Ch. 6: Confessions

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« J'attendais des assassins, dit Burt Throgall, et je trouve rien qu'des idiots en train de se chamailler. Qu'est-ce que vous voulez faire ici ?

— Burt, nous venons en paix, pour te parler, dit Horrik en faisant un pas.

— Reste où tu es, Horrik Derwood, cria Burt. Cause si tu veux, mais bouge pas d'un pied, ou je te saigne comme un bestiau à viande.

Je pris alors la parole :

« Vous n'avez rien à craindre de nous, nous venons simplement vous demander votre aide.

— Toi la pucelle je te reconnais, et je t'avais déjà dit de plus revenir là. Je t'avais mis en garde, t'as oublié ?

Horrik tenta une autre approche :

« Nous pouvons vous offrir protection. Des pendards cherchent en ce moment à vous abattre, pour couvrir leurs traces.

— Ouais, j'en ai déjà buté un dans les couloirs, je suis prêt à buter les autres quand ils viendront. Vous embêtez pas pour moi. Maintenant cassez-vous.

— Vous pouvez repousser vague après vague ces assassins qui viennent à vous, jusqu'à ce qu'ils vous tuent, ou jusqu'à ce que vous mourriez de maladie ou d'ennui dans ces tunnels. Nous, nous vous proposons de vous aider à éventrer cette confrérie d'assassins. Vous avez tout à y gagner.

Horrik avait touché juste. Burt ne répondit rien pendant un moment, comme s'il considérait la situation, puis il dit :

« Ok. Mais alors passez devant, sans geste brusque. »

Burt Throgall, nous tenant toujours en joue, nous conduisit à son repaire. Il nous ordonna de déposer nos armes et notre lampe à huile dans un coin de la pièce, puis il nous fit nous assoir sur le banc.

« Alors, c'est quoi que vous voulez savoir ? » demanda-t-il.

Horrik lui demanda alors de nous raconter qui était la personne qui lui avait demandé de commettre un assassinat, le poussant à fuir.

« C'est le Grand Prêtre de Nérull, qu'est venu me voir. Je m'y attendais depuis un bail. Chaque fois qu'il a un mort, vous mouillez vos culottes en disant qui c'est le prochain à se faire tuer ? Nous, on se fait dessus aussi, comme vous. Mais en nous demandant : Qui c'est le prochain chargé de tuer un copain ? Moi, j'ai dû attendre jusqu'à la fin de l'année. Je peux vous dire que je flippais. Je me demandais quand ça allait arriver. Je me disais qu'avec un peu de chance ils m'avaient oublié, que j'étais passé entre les mailles du filet, ou bien qu'ils s'étaient dit qu'avec moi c'était pas la peine, que j'étais un raté de toute façon, qu'il valait pas tuer un autre élève meilleur que moi juste pour adouber un vaurien, un pas fini comme moi. Mais voilà, c'est quand même arrivé. Je peux pas vous dire si j'étais rassuré ou pas. D'un côté ça rassure d'être traité comme tout le monde, d'être pas différent des autres, du coup je voyais qu'ils m'avaient pas oublié, que moi aussi j'allais être diplômé ; et faire mon baluchon pour aller me faire pendre ailleurs qu'ici. Je me disais que j'allais trouver un travail honnête. Dès le début je voulais être marin, moi, je voulais prendre la mer loin d'ici, mais bon, le gars qui a empoisonné mon père pour pouvoir sauter ma pauvre mère avait d'autres plans pour moi, il a pu avoir une bourse pour me faire entrer dans cette école. Il commençait à faire des enfants à ma mère alors il voulait m'éloigner d'eux, il voulait pas que ce soit moi l'aîné qui reprenne ses affaires d'escroc. S'il avait écouté ce que je voulais faire de ma vie, il m'aurait pas fait de misère parce que bon, si j'aurais été marin, ben je serais parti loin de là et je lui aurait foutu la paix, à lui et à ses mioches. Bon du coup il a pu me faire entrer gratis, je crois qu'il a juste dû envoyer ma mère sucer une ou deux queues chez les profs de l'école, et voilà, j'étais accepté. S'il avait eu envie il aurait pu payer juste le prix pour me faire assassiner, avec ces conneries d'Espion d'Iriaebor, mais bon, il avait déjà bu tout le magot de mon père, alors il aurait dû piocher dans son argent à lui, et il voulait pas. Il avait tort, parce que s'il me fait pas buter, le jour où je sors d'ici je vais l'égorger. Ça fera plaisir à ma mère au fond d'elle. Et tant pis pour la portée de bâtards que je vais priver de père. Un père comme ça, c'est pas un cadeau, de toute façon. Je me dis qu'après avec ma mère on pourra se construire une maison loin de la ville et de ses bourgeois. Ou bien on pourra aller vivre chez ma tante. C'est ma tante Herbette, celle qui m'a appris à jouer de mon flûtiau. » Il sortit sa flûte d'une de ses poches, pour nous la montrer. Puis il dit : « On parlait de quoi avant ça ?

La Duchesse de Prudetour, ou le récit initiatique d'une femme de chambreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant