J'ai compris Margaux pourquoi les lieux nous rendent nostalgiques, pourquoi on s'organise des pèlerinages aux prétendues fins thérapeutiques. Tu sais Margaux, l'endroit qui nous a vu grandir, lui, il ne change pas. On avance, on trace notre route, on suit notre chemin, on change Margaux, on se promet amitié éternelle, on s'oublie pour chérir d'autres amis et on se retrouve le temps d'un message à une date symbolique pour ressasser deux souvenirs et échanger trois banalités.
Alors tu vois Margaux, lorsque je passe devant ces lieux familiers et que je les retrouve inchangés, qu'ils m'apparaissent tels que mes souvenirs me les restituent, et bien tandis que se dessinent dans le paysage nos silhouettes enfantines aux sourires rêveurs et aux regards insouciants, je soupire.
On a grandi, on a changé, on s'est perdues mais quand le hasard de la vie nous amène à nous croiser et que tes orbes bleues accrochent les miennes, j'y retrouve l'éclat de l'amitié de l'enfance, les rêves trop grands pour nos corps frêles et l'espoir qui nous donnait des ailes.
On s'est vaguement retrouvées.
Regarde Margaux comme il est beau le monde avec tous ces souvenirs qui embaument l'air présent. Je suis devant l'école, je peux presque entendre nos rires plein de couleurs. Il y a mon béguin de jeunesse, il y a tous les autres et on s'amuse de la douceur de l'existence sans se rendre compte du pouvoir du temps. Ce n'est pas encore l'heure.
On joue comme on devrait toujours pouvoir le faire parce que tu sais Margaux, les seuls qui savent vivre entièrement, ceux qui saisissent la plénitude du concept, ce sont les enfants. Et nous, nous qui ne le sont plus désormais, lorsqu'on s'arrête face à un hameau de souvenirs, on s'aperçoit, apaisés, que les lieux à l'évolution moins pressée que les êtres rassurent nos figures d'angoissés.
On ne revivra jamais l'enfance par procuration mais en s'immisçant dans le paysage de notre jeunesse Margaux, on se permet d'y songer avec une once d'espoir empruntée aux jeunes versions de nous-même.
Et tant que l'espoir persiste, la vie s'expose.
Et si la vie est là c'est que ce n'est pas encore l'heure.
21.9.18
Je sais pas vraiment si c'est un beau texte, j'arrive plus trop à m'évaluer objectivement (est-ce vraiment possible de s'évaluer sans faire parler sa subjectivité ? J'suis dopée à la nostalgie, inspirée par la mélancolie et le caractère fascinant qui émane des beaux jeunes souvenirs. Alors, j'vous retrouve encore pour un texte teinté d'espérance et de souvenirs adressé à une amie d'enfance parce que le personnage même de la pote d'enfance transfigure tout le message du segment.
Bisous xx
NIN
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Ruminations
Non-ficțiuneRumination. Nom féminin. Larousse.fr dit : (Littéraire.) Action de ruminer sans fin une idée, un sentiment dans son esprit. Bref, quand l'esprit ne suffit plus à ces ruminations envahissantes, quoi de mieux que de les coucher sur papier ? Rien.