23 - Roman

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Le bruit des pas d'Elise dans l'escalier m'avertit de son arrivée. Je termine d'installer une suspension en demandant à Lili de valider, ce qu'elle fait avec le sourire. Je regarde discrètement en direction de l'escalier et vois apparaître une paire de jambes seulement recouvertes à mi-cuisses par une jupe. Je détourne le regard à temps et demande à Lili d'allumer pour tester le rendu, c'est bon.

_ Salut. me dit-elle en posant une main sur l'épaule de sa fille.

_ Salut. dis-je en restant sur mes gardes.

_ Il vous reste des choses à faire ?

_ Non, tout est fait maman.

_ Vous avez bien travaillez, c'est très joli. Grand-mamie nous attend pour le goûter, tu nous devances ma chérie, s'il te plaît ? Et pense à te laver les mains.

_ Génial ! dit Lili Anne en montant les escaliers.

Je sens que c'est le moment d'une discussion. Sa voix ne trahit pas d'émotion particulière. Quand elle est se retourne vers moi, j'ai l'impression qu'elle va me bouffer mais je ne sais pas si je vais apprécier.
Elle regarde par la baie, s'appuie sur la table, croise les bras et sourit enfin, avant de parler.

_ Dire que j'ai flippé comme une malade alors qu'elle veut tout simplement rejoindre Claude à Cassis. Je sais à quel point ils s'aimaient tous les quatre. J'ai d'excellents souvenirs là-bas, même Lili adore ce grand gaillard. Elle n'a pas connu papy, c'est un peu un grand-papy de substitution quand on y va. Mais...

_ Mais ?

_ Tu n'as pas idée à quel point elle va me manquer.

Sa gorge est nouée sur la fin.

_ Vous irez la voir, je m'inquiète pas pour ça. En avion c'est pas si loin.

_ Mouais.

_ Et c'est une belle preuve d'amour.

_ De ?

_ La maison.

_ Oui. Maintenant que j'y pense je n'aurai jamais supporté d'y voir vivre des étrangers, ça m'aurait fait trop mal.

_ Et avoir un voisin au rez-de-chaussée ça va aller ?

Son sourire s'agrandit, elle fait une moue songeuse avant de répondre.

_ Hum, je sais pas, faut que j'y réfléchisse.

Je joue le jeu en haussant les épaules.

_ Ah, tu me tiens au courant que je fasse ma valise.

_ Mais non, bien sûr que ça va aller, même pour cinq ans.

_ Cinq ans ?! Je n'vais pas rester autant dans vos pattes. C'est juste le temps d'avoir assez pour racheter le garage de Georges. Par contre j'espère que ça n'va pas déranger ton copain.

Elle se fige et fronce les sourcils.

_ J'ai dit une bêtise ? demandai-je en m'approchant.

_ On ne vit pas ensemble.

_ Ah, c'est peut-être l'occasion ?

Je la vois hésiter et triturer ses doigts.

_ Pour tout te dire, je pense même que c'est le moment de...

Oh putain ! Ne me dîtes pas qu'elle va se marier ou faire un gosse ?! Ça, je pourrais pas ! Déjà que la voir avec un autre ça va me tuer alors pour le reste.

_ Se séparer. finit-elle de dire.

Hein ?! Je la regarde et reste interdit avant de parler.

_ Ça serait le roi des cons s'il te laissait partir.

_ Il n'aura pas le choix. Ça vient pas de lui. Il veut me suivre, connaître ma fille et même vivre ensemble.

_ Et ? C'est normal non ? Ça prouve qu'il tient à toi.

Même si ça m'arrache la bouche de le dire, je suis bien obligé de l'admettre.

_ Oui mais je ne suis pas prête à faire rentrer un homme dans ma vie, même s'il est bien.

Prend ça dans les dents, je suis mal... Je vais être cantonner au statut du voisin.

_ Tu n'as pas peur de passer à côté de quelque chose ?

_ Peut-être, peut-être pas. Il est prêt à faire des concessions, pas moi.

_ J'espère que le jour où tu tomberas vraiment amoureuse, lui le sera aussi.

_ Hum, moi aussi, mais pour l'instant c'est juste un mauvais timing.

_ Hum.

_ Bon, on va faire une razzia en haut ?

_ Yes, j'ai une de ces dalles. Vas-y je t'en prie.

Elle passe devant et j'ai tout le plaisir de mater ses jambes. Dire qu'elle va lâcher son mec et habiter juste en haut. J'ai pas envie de tout foirer mais ça va être très dur de ne rien tenter.

ONDESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant