Chapitre 5 : Onyx

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    Je sentis une présence réconfortante à côté de moi avant même d'ouvrir les yeux. C'était la première fois que la chaleur me procurait autant de plaisir, moi qui haïssait le soleil d'ordinaire. Des bras me serraient avec douceur et tendresse, et je me sentis heureux.

    Je n'étais pas seulement bien, comme lorsque j'étais sous l'eau. Cette fois, non seulement mon esprit mais aussi mon corps étaient apaisés, et je m'abandonnais sans aucune peur à cette douce étreinte.

    Finalement, j'ouvris lentement les paupières. Devant mes yeux dansaient des tâches mouvantes et lumineuses. Encore à moitié endormi, je ne reconnus pas immédiatement ce que c'était...

    Du feu !

    Mon coeur rata un battement et mes yeux s'écarquillèrent. Du feu ! Le pire cauchemar d'un NightMar !

    Terrifié, j'eus un brusque mouvement de recul et me cognai à quelque chose de dur. Un "Ouch !" étouffé résonna derrière moi. En panique, je tournai la tête.

    L'inconnu se tenait juste derrière moi, se frottant le menton en grimaçant. Aussitôt, je bredouillai :

    - Oh, j-je suis désolé, est-ce que ça va ?

    - Ce n'est rien, j'ai l'habitude.

    Je tournai craintivement les yeux vers les flammes. C'était un simple feu de camp inoffensif, à côté duquel mes habits séchaient, étendus sur des pierres. Je m'en voulus d'avoir paniqué ainsi.

    - Tu n'as plus froid ?

    L'inconnu me sourit gentiment malgré son ton assez sec. Je hochai timidement la tête, intimidé, avant de me rendre compte que ses bras enserraient ma taille et que j'étais blotti contre son torse.

    Je dus devenir rouge pivoine car mes joues me brûlèrent soudainement, et je me dégageai légèrement par réflexe. Mon embarras redoubla lorsque je m'aperçus qu'il était torse nu, m'ayant couvert de son haut. Je me mis à bredouiller des mots sans suite, incapable de finir la moindre phrase sans bégayer.

     Ce fut lui qui m'interrompit pour planter ses yeux dans les miens et me demander d'un ton sec :

    - Pourquoi tu es resté aussi longtemps sous l'eau ? Tu voulais mourir, ou quoi ?

    J'entendis à moitié sa question, transpercé par son regard. Ses yeux ressemblaient à des braises prêtes à s'enflammer au moindre courant d'air, brûlaient d'un feu aussi chaleureux qu'il pouvait être destructeur. Son regard avait la solidité de la pierre, la douceur de la terre et l'énergie imprévisible des flammes. Cloué sur place, je déglutis difficilement avant de répondre à sa question d'un ton hésitant.

    - Je... je ne sais pas. J'étais bien, je crois.

    A ces mots, ses yeux scintillèrent brusquement, s'illuminant d'un éclair dangereux.

    - Tu étais bien ? Tu te rends compte de ce que tu as fait ? Tu aurais pu mourir ! Ou alors, tu voulais te suicider ? Mais qu'est ce qui t'es passé par la tête ?

    J'aurais pu mourir... Je baissai les yeux comme un enfant pris en faute. J'aurais pu mourir... Je ne m'en étais pas rendu compte. Je me sentais si bien, dans l'eau... J'avais juste voulu avoir un moment à moi, où j'étais heureux. Un moment où j'avais l'impression d'être important, où je me sentais vivant... Non, je ne voulais certainement pas mourir !

    Le regard accusateur de l'inconnu me transperçait toujours, comme si ses yeux voulaient embraser mon âme. Je le sentais même sans le voir, il me brûlait le front et me rendait étrangement honteux. L'émotion, la peur, ce regard, tout se mélangea en moi et les larmes me vinrent aux yeux.

    Aussitôt, la voix du jeune homme s'adoucit et il s'approcha de moi avec précaution, comme d'un animal sauvage.

    - Oh, je... je suis désolé, je ne voulais pas... j'ai eu peur pour toi, tu comprends... je suis un peu brusque parfois, ne m'en veux pas...

    Il posa doucement sa main sur mon épaule et un frisson irrépressible me parcourut.

    - Je m'appelle Onyx, murmura-t-il en plongeant son regard dans le mien. Je suis un loup-garou et je viens juste d'arriver dans cette forêt. Et toi, qui es-tu ?

    Troublé par sa soudaine douceur, j'essuyai mes larmes avant de répondre faiblement :

    - N-Naos...

    - Naos...

    Je rougis en l'entendant murmurer mon prénom avec tant de douceur. Une sensation étrange naissait peu à peu dans mon ventre au son de sa voix, et cela ne m'était pas désagréable.

    - C'est le nom d'une étoile, n'est ce pas ?

    Je hochai la tête. J'aimais ce prénom, discret et poétique, que ma mère avait choisi pour moi. Elle m'avait appris à reconnaître l'astre qui m'avait donné son nom, et je le contemplais souvent lorsque je ne me sentais pas bien.

    Onyx sourit, et ses yeux bruns s'illuminèrent d'un éclat chaleureux.

    - Ça te va bien.

    - Merci...

    Je souris à mon tour, touché par le compliment, et fixai timidement mes pieds. J'avais du mal à soutenir l'intensité de son regard, qui m'impressionnait.

    - Tu veux que je te raccompagne chez toi ? proposa doucement Onyx. Montre-moi le chemin.

    Je secouai la tête, gêné.

    - Non, non, c'est bon, merci. Je peux rentrer seul.

    Je me levai difficilement. Le loup-garou me fixa d'un regard pénétrant mais je détournai les yeux et lâchai un petit :

    - M-Merci pour tout...

    Puis je m'avançai lentement sur le chemin qui menait à ma maison, le cœur battant plus fort qu'à l'ordinaire.

Les Origines : Naos, fils de l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant