posera aucun problème.

L'automate acquiesça.

— Vos armes, je vous prie.

Haziel hésita.

— Obéissez, lui ordonna son supérieur.

Il avait insisté pour prendre de quoi se défendre, mais cela ne lui avait pas encore servit et ne lui servirait à rien. Il sortit à contrecœur son couteau de combat ainsi qu'un pistolet militaire à répétition et tendit le tout à Rosius. Ce dernier fit disparaître les armes prestement.

— Elles vous seront rendues à votre départ, informa-t-il.

Il se retourna et un système mécanique s'enclencha. Une paroi coulissa pour laisser apparaître un atelier de contrebande. Partout, des hommes s'effaraient sur de petites et grandes machines semi-automatisées. Des odeurs d'huile et d'usinage emplissaient l'air, de même que les bruits de pistons qui claquent, d'ordres lancés et de jurons criés. Derrière tout cela, on décelait le doux ronronnement des moteurs électriques à haute capacité qui alimentaient la salle.

L'automate les escorta jusqu'à une porte coulissante en bois précieux. Elle révéla un couloir au sol couvert d'un tapis rouge comme ceux que l'on trouvait dans le palais du cardinal, éclairé par des lampes aux formes aériennes. Il y avait des fauteuils pour patienter ainsi qu'une table basse avec quelques livres. Aucun bruit de l'atelier ne transparaissait en ce lieu.

Novus Ordo - Venyce tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant