Chapitre 5 - Cernes

1.8K 135 69
                                    

Tête collée contre la paume de sa main, le rouquin semblait partir vers le pays des songes. Un filet de bave s'échappait de sa bouche et ses yeux se fermaient. Les cours en amphithéâtre, il n'y avait rien de plus ennuyant -enfin, les cours en général-. Ce ne fut qu'au signal de son voisin qu'il daigna se réveiller.

_ Hinata ! L'heure est bientôt fini, tiens bon ! chuchota le tacheté.

_ Laisse tomber Yamaguchi, il n'a qu'à pas se coucher si tard, rétorqua un autre garçon, plus grand.

Le plus petit ne réagissait pas à sa remarque, il savait que ses deux camarades pensaient qu'il passait son temps à regarder des films tard étant donné qu'il cachait son second métier à l'Université. Il ne voulait pas prendre de risques à le leur révéler. Non pas pour protéger sa ''réputation'' mais il ne voulait justement pas être sur le devant de la scène, et encore moins pour une raison telle que celle-ci.

Finalement, la sonnerie retentit pour annoncer que les cours de la matinée étaient finit, enfin pouvait-il manger. Le rouquin partit un peu à l'écart, au calme, sa tête bourdonnant fortement. Depuis un certain temps, le manque de sommeil et le bruit le fatiguaient énormément. Il avait pourtant appris à s'y habituer, mais il avait poussé son corps à ses limites pendant trop longtemps et il en payait à présent les conséquences. Étant à la moitié de ses études supérieures -sa troisième-, la dose de travaille s'épaississait de jour en jour et le temps de repos, lui, s'amoindrissait.

Du plus profond de lui, il espérait que Kageyama allait accepter sa proposition. Il savait que c'était égoïste, surtout qu'ils ne se connaissaient pas (s'être croisés une fois en magasin et une fois sur son lieu de travail ne faisaient pas d'eux des meilleurs amis), mais il en avait besoin. Bon, il n'était pas si idiot que ça, il n'avait proposé cela à n'importe qui, ce gars semblait un peu compréhensif. C'était surtout ce qu'il lui avait dit, sa ''leçon de morale'', qui l'avait convaincu à le lui demander. Le brun avait l'air de fonctionner par logique et instinct, et non pas par plaisir ou curiosité, donc si ce qu'il lui proposait semblait cohérent, il supposait qu'il dirait oui. Maintenant, il ne pouvait qu'attendre sa réponse.

Le temps passa, et il arriva bien vite à l'heure d'embauche du fast-food où il travaillait à temps partiel. Alors qu'il se changeait en vestiaire, son cellulaire vibra, notifiant le fait qu'il avait reçu un message. Il prit alors en main l'appareil et constata avec joie et surprise que le noiraud s'était enfin décidé à lui parler après une semaine. Celui-ci demandait sobrement quand il serait au bar, simplement, il répondit « Vers vingt-trois heures trente ». C'était alors tout sourire que le rouquin commença son service, pour le plus grand plaisir des clients.

Bizarrement, il stressait. Plus les minutes le rapprochaient de l'heure donnée, plus il se demandait s'il allait refuser son offre. Et cela commençait à se faire voir au travail, il devenait nerveux, accentuant sa maladresse. Ses collègues tentèrent de l'aider et de comprendre ce qu'il avait mais il refusait strictement de parler à quiconque, personne ne devait savoir. Fatalement, le moment tant attendu arriva.

De retour aux vestiaires, le garçon se changea une nouvelle fois, d'un geste de la main accompagné d'un sourire à moitié forcé il dit au revoir au reste du personnel. Il plongea sa main dans la poche de son jean pour récupérer un trousseau qui détenait la clé qui déverrouillait l'anti-vol de sa bicyclette. Il la chevaucha et entama sa grosse demi-heure de route vers son autre lieu de travail. Effectivement, dans sa faculté il n'était pas rare de voir un étudiant travailler, donc le fast-food qui l'employait se trouvait dans la même ville où il étudiait, mais les deux bâtiments étaient chacun à un bout de la grande cité, ce qui expliquait l'heure qu'il lui fallait pour aller à l'Université et les quelques trentes minutes suffisantes pour le restaurant de fortune.

Chose dite, il arriva à vingt-trois heure trente quatre au bar. Cependant, lorsqu'il entra dans celui-ci après avoir soigneusement rangé son deux roues, il constata que le noiraud n'était pas encore là. Cela le soulagea légèrement, car il se dit qu'il avait le temps de boire un verre avant de passer aux choses sérieuses. De ce fait, il s'assit sur une chaise haute et commanda au serveur.

_ Akiteru-san, un diabolo fraise s'il te plaît, demanda-t-il gentiment.

_ Tout de suite !

Étonnement, ici, tout le monde appelait le barman par son prénom, pour une raison quelconque il le préférait. Shoyo ne s'était jamais vraiment posé la question du pourquoi, ne s'embêtant pas avec ces formalités. Alors que le verre était à peine posé sur le comptoir, la chaise à côté du rouquin fut décalée.

_ Salut.

À l'entente de la voix de l'acteur, Hinata sentir sa nuque frisonner, accompagné d'un petit soubresaut par la surprise, ne s'attendait pas à ce qu'il soit déjà là.

_ Ah ! S-salut Kageyama !

Un silence pesant avait lieu entre les deux hommes alors que le bruit de fond lui était plutôt élevé. Le plus petit termina vite fait sa boisson -ce qui était plutôt difficile avec les bulles- et entraîna d'un signe de la main son acolyte vers l'étage. Shoyo sortit le même trousseau de clé que précédemment mais pour cette fois-ci utiliser celle qui ouvrait sa chambre de l'hôtel. Jusque là, Tobio l'avait suivit sans broncher, mais il entreprit de débuter la conversation une fois qu'ils seraient tout les deux assis sur le lit.

_ J'ai pas mal réfléchi à ta proposition, et je peux comprendre ton problème, tu veux du repos mais tu ne peux pas te permettre de stopper ton travail. J'ai parfois du travail à faire et j'ai besoin de calme, l'immeuble où je vis n'est pas très bien insonorisé, cependant ici on a pas l'air d'être dérangé par les voisins, donc si tu me permets de travailler quelques heures au calme ici, j'accepte ton offre, déballa-t-il.

_ Heu... Quand tu dis travail au calme, c'est pour répéter tes scènes ? questionna le prostitué.

_ Pas forcément, puisque j'aide parfois le réalisateur sur l'écriture du film, ils me jugent avoir une assez bonne expérience dans le domaine même si je suis encore jeune. Même si pour le film en question c'est juste que je m'y connais sur le sujet, continua-t-il en argumentant.

Cependant, alors qu'il expliquait vaguement ses raisons, il remarqua que son interlocuteur avait vite arrêté de l'écouter, préferant se plonger dans un profond sommeil. Cela l'arrangeait presque, il n'avait plus à perdre du temps à parler, alors il sortit des documents de la malette qu'il avait apporté avec lui puis s'installa sur le bureau.

Quand vint l'heure pour le noiraud de partir, il réveilla le rouquin afin de l'informer de son départ. D'un mouvement léger de la tête, il le remercia, pas seulement pour l'avoir prévenu mais également pour lui avoir permis de se reposer une petite heure. Ce n'était certes que soixante minutes, mais voyant combien de temps il dormait chaque nuit cela ne pouvait lui être que bénéfique.

En quittant la chambre, Kageyama jeta un coup d'œil à l'intérieur de celle-ci afin de vérifier qu'il n'avait rien oublié, et en profita pour regarder les cernes du jeune homme qu'il avait remarqué plus tôt, celles-ci étaient malheureusement presque aussi épaisse que tout à l'heure.

.

1249 mots !

Je suis assez mitigée dans ce chapitre... J'ai l'impression qu'il ne se passe rien alors que pourtant on en apprends plus sur Hinata, dans le sens où les autres chapitres étaient plus centres sur Kageyama...

Bref, j'espère que ça vous a plu ! ;)

Bisous ❤

Liés par le Fil Gris de L'argent - [KageHina]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant