Chapitre 39: Je reviens

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C'est avec une lenteur mesurée que son index se faufile entre mes chairs, et je retiens ma respiration dans une grimace. C'est une sensation étrange, et pas très agréable. En fait, ça fait un peu mal. Je clos mes paupières avec force. La voix de Killian me rappelle rapidement à l'ordre.

-Je t'ai dit de garder les yeux ouverts.

D'un côté, ça me fait mal, alors j'aimerais que ça s'arrête. Mais d'un autre, ça a encore attisé le feu qui me consume. J'obéis, ouvre mes yeux, et découvre les siens, rivés sur moi. Depuis qu'il est entré, son doigt n'a pas bougé, et je l'en remercie intérieurement, puisque la douleur s'est amoindrie, et va presque jusqu'à disparaître. Ce n'est pas une souffrance déchirante, mais tout de même... Je suppose qu'il faut le faire plusieurs fois pour que ça soit vraiment agréable. Enfin, qu'est-ce que j'en sais, finalement ?

-Ça va ?

Je hoche la tête pour le rassurer. Il fait de même, et quand il commence à bouger, cette fois, je ne quitte plus ses yeux. Et être honnête, c'est de plus en plus supportable. Je sens Killian devenir encore plus dur contre ma cuisse, et bizarrement, j'aime beaucoup ça. Son regard sur moi est plein de désir, ses mouvements sont doux, il ne va pas trop vite, et même si c'est encore assez gênant, j'aime assez le sentir. Puis, au fur et à mesure, la gêne disparaît, progressivement, et laisse place à du plaisir. C'est étrange, nouveau, délicieux. Je retenais ma respiration au début, en pensant réellement que ça ferait mieux passer la chose, mais mon souffle se débloque enfin. Je fais de mon mieux pour ne pas lâcher le regard de Killian, comme il me l'a demandé. Il penche la tête vers mon cou, puis y dépose ses lèvres. Si on me demandait de décrire la sensation de cette accumulation, j'en serais probablement incapable. Il n'y a pas de mot qui décrive ça. Un mélange d'adrénaline, de passion, et tout un tas d'autres choses qui font qu'il faut le ressentir pour le comprendre. Mais c'est divin. Mon brun sourit contre ma peau, assurément fier de l'effet qu'il a sur moi. En temps normal, je le réprimanderais sur ce sourire plein d'une suffisance non dissimulée. Mais pas maintenant. Plus tard, peut-être.

Au bout de quelques minutes, alors que je n'ai plus aucun contrôle ni sur ma respiration haletante, ni sur mes ongles qui agrippent la peau de Killian, je sens mes extrémités se mettre à trembloter. Je m'étais à peine rendue compte que ça ne fait plus mal du tout, désormais, et depuis déjà un moment. Je ne comprends toujours pas exactement ce qu'il fait, mais peu importe ce que c'est, Killian accélère. Mon dos se cambre un peu plus, mes yeux s'ouvrent un peu plus grand...

-Dis mon prénom...

Et soudain, l'euphorie. Un bien-être se répand dans tout mon corps au son de sa voix, et pendant un instant, c'est comme si toutes les sensations recueillies jusque là avaient été stockées en moi, et explosent désormais. Je me sens me resserrer autour de lui et sans même en être consciente, le prénom de Killian s'échappe d'entre mes lèvres dans un ultime gémissement. Ce sont ses lèvres contre mon oreille, sa voix chaude, son ton à la fois doux et autoritaire, qui ont achevé de déclencher mon orgasme. Je ne saurais dire combien de temps il dure, mais il est délicieux. Je n'ai jamais rien connu de tel.
Il retire son doigt et embrasse ma tempe, sans pour autant me quitter des yeux après ça. Killian retire sa jambe qui était placée entre les miennes, et s'appuie sur son coude pour me regarder. Je me tourne sur le côté en le regardant. La main qui vient de quitter mon intimité vient caresser ma joue du dos des doigts, et je n'ai aucune idée de comment je dois agir désormais.

-Tes joues sont toute rouges... sourit-il mielleusement. C'est adorable.

Mon coeur bat si fort, et ma peau est si chaude... je me rends compte avec peu d'étonnement que j'ai encore plus envie de lui, à présent.

-Maintenant, je comprends pourquoi on fait toute une histoire du sexe.

Merde, j'ai vraiment une voix bizarre. Je me sens devenir encore plus rouge. Plus il sourit, et plus j'ai l'impression que c'est effectivement le cas.

-C'est mieux que de le faire soi-même, pas vrai ?

Sa question me prend de court. Je pensais qu'il avait compris...

-Je... sais pas trop.

Son regard est interrogatif.

-Quand je te dis que j'ai rien fait... C'est vraiment rien.

Il hausse les sourcils.

-Rien du tout, insisté-je.

Cette fois, il fronce les sourcils. Mon cœur bat la chamade, je me sens ridicule.

-Tu t'es jamais touchée ?

Mon coeur bondit. Mon dieu, c'est gênant. Mais nécessaire, je suppose. Je dis "non", et il sourit.

-Comment t'as pu tenir tout ce temps ? dit-il en riant.

-Franchement ? Je commence à me le demander !

Je me marre avec lui, bien qu'une partie de moi est totalement consciente qu'au fond, c'est vrai: je me privais vraiment de quelque chose.

-Donc... c'était ton premier orgasme ?

Je hoche la tête, gênée à nouveau. Est-ce que j'aurais dû le lui dire ? Je considérais cette information futile... l'était-elle vraiment ?

-Oh... alors je suis heureux qu'il vienne de moi.

Sur ces mots, il se penche pour m'embrasser. Mes doigts glissent sur la peau douce et chaude de son cou. Je ne sais pas si c'est voulu ou non, mais le fait est que je sens à nouveau le contact dur de son membre sur ma cuisse. Instantanément, j'ai... j'ai envie de lui rendre la pareille. Mais est-ce que je saurais faire ? Rien n'est moins sûr... mais j'aimerais essayer. Alors que je me motive intérieurement à le lui proposer (de quelle manière, ça, c'est une autre histoire), quand il se détache de mes lèvres et commence à se lever.

-Je reviens dans quelques minutes. Si tu veux chercher un film pour qu'on le regarde, l'ordi est sous le lit...

Il affiche un de ses sourires tordus si craquants, et s'en va à la salle de bain. Et j'ai ma petite idée quant à ce qu'il compte y faire, même s'il ne me l'a aucunement dit. Un sentiment m'envahit. Ce n'est pas de la culpabilité, ni rien de ce genre. C'est différent. Je renfile ma culotte, mon t-shirt un peu petit pour moi, et, écoutant une pulsion que je n'explique pas, d'un pas d'abord timide, je le rejoins. Il n'y a pas de porte qui me sépare de la salle de bain, juste ce trou rectangulaire qui en a la forme dans le mur. À droite, les toilettes, à gauche, la salle de bain à proprement parlé. Je passe le pas de cette fausse porte, et tourne la tête vers la gauche, et m'y engage, lentement.

Moi aussi, j'en suis heureuse.

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