Tel père, tel fils

Épilogue

Londres, trois ans plus tard

_ Faut vraiment que tu lui parles. J'en ai marre de bouffer du pudding dégueulasse. Je suis pas venu habiter à l'autre bout du monde pour manger de la merde gélatineuse.

_ Arrête de râler DongHae. Il est de bonne humeur en ce moment et je ne tiens pas à ce que cela change.

_ Mais je veux manger quelque chose de comestible. De la viande ou du riz, même des sardines m'iraient. S'il te plaît.

_ Pas avant son exposition. Tu sais que ça lui tient à cœur, je ne peux pas lui plomber le moral avant son expo.

_ Mais après, tu lui parleras, n'est-ce pas ?

_ Oui, c'est promis.

On se lance un sourire et, même si je suis à moitié convaincu qu'il se dégonflera, je suis au moins content de savoir que je ne suis pas le seul à ne plus pouvoir avaler ce truc immangeable typiquement anglais.

Après avoir fait ruiner l'entreprise dans laquelle il travaillait à Séoul, il a accepté la proposition de JaeJoong de repartir de zéro en s'installant à Londres. Je venais de finir le lycée et après une journée d'intense réflexions, j'ai accepté de les suivre à l'autre bout du monde, à condition que HyukJae puisse venir également. JaeJoong et lui n'étaient pas super enchantés au départ mais ils continuent de faire des efforts et je leur en suis vraiment reconnaissant.

Mon père est devenu comptable dans une petite entreprise familiale ici à Londres. Nous avons découvert que JaeJoong est un artiste plutôt populaire en Europe, même si je ne comprendrai jamais ses ''œuvres'' : elles ressembleront toujours à des formes colorées enfantines pour moi. Il a aussi écrit plusieurs pièces de théâtre même si seulement une a été réellement jouée devant un public. Je n'ai pas compris le sens de sa pièce mais elle m'a bien fait rire tellement elle était ridicule. Je n'en suis pas encore sûr et certain mais je pense que mon père va lui demander de l'épouser dans les semaines qui viennent.

HyukJae et moi sommes à l'université maintenant. Lui en physique-chimie et moi en lettres. On a fait beaucoup de progrès en Anglais même si nous parlons dans notre langue maternelle dès qu'on le peut. On est en train de chercher un petit loft sympa pour pouvoir emménager à deux. Pas que Nono et Bijou nous dérangent mais on se sent prêts à prendre notre envol vers notre propre nid, sans parents autour de nous.

Je n'ai pas revu ma mère depuis ce jour au tribunal. Lors de notre départ officiel de la maison familiale, elle était absente. Et je crois que c'était mieux comme ça pour tout le monde. Ce n'est pas comme si nous nous étions retrouvés à la rue mon père et moi de toute façon. Est-ce qu'elle me manque ? J'aimerai dire que non, que je ne pense jamais à elle. Parfois, j'essaye d'imaginer ce qu'elle est en train de faire, si elle s'est remariée avec un riche de son entourage ou si, par hasard, ça lui arrive de penser à nous. Puis je me traite mentalement d'idiot en me rappelant qu'elle « n'a pas d'enfant ». Et parfois, il m'arrive de pleurer silencieusement, mais si je vérifie toujours avant si HyukJae dort profondément avant de me laisser aller. Parce que oui, elle me manque et que je n'arrive pas à me convaincre que je n'ai pas de mère.

Mais la vie continue, pas vrai ?

_ T'es prêt, mon ange ?

Je sors de mes pensées et me tourne vers HyukJae qui me tend ma veste. Je l'enfile rapidement en lui souriant, remarquant que mon père est déjà parti rejoindre JaeJoong quelque part dans la maison.

_ On s'en va, bonne nuit ! Je crie, sur le pas de la porte.

_ Amusez-vous bien mes poussins ! Répond JaeJoong, sûrement de son atelier.

Je suis mon petit ami à l'extérieur, claquant la porte derrière moi et nous voilà partis pour une soirée en amoureux. Nos pieds parcourent les trottoirs humides des restes de la pluie d'aujourd'hui et nous avançons main dans la main, sans personne pour nous juger ni nous traiter de monstre.

Et jamais je ne pourrais rêver d'une vie plus simple et plus belle que celle que j'ai désormais, auprès des personnes que j'aime et qui m'aiment.