Chapitre 7

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Je descends les marches pour aller dans la cuisine. Mes jambes me font souffrir. Elles me brûlent, me tirent, elles m’empêchent de bouger correctement. Je crois que ce n’était pas le bon moment de prendre la résolution de ne plus emprunter l’ascenseur.

J’arrive dans la cuisine qui est totalement vide. C'est normal, il est 7h. Tout le monde va arriver dans une demi heure mais je serai déjà partie. Je profite de ma solitude, du seul moment de la journée ou je peux penser à voix haute, ou alors à écouter le bruit de la vie quotidienne. Comme cette tasse noire que je suis en train de remplir d’eau bouillante, le bruit du sachet de thé que je déplie, ou comme celui de ces petits paquets de gâteaux en plastique que j’ouvre. Ma solitude me manque. Passer deux ans toute seule et d’un coup passer ses journées avec huit autres personnes me change. Me retrouver toute seule le matin rend la journée moins oppressante.

Dix minutes plus tard, je suis dans les couloirs qui me mènent aux salles d’entraînement. Elles sont vident étant donné que les femmes de ménage passent le soir, et que les “cours” ne commencent qu'à 9h. J’ai donc une heure quarante cinq de tranquillité, de vide, de liberté où je peux me mouvoir et décider de ce que je veux faire. Ce n’est pas que je ne suis pas d’accord avec ce qu’ils me font faire, mais j’ai besoin de décider et d’avoir le contrôle sur quelque chose. Cela fait maintenant deux semaines que je suis ici. La première journée, j’ai fait tous mes combats. J'en étais ressortie perdante dans tous, le matin comme l’après midi à l'exception d’un, mais avec de bons jugements. Ils m’ont dit qu’il fallait que je m’entraîne et j’aurai un niveau qui va rapidement augmenter. C'est pour ça que je viens tous les matins plus tôt.

Je commence par quelques minutes de course, ensuite j’utilise toutes sortes de machines pour muscler mes bras, mes jambes, mes abdos etc. Et puis je passe au plus amusant. Au bout d’une heure, je me place en face d’un sac de frappe et je travaille mes coups que ce soit avec les poings, les pieds, les coudes et les genoux. Je teste un nouveau truc alors que Steve entre.

-Salut Aliénor.

-Salut Steve.

-Ça fait combien de temps que tu es là ?

-Je ne sais pas. Depuis les 7h15 environ.

-Les autres arrive. Ils seront là dans 5 minutes.

-Ok.

Je ramasse le gilet qui traine par terre que j'ai jeté au bout de quinze minutes et la bouteille d’eau. Ils arrivent un par un. On se dit bonjour puis on écoute Steve qui donne les équipes. On se met par trois et on travaille sur une compétence: deux s’affrontent et le troisième observe. On le fait chaque jour et j'aime ce système. Cela fait travailler tous nos sens, exercer notre mémoire grâce à nos erreurs. On apprend aussi à parer et à se protéger de chacun, pour gagner. Et comme chacun possède des compétences différentes, on s'entraîne avec plus de variations. Mais dans cette salle on apprend toujours à se battre. Les capacités de chacun, les dons, les pouvoirs ne sont pas utilisés. Un jour, j'ai demandé à Natasha si on les entraînait ces capacités là. Elle m’a dit que oui, que l’on y consacrait une semaine dans le mois, et que ça devrait être la semaine prochaine. J’étais rassurée parce que je ne voulais pas laisser tomber mes pouvoirs. C’est ce qui m’a donné envie de continuer à me battre et qui me fait fuir Hydra. Je risque ma vie pour ce don alors je ne vais pas le laisser tomber.

Mes relations ont aussi évolué. Je cherche toujours à découvrir le secret qu’ils ont l’air de tous connaître sauf moi et à savoir pourquoi ils me le cachent. Mais j’ai aussi appris à l’oublier un peu et de temps en temps je parviens à parler librement avec eux. Ils m’adoptent petit à petit dans leur grande famille, me donnant l’impression que j'ai de l’importance. Puis je me rappelle qu’ils me cachent quelque chose qui semble important, que jamais je n’aurai le droit à l’amour parce que ma vie est comme ça et que je n’ai toujours pas eu de cours pour exercer mon don. Alors je referme mes barrières.

PrisonnièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant