Bonsoir,
Vis ta jeunesse, fille, file.
Aime, pleure, crie, exècre, jette, laisse couler des traînées noires sur tes joues, que le mascara y dessine ta tristesse, qu'elle rebondisse sur ta peau pleine et s'évapore au soleil.
Vis ta jeunesse, Marie, vis.
Parfume-toi à l'amour, concentre-toi sur ta crème solaire avant de multiplier les anti-rides, hurle à effrayer les oiseaux, embrasse la, embrasse le, embrasse les. Expérimente.
Vis ta jeunesse, garçon !
Applique donc ton vernis, fais la tourner, échangez vos rouges à lèvres, votre salive et vos bandes dessinées. Scelle votre histoire sur le tronc du chêne. Assume ta personnalité.
Vis ta jeunesse, Samy, prie.
Loue pour le monde, joins tes mains pour la postérité, chante pour l'amour de l'humanité et Samy, affiche ta foi en l'Homme, accueille la haine avec sérénité et tends lui l'autre joue pour l'effrayer.
Vis ta jeunesse, vas-y
Fume ton joint en refaisant le monde, vois tout flou avant ta presbytie. Décolore tes cheveux avant d'les avoir argentés. Exhibe tes poils avant de les perdre sans cire. Saoule toi avant d'être soûlé. Et libère ta sincérité avant d'avoir décuvé.
Oui,
Laissons-les être jeunes à leur tour sans chercher à tout comprendre, laissons-les poursuivre des rêves impossibles, se frotter aux désillusions et se casser la gueule, et se bourrer la gueule pour noyer leurs idées noires et vomir le surplus du toxique qui bouche leurs cavités gastriques puis un peu de ce dégoût d'eux-même qui parasite leur âme.
Laissons-les manger. Manger du sucré-salé, du gras, du cramé, du bio assaisonné à des trucs dangereux pour la santé, des hamburgers à tout recracher et laissez-les fumer pour partir en fumée et pour se consumer d'avoir consommé.
Laissons-les tomber amoureux pour se faire briser. Et laissons-les aimer des âmes. Indépendamment d'un genre, indépendamment d'un style. Laissons-les bousiller leurs chaussures en frottant leurs semelles sur le bitume et en écrasant des mégots, laissons-les froisser leurs vêtements en les jetant au sol. Et laissons-les goûter des lèvres pour tester du doux. Et laissons-les maquiller les leurs pour marquer des cous.
Laissons-les dépenser leur argent pour des futilités, étouffer leurs talents pour se rebeller et manifester juste pour justifier leurs cris. Laissons-les courir pour tenter de s'enfuir. Laissons-les tomber, se relever, s'écorcher, s'affaler.
Et ne les aidez pas à panser leurs blessures, on s'y fait à l'usure.
Au fond, la vie ça s'expérimente et rien n'est plus tentant que ce qu'on nous interdit.
Laissons-les se perdre pour mieux se retrouver, sortir des paradoxes pour refléter leurs pensées et surgir de l'ombre pour paraître éclairés.
02-05.18
bises pleines d'amour
Nin'
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Ruminations
Non-FictionRumination. Nom féminin. Larousse.fr dit : (Littéraire.) Action de ruminer sans fin une idée, un sentiment dans son esprit. Bref, quand l'esprit ne suffit plus à ces ruminations envahissantes, quoi de mieux que de les coucher sur papier ? Rien.