Bring Me Back To Life.

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Il avait mal. Terriblement mal. Il savait que sa famille était morte au moment où sa mère avait appris sa maladie mais il avait toujours conservé l'infime espoir que tout reviendrait à la normale. Un vain espoir. Amanda enceinte signifiait que le maigre intérêt de son père pour lui se tournerait vers l'enfant à venir. Cela signifiait que sa présence dans cette maison allait devenir un poids. Allongé dans son lit, à observer l'immense photographie du pont de San Francisco présente sur son mur, Nate repensait encore et encore à ce que ça impliquait : un nouveau bébé allait envahir l'espace où sa mère l'avait élevé lui. Et il était hors de question qu'il assiste à ça.

L'idée ne sortait plus de sa tête, qu'il soit dans le bus, en cours ou même avec sa mère. Il n'avait pas pu lui cacher l'information et son cœur s'était un peu plus brisé en l'entendant murmurer qu'elle était heureuse pour lui qu'il parvienne à refaire sa vie. Non, non, non. Il était impensable pour Nate que sa mère, qui avait tout perdu en même temps que sa santé, soit heureuse pour un homme qui ne méritait pas son amour. Il était en colère contre son père, il était en colère contre Amanda, il était en colère contre le monde entier. Mais pas contre James qui l'avait pris dans ses bras en sortant de cette visite habituelle, le serrant contre lui jusqu'à ce que sa dernière larme se tarisse.

Comment le destin pouvait-il décider de donner un nouvel enfant à un homme qui se fichait des deux qu'il possédait déjà ? Comment une entité divine pouvait cautionner cela alors que sa mère était en train de mourir à petit feu d'un mal qu'elle ne méritait pas ? Où était la putain de justice dans ce monde pour que de telles choses arrivent ? C'était injuste et immoral. Et peu importait ce qui arrivait, Nate n'arrivait pas à penser autrement. Son père ne méritait pas qu'une femme comme Amanda lui donne autant de bonheur.

Assis à une table du Jeffrey's, une tasse d'un breuvage bien chaud posé devant lui, le brun laissait ses pensées divaguer. James, face à lui, essayait de lire en lui, de trouver les mots pour le réconforter. Et c'était si dur à supporter. Nate avait peur de l'Amour, il en prenait conscience. Comment pouvait-il faire confiance à quelqu'un, se donner autant, si le résultat pouvait être ainsi ? Comment pouvait-il croire au bonheur que les romans à l'eau de rose véhiculaient quand son père avait brisé autant de choses en si peu de temps ? Il avait envie de hurler, de tout casser et de sombrer dans un coma pour ne plus penser. Il voulait simplement tout oublier, ne plus rien ressentir et ne plus souffrir. La déchirure dans son cœur s'agrandissait un peu plus à chaque faiblesse de sa mère. Il n'allait plus tenir.

« J'aimerai pouvoir faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que tout cela soit faux, Nate. Je voudrais pouvoir sauver ta vie comme tu sauves la mienne à chacun de tes sourires. Je ne veux pas que tu souffres autant de ce que fait ton père. Il ne mérite ni tes cris, ni tes larmes. Pars, tu as juste besoin de ça. Abandonnes-le comme il a abandonné ta mère. C'est tout ce qu'il mérite. Que ce soit ce qu'il souhaite ou non, tu ne lui dois plus rien. Tu es majeur, tu peux te trouver un appartement. Si tu acceptes, je pourrais même t'héberger le temps de ta recherche. Et qui sait, tu accepteras peut-être que je sois ton colocataire. Qu'est-ce que tu en penses, Nate ? M'acceptes-tu dans ta vie pour prendre une aussi grosse place ? Parce que c'est le témoignage de celle que tu prends dans la mienne. Je suis et serais là pour toi autant de temps que tu me voudras à tes côtés. Tu n'es pas seul, Nate. Tu ne le seras plus jamais. »