Cela fait une heure qu'on nous a installés, il est 10h. Je n'ai encore parlé à personne, je me suis contentée de rester dans un coin, assise au bout d'un des canapés. Je réalise à peine ce qui m'arrive.
Je baisse les yeux, et remarque un bleu sur mon avant-bras. Je mets ma main sur les marques. Vu la symétrie parfaite, c'est l'homme qui m'a trainée jusqu'à la camionnette hier soir. Cinq marques violacées entourent mon avant-bras. Super, j'en ai pour une semaine, si ce n'est plus.On sait tous que pour gagner le Sex Game, il nous faudra former des couples attachants, fusionnels et explicites.
La porte principale, grande baie vitrée, s'ouvre sur des hommes chargés de grandes caisses de bois.-Livraison de vêtements et serviettes de bains, nous annoncent-ils.
Ils posent les boîtes puis repartent. Il y a beaucoup de boites. Sur chacune d'elles est écrit un prénom. Déjà, tous se ruent dessus et les ouvrent. Une blonde qui souriait sur la photo rigole de bon cœur avec une petite brune en fouillant parmi les tissus. Une fois qu'il y a moins de monde, je les rejoins et ouvre la boîte à mon nom, puis m'empare du minimum nécessaire pour prendre une douche: savon, dentifrice vêtements propres, brosse à dent, brosse à cheveux, serviette.
Nous allons tous vers une salle de bain... commune. Il n'y a qu'un fin mur de bois qui sépare les femmes des hommes. C'est comme les douches d'un vestiaire, mais avec de purs inconnus, et dans la même pièce que le sexe opposé. Ce n'est franchement pas rassurant. Ils sont peu à se déshabiller sans gène. Certains garçons -dieu merci pas tous- s'empresse même de tout quitter. Je détourne les yeux. Ils sont loin d'être laids, mais leurs regards insistants sur les filles me donnent la nausée. On est tous des putains de bouts de viandes, c'est clair.
Trop sale pour pouvoir me passer de cette douche, je quitte mes chaussures, puis mon haut et mon bas. Je garde seulement mes sous-vêtements. Faut pas abuser. Seules quelques personnes lancent des regards en biais. Certains ne se résignent pas à se laver et partent, trop pudiques.
Une fois propre, je rejoins la salle principale, où se trouve une grande télé. Contrairement à tout à l'heure, elle est allumée sur un écran rouge. Il y a quatre canapés, je m'assoie sur le plus proche. Peu à peu, les autres arrivent et s'éparpillent dans la salle. Alors que j'inspecte encore les visages des uns et des autres, une voix émanant de la télé traverse l'espace.-Bonjour à tous. Je suis Escape. Je vous accompagnerai durant tout votre séjour ici. Vous sont accordées sept heures pour faire connaissance. Après cela, à 18h, les caméras filmeront et diffuseront chaque jour les images les plus pertinentes enregistrées. Comme vous le savez, les téléspectateurs choisiront dans une semaine qui ils veulent garder en liste. Alors, un conseil, formez vite vos liens, ils voteront pour leurs favoris. En espérant que le séjour vous sera agréable.
Le silence règne. Ça y est, ça commence. Sept heures, c'est le temps qu'on nous laisse en ayant un peu d'intimité. Enfin, par "un peu d'intimité", j'entends surtout que ce sont nos derniers moments non filmés. A partir de 18h, tous nos faits et gestes seront enregistrés, analysés, puis retransmis et expliqués à la télé. Beaucoup parlent déjà entre eux. Moi, je reste là. Que diable pourrais-je dire aux autres ? "Eh ! Salut ! Moi c'est Lyna ! Toi et moi on va sans-doute mourir d'ici peu alors ça te dit qu'on devienne potes ?? J'ai aucune idée de ce que je fous ici, je vais probablement sortir la première. Du coup tranquille, on se retrouve en enfer ?". Pitoyable. Et ce n'est pas ce que la prod veut. Elle, ce qu'elle espère, c'est que des couples se forment déjà aujourd'hui, et de préférence devant une caméra.
Je suis dans mes pensées, quand je sens une présence à ma gauche. Je lève les yeux et découvre une petite brune. Elle a l'air aussi perdue que moi.
-Ils semblent tous heureux d'être là... dit-elle sans vraiment attendre que je lui réponde.
-Je les envie, avoué-je.
VOUS LISEZ
Sex game - Plus qu'un jeu
Ficção AdolescenteUne télé-réalité où le sexe dirige et d'où on ne peut sortir vivant. Au départ, vingt participants tirés au sort, ayant entre dix-huit et vingt-cinq ans. Dix hommes, dix femmes, dix couples, deux gagnants, dix-huit morts. Le but, être aimé des télés...