Bring Me Back To Life.

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Thanksgiving. Une fête de pardon et de partage. Une fête de remerciement, également. Une fête que l'on célèbre avec une grosse dinde et toute sa famille. Une fête qu'il n'aurait jamais pensé passer chez les parents de James, sa mère ayant pu quitter l'hôpital pour la journée, afin qu'elle profite de cette fête avec son fils. Cette sortie était exceptionnelle. La table était magnifiquement dressée et les plats délicieux, régalant les papilles de chacun des convives. Chacun des goûts semblaient plus succulent que le précédent, les emportant dans un tourbillon de saveurs.

Quand James lui avait fait cette proposition, Nate n'y avait pas cru. Quelle famille souhaiterait inviter des étrangers pour un repas aussi important et primordiale ? Surtout quand l'une des personnes étaient à l'hôpital en tant que résident permanent de la structure. Mais il avait vite compris en rencontrant Monsieur et Madame que cette invitation était un remerciement pour le sourire qu'il mettait sur le visage de leur fils. Erika, la maman, n'avait pas hésité à expliquer à Nate que depuis que James et lui se connaissaient, leur fils semblait bien plus vivant et plus lumineux. Et pour ça, elle ne pourrait jamais le remercier assez. Alors le jeune homme n'avait rien trouvé à faire que de la remercier à son tour pour avoir mis au monde un enfant aussi incroyable et d'en avoir fait un homme aussi formidable. Il avait vu la perle salée rouler sur sa joue alors qu'elle lui adressait un sourire tellement éblouissant. Nate en déduisit que ce devait être la première fois que quelqu'un faisait un si bel éloge de son fils muet.

Ils s'étaient tous mis à table, les plats éparpillés sur la grande table, et ils avaient trinqué à la vie. À cette vie espiègle qui avait donné un enfant muet à des parents tellement aimant. À cette vie horrible qui arrachait une mère à son fils, lentement. À cette même vie qui les avaient tous fait se rencontrer et se découvrir. Tous autant qu'ils étaient, autour de cette même table, remercier la vie autant qu'ils la maudissaient. C'était un savant mélange doux-amer qu'ils connaissaient et partageaient. Ils n'avaient pas vraiment besoin d'en ajouter plus pour se comprendre. Aucun mot n'aurait pu décrire suffisamment ce qu'ils ressentaient à l'égard de ça : vivre.

Alors qu'il avait quitté la table pour faire un tour aux toilettes, Nate s'appuya au chambranle de la porte du salon pour observer la table vivante qui communiquait avec une telle aisance et un tel naturel alors que l'un d'entre eux était obligé de signer. Mais ça n'enlevait rien à la beauté de cette scène, aux rires qui s'élevaient et aux sourires présents sur toutes les bouches. Et le jeune homme sentit à ce moment-là son cœur se briser en prenant conscience qu'il ne vivrait jamais plus ça en famille. Ni qu'il ne vivrait ça à nouveau avec sa mère, tout simplement. Elle avait beau avoir l'air radieuse dans sa tenue endimanchée, son teint blafard ne saurait mentir. La maladie la rongeait et la vie quittait un peu plus son corps chaque jour.

Nate aurait voulu hurler, aurait voulu pleurer. Il aurait voulu frapper quelqu'un de toutes ses forces, histoire d'avoir la sensation de blâmer un coupable. Sa mère, sa si gentille et si incroyable mère ne méritait absolument pas cette saloperie qui détruisait sa vie lentement. C'était la meilleure personne du monde à ses yeux et elle n'aurait dû vivre qu'une vie de bonheur et d'amour. Un haut-le-cœur le prit en constatant que c'était son père qui avait le droit à cette vie alors qu'il avait abandonné sa femme pour une autre, plus jeune, qui allait lui donner un nouvel enfant.

Serrant fermement les yeux, il s'obligea à retenir chacune des larmes qui voulaient s'échapper de ses yeux, se refusant à pleurer durant cette journée de partage et d'échange. Il rouvrit alors les yeux, prit une grande inspiration et rejoignit la table comme si ne rien n'était. Mais en croisant le regard inquiet de James, il sut. Il sut directement qu'à nouveau, son cadet avait lu en lui comme dans un livre. Alors lentement, comme s'il cherchait à apprivoiser un animal sauvage, James avait fait glisser sa main sur la table jusqu'à entrelacer ses doigts à ceux de son ami. Et si quelqu'un autour de la table constata ce détail, personne ne l'aborda. Doucement, la main de Nate se referma autour de cette bouée qui venait de l'aider à sortir la tête de l'eau pour la journée.