Chapitre 42 : faux départ (deuxième partie)

13 2 0
                                    



Veino jeta un rapide coup d'œil dans le salon : l'homme sortait un pistolet équipé d'un silencieux. Lui et la tueuse se trouvaient assis l'un en face de l'autre et elle avait le visage frappé par la surprise. Ses réflexes de sicario entraient déjà en action, malheureusement le polymorphe était plus rapide.

Un coup de feu étouffé partit. La balle déchira le dossier d'un fauteuil et Sieur Verenn s'affala en avant, un cri muet sur les lèvres. Veino faisait irruption dans la pièce, le canon de son arme encore fumant.

Personne n'allait lui enlever sa vengeance et surtout pas le salopard qui l'avait torturé. La tueuse lui appartenait. Après tout ce temps, toutes ces choses, elle méritait bien pire qu'une simple balle. Montineti, ou quel que soit son nom, devrait s'en contenter.

Le Scorpion restait pétrifiée dans son siège, désorientée. Des semaines de traque à se cacher ainsi que l'enchainement brutal des événements semblaient l'avoir brisée. Elle réalisa enfin qui se tenait devant elle.

— Non, toi tu ne peux...

Sa phrase resta en suspens. La vérité était bien trop difficile à appréhender d'un seul coup.

— Je rêve de ce moment depuis une éternité, susurra-t-il en s'approchant lentement. J'ai, littéralement, traversé l'enfer pour te retrouver. Heureusement, j'ai eu un petit bonus ; Gabriella. Sérieusement, qu'est-ce que tu lui trouvais ? Elle a crié comme une pucelle.

Elle lui lança un regard furieux, mais résigné. Le Scorpion n'a plus d'endroit où se cacher. Il sait reconnaître une défaite.

— Tu es un démon. Je ne sais pas comment tu as fait, mais je suis impressionnée.

Il se précipita sur elle et la saisit au visage.

— Oh, tu n'imagines même pas. Tu vas crever salement, Scorpion.

Cela aurait pu se passer comme on l'imagine volontiers ; du cordage, des couteaux tranchants et beaucoup de cris et de sang. Cependant, la réalité aime contrarier les plans des simples mortels.

Le polymorphe revint brusquement à la vie et braqua son arme sur Veino. Il réussit à dévier de justesse le bras traître avant que le coup ne parte. Pfumf, une balle se ficha dans un mur. Il braqua à son tour son pistolet, mais l'autre lui tordit instantanément le poignet. Pas le temps, il fallait agir vite. Il lança son pied en direction d'un genou. Esquive, son adversaire était rapide comme l'éclair. Il lui fit lâcher son Barderazzo avant de lui donner un grand coup de pied entre les jambes. Aouch !

Veino tomba à terre, pétri de douleur. Il vit le polymorphe se dresser au-dessus de lui, le canon de son arme en direction de sa tête. Non, pas maintenant ! Pourtant, on choisissait rarement la façon et encore moins le moment. Il avait sous-estimé son ennemi. Pourquoi ne lui ai-je pas tiré dans la cervelle, bon sang ? Conscient qu'il n'aurait jamais la réponse, il regarda la mort en face.

Le coup ne partit jamais. À la place, le corps du polymorphe s'affala sur le plancher comme une poupée de chiffon, dévoilant un Vittorio tout sourire. Il abaissa son pistolet à tranquillisants.

— Content de me voir ?

Sonné, et avec l'entrejambe en feu, Veino se recroquevilla.

— Ma foi, c'est toujours mieux que l'autre face de rat, grommela-t-il.

L'Artiste s'accroupit à sa hauteur.

— Un merci suffirait amplement.

— Merci.

Novus Ordo - Venyce tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant