𝐍𝐚𝐦𝐢𝐫𝐚 - 𝐋'𝐚𝐧𝐠𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐭é𝐧è𝐛𝐫𝐞𝐬.

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N A M I R A
(en média)

Marché, Molenbeek.

10h00

Accoudée contre la vitrine à comptoir de mon stand, j'attendais un éventuel client tout en rêvassant.

Maman - Relève toi Namira !

Ma mère était derrière moi, elle rangeait les plats libanais qu'elle avait préparé à la maison. Tous les matins nous vendons nos plats sur ce marché, ma mère est tellement fière de faire découvrir nos spécialités aux clients du quartier malgré notre faible revenu.

Malgré le fait que je me sois redressée sous l'obligation de ma mère, j'étais repartie dans mes pensées. Je m'imaginais vraiment ailleurs, et pas entourée de nourriture durant le ramadan...

Une cliente me sortie soudainement de mes pensées, je ne l'avais jamais vue jusqu'à présent, c'était une dame d'environ cinquante ans.

Cliente - Salam Aleykum, je voudrais des kebbeh et deux chawarmas, s'il vous plaît.

J'ai attrapé une barquette avant de faire sa commande pendant que ma mère parlait avec elle. Ma mère est très sociable et bienveillante avec tout le monde malgré son fort caractère. Elles parlaient du ramadan, de la ville, de tout et de rien...

Au moment où je devais encaisser cette dame, il suffit d'une minute d'inattention pour que cela fasse basculer tout le cours de ma petite vie tellement calme et pleine de rêveries.

Moi - Ca vous fera huit euros cinquante.

Elle a sorti un billet de dix euros qu'elle me posa sur le comptoir. Ma mère s'est remise à ranger minutieusement ses plats pendant que je m'étais retournée pour attraper un sac plastique afin de le donner à la cliente. En lui refaisant face, le billet de dix euros avait disparu...

Moi - Huit euros cinquante, s'il vous plaît.

La cliente a regardé le comptoir, mais le billet avait disparu effectivement disparu.

Cliente - Je vous ai déjà payé.

J'ai regardé ma mère, je savais que ça allait nous causer problème. L'argent chez nous ne se néglige pas, malheureusement. Et c'est pour cela qu'en une dizaine de secondes, ma mère et la cliente se sont embrouillées. Le début de notre jeûne commençait bien...

Non loin de là, un garçon dans une voiture sur le parking d'en face avait regardé la scène du début à la fin. Il a daigné par sortir de sa voiture et nous rejoindre d'un pas déterminé. Il avait au moins la vingtaine, et avait des traits de ressemblance avec notre cliente.

L'homme - Anne (maman en turc), ne casse pas ton jeûne pour ça.

Il s'est abaissé et a récupéré quelque chose sous notre stand. C'était le billet de la dame. Il l'a jeté en fronçant les sourcils. Puis m'a dit.

L'homme - Avant de faire passer ma mère pour une voleuse, sois pas de mauvaise foi.

J'avais tellement honte, mais je n'ai rien dis en le laissant partir.