Je le savais: je n'arrive pas à dormir. J'ai la tête remplie de pensées parasites qui n'ont de cesse de m'intoxiquer l'esprit. Je n'arrive pas à éteindre mon cerveau. Je pense trop à Killian. Il a pleuré longtemps, avant qu'on aille se coucher. Je ne savais tellement pas comment réagir. Ça doit être si atroce d'être dans sa situation... Depuis, je me demande où peut bien être sa mère. Est-ce qu'elle est enfermée quelque part ? Est-ce qu'ils l'ont tuée ? Ça m'étonnerait. On ne tue pas les gens parce qu'ils essaient de protéger leur enfant, si ? Ah, désolée, j'avais oublié l'endroit où je me trouve; ici, on est tué pour moins que ça, juste parce qu'un idiot nous a tiré au sort parmi tous les gens de la tranche d'âge dix-huit vingt-cinq ans du pays.
Épuisée de ne pas parvenir à dormir, je me tourne sur le dos en soupirant. Combien de temps est passé depuis qu'on est venu se coucher ? J'ai l'impression que ça fait des heures. Des heures que je reste là, les yeux obstinément clos, à chercher le sommeil. Mais que rien ne vient.-Je veux essayer...
Je sursaute.
-Merde, tu m'as fait peur, Killian !
Il ne répond pas. À quoi il joue ?
-Tu dis toujours non...
Ça ressemble plus à un marmonnement qu'à des mots, mais je comprends à peu près. Est-ce que je rêve, ou il est en train de parler dans son sommeil ?
-S'il te plaît...
C'est sûr, il dort encore. Je me demande de quoi il rêve. Je m'appuie sur mon coude est me penche un peu sur lui, pour mieux entendre.
-Juste une fois...
Il est tellement mignon. Il a une petite voix toute ensommeillée et rauque, et ses sourcils sont froncés.
-Je veux juste...
C'est à la fois adorable et perturbant. Perturbant parce que je n'ai aucune idée de quoi il parle. Entre deux morceaux de phrase, il lâche de légers soupirs. J'ai les yeux fixés sur ses lèvres, désireuse de comprendre le charabia qui s'en échappe. S'il se réveille et me voit penchée sur lui à le reluquer, il risque vraiment de partir en courant. Mais il a l'air profondément endormi, et la tentation était trop forte. Alors que je pense qu'il ne dira plus rien, et même si je reste sur ma faim, je commence à m'éloigner. Mais visiblement, il n'en a pas encore fini.
-Amélia...
Cette fois, c'est moi qui fronce les sourcils. C'est qui, cette "Amélia", d'abord ? Pourquoi est-ce qu'il murmure son prénom en dormant ? Est-ce qu'il fait souvent ça ?
Décidément, je ne dormirai pas de sitôt. En râlant, je me défais des draps et attrape quelques vêtements, puis je file dans la salle de bain. Je décide qu'une douche me fera le plus grand bien. D'habitude, j'essaie d'éviter que Killian soit dans le coin quand je me lave: il n'y a pas vraiment de porte. On passe de la chambre à la salle de bain par une sorte de séparation de la forme d'une porte qui débouche, à droite, sur une baignoire, et à gauche, sur une cabine de douche. Pas pudeur, je préfère donc quand il n'est pas là. Mais pour l'instant, il dort, alors je suppose que ça ne devrait pas poser problème. Je vérifie une dernière fois que je n'oublie rien, puis je sors d'abord mes bandes de cires. C'est dingue, mais dès que je commence à apercevoir un semblant de pilosité sur ma peau, je me sens obligée d'y remédier. En faisant le maximum pour rester silencieuse, je m'emploie donc à cette tâche aussi nécessaire que désagréable.
La douche me fait un bien fou. J'adore sa chaleur. J'aime sentir ma peau s'adapter doucement à la température beaucoup trop haute. Je sais que de l'eau trop chaude est mauvaise, mais ça fait tellement de bien... Une fois sortie, je me sens évidemment propre, un sentiment toujours aussi agréable, bien que je le ressente tous les jours. Je n'en suis que plus réveillée, mais tant pis.
Si Killian dort encore, cela ne va pas durer: si je ne veux pas avoir des noeuds et l'air de sortir tout droit d'un asile, je vais devoir me sécher les cheveux. Au sèche-cheveux, donc. Ceux qui sont mis à notre disposition sont décrits comme étant "silencieux" et sans fil, mais il n'empêche que ça fait un peu de bruit. Suffisamment pour réveiller le Ronflex qui sommeille derrière le mur.
Quelle heure est-il, d'ailleurs ? Je n'ai même pas regardé. Foutue pour foutue, j'allume le petit appareil qui démarre excessivement vite, et me sèche donc la tignasse, la tête en bas bien sûr. Il fait plus de bruit que ce à quoi je m'attendais... dans mes souvenirs, il était vraiment plus discret. En cinq minutes, l'affaire est réglée. Quelques coups de brosse plus tard, je retourne dans la chambre, où je remarque immédiatement que Killian n'a pas bougé d'un pouce. Je m'approche du lit, et il est clair qu'il dort comme un loir. Ce gars est vraiment pas croyable. Comment fait-il pour dormir si bien après cette journée ?
Toujours pas décidée à dormir, je m'empare de l'ordinateur bas-marché et des écouteurs à fils qui sont posés sur le fauteuil, là où les laisse toujours Killian. Je mets évidemment un moment à démêler ces foutus écouteurs. Ces machins se font rares, je ne savais même pas qu'on en vendait encore. Ça fait... quoi, cinquante ans, que plus personne n'en a ? Les sans-fils sont tellement plus pratiques. Je me demande comment ils faisaient, avant. Enfin bon, je suppose que je vais devoir m'en contenter. C'est déjà pas mal, n'est-ce pas ?
Après que l'ordinateur ait mis un temps fou à s'allumer, et que j'aie activé le mode "regard", grâce auquel mes yeux remplacent l'ancienne "souris", je vais directement sur BTW, ce fameux site sur lequel on peut avoir accès à n'importe quelle vidéo se trouvant sur internet, que ça soit des films amateurs ou de cinéma. Tout est là. À part bien sûr ce qui a été publié après le début de cette saison de Sex Game. Je me sers du clavier aux touches tactiles, pour taper le nom d'un film qui était sur ma "liste de trucs à voir". Les deux heures qui suivent, je les passe donc devant l'œuvre. Quoique, peut-être un peu moins...
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Sex game - Plus qu'un jeu
Ficção AdolescenteUne télé-réalité où le sexe dirige et d'où on ne peut sortir vivant. Au départ, vingt participants tirés au sort, ayant entre dix-huit et vingt-cinq ans. Dix hommes, dix femmes, dix couples, deux gagnants, dix-huit morts. Le but, être aimé des télés...