ONDES

18 - Elise

       

Nous apprécions la musique tantôt jazz, indé et pop rock. Il y a beaucoup de titres que je ne connais pas mais Shazam oui, fort heureusement. La piste de danse commence à se remplir sur des airs latinos. Alexine m'adresse un mouvement de tête, et c'est parti !

Concentration. Liaison entre tous les membres, établi. Avertissement à mon cerveau que si je me ridiculise, je le noierai d'alcool.

Dès que ma cousine pose un pied sur la piste, son corps est en pilote automatique. Tout en trouvant une place, elle ondule avec grâce. Je me vide la tête et danse tout simplement, après tout je suis là pour m'amuser. Après quelques morceaux, un tube de ragga me ramène sur terre. Alexe tape dans ses mains et me sourit comme une diablesse.

_ Allez ma chérie montre leur que t'as pas perdu la main. dit-elle à mon oreille.

Elle fait allusion à notre session de Just Dance chez elle la semaine dernière. C'est que ça m'a quand même dérouillé et quelques petits trucs des cours m'étaient revenu. Je rigole et nous dansons sans complexes.

Personne ne vient nous importuner, chose surprenante, surtout avec Alexine, et nous apprécions fortement. Après nous être rafraîchies, nous regagnons la piste, le son est vraiment à mon goût. Alexine et moi improvisons une salsa, ce qui nous fait exploser de rire, car nous avons quelques pointures face à nous. En revanche quand vient le moment des slows, nous faisons la grimace et décidons finalement de danser ensemble le premier. Après quoi nous quittons la piste mais une main attrape la mienne. Surprise, je me retourne et vois un mec encapuchonné, c'est quoi ce délire ? C'est pas du tout le style du club. Je n'arrive pas à distinguer son visage. La main me presse et m'incite à danser. Au moment de retirer ma main, je remarque les bagues de l'homme. Je retourne la main et reconnais très bien la chevalière en argent vieilli avec une pierre noire ainsi que celle en cuir avec un loup argenté dessus. Je souris en même temps que mon estomac fait des bons. Je me rapproche et passe les mains sous sa capuche mais il les retient.

_ Si tu veux danser, enlève-la. dis-je en fronçant les sourcils.

_ Ok, bouge pas.

Alexine arrive dans mon dos et me demande.

_ Mais c'est qui ?

_ T'inquiètes, il revient, tu vas le reconnaître de suite.

_ Ok, je peux te laisser alors ?

_ Oui.

Il revient, toujours vêtu de noir. Par contre, c'est la première fois que je le vois porter une chemise et surtout aussi cintrée, ouverture sur le haut de son torse. Je l'ai croisé il y a trois semaines mais j'avais limite oublié à quel point il est sexy, menteuse... Nous allons au centre de la piste et commençons à danser. Je devrais rester loin de lui, établir une distance conventionnelle mais je ne peux pas. Nous sommes collés comme des aimants, ses mains se limitent à la ceinture de mon pantalon. Avec mes talons, ma tempe frôle sa joue, nos bouches sont à peine à dix centimètres mais nous ne tentons rien. Quand le titre se termine ma tête repose sur son épaule, le nez dans son cou respirant son parfum.

La musique enchaîne sur un titre que je reconnais de suite, I'd love to Change the World de Jetta. Le fameux morceau de l'épisode endiablé de Sense8. Je le regarde, il sourit. Je suis sûre qu'il a demandé ce titre au DJ, je ne crois pas trop aux coïncidences. Son clin d'œil confirme ce que je pense. Ses mains s'affirment dans mon dos et me plaque à nouveau contre lui. Nos bassins se collent l'un à l'autre et ondulent de chaque côté. Ses mains, appuyées, glissent sur le haut de mes fesses, attrapent mes hanches et me retournent dos à lui. Nous calons le rythme de nos mouvements, lents et légèrement équivoques. Dans cette position mes mains sur les siennes guident ses gestes de ma nuque à mes hanches, sur lesquelles il bloque un pouce de chaque côté à ma ceinture. Le dos contre son torse, la tête renversée sur épaule, je sens son souffle caresser mon cou. Nous restons comme ça jusqu'au moment où je me retourne. Les doigts dans ses cheveux, ses mains recouvrant mes fesses, nous terminons de danser comme ça. Joue contre joue, ma poitrine écrasée contre son torse, sur les dernières notes, nos visages glissent. Nez contre nez, nos lèvres se frôlent mais ne se touchent pas. J'ai le cœur qui bat la chamade, mon estomac fait des nœuds, mon bas ventre crie d'envie. Aucun de nous ne parcourt le millimètre qui nous sépare. Maintenant front contre front, nous restons immobiles jusqu'au moment où il rompt le silence.

_ Vaut mieux que j'y aille.

Je ne dois pas le retenir même si j'en meure d'envie. Mes doigts se crispent sur sa nuque, il sourit, me caresse le dos et embrasse ma tempe avant de me laisser.