Chapitre 8 : que la traque commence !

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Le siège des services de sécurité de Venyce, qui regroupait la garde urbaine, la garde pontificale ainsi que les services secrets, était une imposante bâtisse de marbre sombre. Elle avait la forme d'un énorme cube usé par les intempéries et recouvert de fioritures architecturales. C'était principalement des sculptures bibliques à l'effigie d'anges, de démons et autres créatures fantaisistes. Ce bâtiment avait la particularité de ne laisser apparaître qu'une seule porte malgré sa grande taille, et quelle porte ! Coulée dans la fonte la plus dure et réhaussée d'enjolivures en bois centenaire, elle faisait bien douze mètres de haut et était entièrement noire, d'où le nom. Le tout formait une masse anonyme, mais incontournable.

Cao se trouvait dans son bureau, au dernier étage de Porte Noire. Le plafond entièrement vitré laissait entrer une abondante lumière. Il n'y avait pas de vue sur la ville ni aucune autre fenêtre. L'unique source d'éclairage venait d'en haut et c'était hautement symbolique. Cela représentait la lumière divine tombant des cieux. Elle seule pouvait montrer les ténèbres sous leur vraie apparence et Dieu avait un œil ouvert sur celui qui était chargé de les dissiper.

Une bien étrange mission, se disait Cao. Quand on se rend compte de ce que cela signifie. Venyce n'était pas une cité de vertu et encore moins de croyants. Toutefois, une paix relative y régnait grâce à un équilibre entre l'état et les guildes. Le Saint siège s'occupait de la protection, de la justice ainsi que de la spiritualité. Les guildes, quant à elles, veillaient à maintenir une économie florissante sur la cité. Elles en payaient le prix fort, certes, mais s'en sortaient tout de même à très bon compte.

Assis confortablement dans son fauteuil, Cao attendait quelqu'un. Il tambourinait d'impatience avec ses doigts sur un grand bureau d'ébène.

Ses techniciens avaient réussi à localiser la créature et malgré les interférences, ils la suivaient à la trace. C'est pour cela que Cao réquisitionnait le meilleur de ses traqueurs, l'homme qui n'avait encore jamais connu de défaite. Le chef des services spéciaux de Venyce ne voulait prendre aucun risque sur ce cette affaire.

Il était parvenu à étouffer la nouvelle de la mort de la princesse, mais ce répit ne durerait pas. Aussitôt l'information connue des guildes, la guerre s'embrasserait, car sachant leur fin inévitable les Douze n'auraient plus en tête que les vieilles rancœurs. Il faudrait alors décréter le couvre-feu et mater sévèrement toutes résistance avant que les guildes ne se procurent de l'armement militaire. Cao réfléchissait à un moyen de les unifier, mais la tâche semblait impossible. Le temps était donc compté, ce qui l'amenait au problème pratique.

On avait découvert dans la chambre de Sa Distinguée un homme inconscient. La disposition de la pièce indiquait qu'il y'avait eu lutte entre la princesse, ses Protecteurs-mécaniques et l'inconnu. La mise en scène était très bien faite, mais Cao savait que ce n'était pas l'homme le coupable. Cependant, il avait joué un rôle là-dedans et on l'interrogeait en ce moment même sur le sujet.

La bonne nouvelle était que l'ennemi ignorait l'existence de la procédure d'extraction oculaire, sinon il ne se serait pas donné tout ce mal pour piéger un pauvre bougre. Le secret demeurait donc bien gardé ainsi que l'effet de surprise indispensable à ce genre d'opération.

Malheureusement, il devait faire condamner un innocent. Catalyser la colère du peuple sur un coupable de chair et de sang se trouvait être le seul moyen pour que les gens gardent la tête froide. Cela devait survenir rapidement après l'annonce publique du meurtre afin que le Saint siège ne perde pas son symbole d'autorité et de justice absolu. L'homme allait donc mourir, mais cela ferait gagner un temps précieux. Temps dont Cao était bien décidé à faire valoir chaque seconde.

Novus Ordo - Venyce tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant