Horrik Derwood, pendant tout l'affrontement, avait trépigné. Il bouillait d'intervenir, et j'avais dû lui attraper la jambe pour lui faire comprendre qu'il lui fallait se contenir. Maintenant que Burt Throgall gisait sur le sol, Horrik n'était plus agité par le désir de lui venir en aide, mais de le venger.
En voyant depuis notre cachette le Maître d'Armes inspecter la salle, puis s'approcher de nous, j'essayais de ne plus respirer, pour ne pas être entendue. J'espérais que le Maître d'Armes abandonne et quitte la salle sans nous avoir trouvé. Mais Horrik n'avait pas le même tempérament que moi. Il ne pouvait résister à l'idée de faire son devoir, dès l'instant qu'il y avait des femmes ou des enfants à protéger. Alors, mû par quelque idéal galant, il sortit soudain de notre cachette, se leva, et fit face au Maître d'Armes : « C'est moi, Monsieur. »
Le Maître d'Armes s'arrêta, et le dévisagea. Ses traits se détendirent :
« Horrik Derwood, je ne m'attendais pas à vous trouver ici. Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes plus vu. Comment se passent vos études, en cycle d'approfondissement ?
— Très bien, monsieur, grâce à vos enseignements. Mes nouveaux professeurs sont très satisfaits de moi.
— Qu'étudiez-vous exactement ?
— La science des armes, comme vous vous en doutez sûrement, mais aussi la théologie, la stratégie militaire, ainsi qu'un peu d'art de la magie.
— Fort bien. Combien d'années dureront vos études ?
— Encore trois années, après celle-ci.
— Vous envisagez de servir chez les Manteaux Rouges de Padhiver, j'imagine ? Le capitaine du régiment est l'un de mes anciens élèves.
— Cela serait un honneur, et cela rendrait certainement mon père fier de son fils unique, mais ce n'est pas la voie que j'envisage. Servir comme lieutenant de la garde du Grand Prêtre d'Héronéus serait aussi pour moi un grand privilège, et c'est un grade que ma famille peut certainement m'obtenir.
— De bien saintes ambitions, et je vous en félicite. Je me souviens de vous à votre arrivée ici : un jeune garçon fougueux à qui aucun adversaire ne suffisait jamais, qui aimait se battre seul contre tous, pourvu que ce soit contre des hommes. Les femmes, vous refusiez de lever l'arme contre elles, et vous aviez même pour elles d'autres dessins, si j'en crois certains bruits de couloirs.
— J'ai commis quelques erreurs de jeunesse avec le sexe faible en effet lors de mes premières années. Mais j'ai beaucoup grandi en sagesse, autant qu'en force. Vous plairait-il de constater mes progrès par vous-même ?
Horrik, en posant cette question, se mit en garde, son épée pointant droit devant lui vers le Maître d'Armes, qui dit : « Ma foi... Cela fait près de deux ans que je ne me suis pas battu avec vous, je crois. ».
Ils s'échangèrent quelques passes d'armes. Après quelques coups, le Maître d'Armes remarqua :
« Je vous félicite pour votre défense, elle a gagné en assurance et en stabilité. Autrefois, défendre votre flanc gauche vous conduisait systématiquement à exposer le droit, une erreur que vous ne faites plus.
— Merci, monsieur. »
Ils croisèrent le fer encore quelques instants.
« Veuillez faire attention à vos attaques verticales, dit le Maître d'Armes. Si vous les menez ainsi, vous ouvrez des failles au niveau de votre torse. J'aurai pu vous tuer, mon garçon.
— Si vous le permettez, Monsieur, je vous prie d'essayer. »
Horrik exécuta à nouveau son attaque, lente et puissante, qui laissait le temps au Maître d'Armes d'attaquer au torse. Mais Horrik l'attendait, et n'eut qu'un geste simple à faire pour asséner du pommeau de son épée un coup sur l'avant-bras du Maître d'Armes, pour dévier son attaque et engourdir son épaule.
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La Duchesse de Prudetour, ou le récit initiatique d'une femme de chambre
FantasíaL'histoire suit une petite fille vivant dans un monde de médiéval-fantasy, envoyée malgré elle dans une école militaire. Elle aura trois ans pour y résoudre le mystère qui tourne autour de l'Espion d'Iriaebor, et mettre fin à ses agissements macabre...