Bring Me Back To Life.

04 -

Assis face à face à la table habituelle de James au Jeffrey's Industry, les deux jeunes hommes avaient chacun un café bien chaud devant eux et un bloc-note afin de communiquer plus facilement. Nate n'arrêtait pas de voir en boucle dans son esprit le hochement de tête du blond qui lui confirmait que oui, jamais il ne pourrait entendre sa voix. Mais rien n'avait changé la décision et ils étaient passé dans un supermarché pour acheter ce carnet et un stylo, avant de rejoindre l'enseigne. En les voyant franchir la porte ensemble, Lucas avait d'abord été surpris avant de leur adresser un grand sourire et de les laisser prendre place. Il leur avait ensuite apporté leurs boissons sans faire de commentaire, les laissant dans la bulle qu'ils avaient doucement construite.

Nate ne quittait pas des yeux le plus jeune alors que ce dernier était en train d'écrire pour répondre à la première question : depuis quand avait-il ce handicap ? Il détaillait son visage, la couleur de ses cheveux et ce tic qu'il avait de mordiller sa lèvre quand il réfléchissait. Il avait un visage juvénile qui rendait l'exercice de lui donner un âge plutôt difficile et Nate se dit qu'il devrait lui poser en question suivante. Son visage était fin avec un nez aquilin, des yeux noisette et des lèvres un peu plus rose que la moyenne. Il devait tout juste avoir la vingtaine mais ses yeux témoignaient de bien plus de chose que ce que l'on est supposé connaitre à cet âge-là Il sortit de ses pensées quand James fit glisser le carnet jusqu'à lui et il lui adressa un sourire avant de commencer la lecture.

« Je suis né comme ça. Je ne me suis même pas mis à pleurer quand je suis venu au monde. Ma mère a cru que j'étais un mort-né. Je n'ai jamais dis un mot et je sais qu'elle en souffre bien plus que ce qu'elle peut m'en dire. Malgré ça, elle m'a toujours offert le plus d'amour possible et ça m'a un peu aidé à affronter le monde. »

- Il est vrai que les autres n'ont pas toujours dû être très gentil avec toi, au vu de ta différence.

James hocha doucement la tête et Nate soupira.

- Évidemment. L'homme n'aime pas ce qui peut être différent alors forcément, tu en as pâti. Je suis désolé de ce que tu as pu subir. Tu ne mérites pas ça.

Le blond haussa les épaules avant de récupérer son carnet.

- Tu as quel âge, d'ailleurs ?

Deux coups de stylo dans un coin.

- Vingt ? Je ne t'en aurais pas donné plus !

James échappa alors une sorte de petit rire. Ses yeux s'étaient plissés et sa bouche s'était ouverte mais aucun son n'en était sorti. Et malgré toute la beauté de cette scène, Nate eu un pincement au cœur en sachant que cet être avait dû souffrir d'une chose qu'il n'avait jamais pu contrôler.

- Moi ? Tu en rajoutes sept. Oui, je commence à me faire vieux. Ma mère voudrait tellement que je lui présente quelqu'un avant que...

Un silence, un voile sur ses yeux et sa voix qui tremble avant qu'il ne reprenne.

- Avant que je n'atteigne les trente ans.

Un petit mensonge. Ce n'était rien, n'est-ce-pas ? Ce n'était même pas tout à fait faux. Seulement, elle n'atteindrait jamais le jour où son fils aurait trente ans. Elle voulait partir en paix en sachant que son fils cadet, la prunelle de ses yeux, si présent pour elle aurait alors à son tour quelqu'un de si présent pour lui afin qu'il ne soit plus jamais seul. Il échappa un rire gêné alors qu'il sentait le regard de son vis-à-vis le sonder. Et Nate savait que le jeune blond l'avait percé à jour, qu'il ne croyait pas vraiment à ce qu'il venait de lui raconter.

James était en train d'écrire alors que le plus vieux sirotait son café, regardant les autres clients du café. Que ce soit en employé ou en client, il était définitivement complètement dingue de cet endroit. Il songeait même de plus en plus à abandonner ses études qui ne menaient à rien pour venir passer bien plus de temps ici. Après tout, c'était le seul endroit où il était bien et où il se sentait utile.

Le carnet arriva devant lui alors qu'il blêmit, ne sachant pas s'il devait confier la vérité à cet inconnu ou non.

« Je n'osais pas forcément en parler mais je ne peux pas en faire autrement. Que t'arrive-t-il pour que tu fasses toujours comme si tout allait bien alors que tes yeux hurlent la douleur et la tristesse ? »