Chapitre 30

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J'avais passé la nuit au chevet d'Ezarel, mes yeux encore humides s'étaient collés entre eux. C'est comme si je n'avais pas dormit de la nuit, comme si aucune de mes heures de sommeil n'avait comptées. Je m'étais souvent réveillée, en sueur, priant pour que tout n'ai été qu'un rêve. Mais, le corps inconciant d'Ezarel sur le lit de l'infirmerie me ramenait rapidement à moi et ma dure réalité.

Il était 9 heures, ma main n'avait pas lâchée la sienne, et mes yeux regardaient sont visage, dans l'attente d'un moindre signe de vie.

Nevra : Salut ...

Nevra me sort de mes pensées, et glisse une main compatissante sur mes épaules.

Nevra : T'as passé la nuit ici, pas vrai ?

Je hoche simplement la tête en guise de réponse. Il tire une chaise à côté de moi, et s'installe en silence, comprenant sans doute que j'avais besoin de calme. Je voulais juste rester là, en silence, à attendre que mon copain se réveille.

C'est exactement comme si le monde entier ne tournait plus, que tout avait cessé de fonctionner, et que tout ne reprendrait son cours, qu'à la seconde ou ses paupières se soulèveront.

Eweleïn avait prévu son réveil pour ce matin, je n'avais pas pu m'empêcher de rester toute la nuit, au cas il se serait réveillé plus tôt. De toute façon, je n'aurais pas trouvé le sommeil en le sachant ici et dans cette état.

Je suis parfaitement consciente qu'Eweleïn est une infirmière brillante, que les méthodes de médecine d'Eldarya étaient nettement plus avancées que mon monde, mais rien de tout ça n'avait calmé mon esprit.

Au moment où une paupière d'Ezarel se soulève, mon sang ne fait qu'un tour, je me lève et une puissante décharge électrique s'empare de mon corps, manquant à mes jambes de lâcher.

Comme si mon corps avait été mort depuis le début, et qu'il reprenait seulement vie.

Je le laisse reprendre conscience du monde réel, retenant mon souffle, attendant une ultime preuve.

Ezarel : Vous en avez des têtes tous les deux !

Nevra : Content de te voir aussi mon vieux !

Toute la pression accumulée ces dernières heures retombent, mais je n'arrive pas me réjouir comme Nevra le fait maintenant. Des larmes de soulagements roulent simplement sur mes joues, je me cache le visage des deux mains, et me retourne pour me cacher de la vue d'Ezarel.

Nevra : Tu nous as fait une sacrée frayeur tu sais !

Ezarel : Que veux-tu, je sais me faire désirer.

Mais comment peuvent-ils rire de ça franchement ? J'ai envie d'en prendre un pour taper sur l'autre. J'aurais aimé leur dire quelque chose, mais la boule au creux de ma gorge m'en empêchait.

Comme si on venait enfin de remarquer ma présence, une main vient se poser au creux de mes reins, et un puissant coup d'électricité me parcours le corps. Je me retourne et vois le visage doux et de nouveau sérieux de mon elfe.

Nevra : Je vais y aller, on se revoit plus tard.

Ezarel lui répond juste d'un signe de tête, pour le remercier.

Ezarel : Viens là.

Sans ajouter un mot de plus, il se décale pour me laisser la place suffisante pour que je m'allonge contre lui.

Moi : Je te déteste !

Ezarel : Je sais, et je suis désolé ...

Moi : Comment tu peux en rire avec Nevra ! Tu peux me dire ce que j'aurais fait si tu y été resté ?

Ezarel : Mais je suis vivant, et je suis reconnaissant à Nevra d'être resté avec toi.

Moi : Je te déteste ...

Ezarel : Oui, tu l'as déjà dis ça !

Moi : Parce que je te déteste pour ce que tu m'as fait ...

Ezarel : Je sais que c'est faux ... Tout le monde m'aime.

Sentir son corps chaud, entendre sa voix, sentir son souffle dans mes cheveux, tout ces petits signes m'avaient apaisée en quelques minutes. J'avais la preuve sous les yeux, que Ezarel était vivant, comme si la partie qu'il m'avait manqué ces dernières heures, m'était enfin revenue.

Ezarel : Je t'aime tu sais ...

Ces simples mots ont suffit à me faire frissonner de bonheur. Venant d'Ezarel c'est vraiment inattendu, j'ai toujours pensé que je serais la première à le dire. J'avais toujours attendu le moment parfait, celui où j'étais sur qu'il me répondrait. Au lieu de répondre, je me redresse, souris et dépose délicatement mes lèvres sur les siennes. Un baiser parle bien plus qu'un simple « Moi aussi. »

Ezarel : J'ai eu peur tu sais ... Pas de mourir, mais de te laisser seule. Je sais que Nevra sera toujours là pour toi, et aujourd'hui encore j'en ai eu la preuve. Mais je sais aussi que ce n'est pas de lui que tu as besoin. J'ai eu peur que si j'y restais, au retour du bateau, tu fasses une énorme bêtise. J'aimerais te dire que j'aurais aimé que tu continue ta vie sans moi, que tu fasses le deuil et que tu recommence à vivre, parce que les faeries ne sont pas tristes aux enterrements. Mais voilà, je ne pouvais pas te demander une chose pareil, parce que j'ai réfléchis, et dans la situation inverse, je n'aurais jamais réussit à recommencer ma vie. Plusieurs fois, je t'ai imaginée, et même cru, morte. J'ai facilement pu me mettre à ta place, et je sais que la dernière idée qui me tiendrait encore en vie, serait celle de te rejoindre. Ma seule solution, était de me battre, de vivre pour toi...

Mon corps ne cessait de frissonner, aucune larme ne coulait, sans doute d'avoir trop pleuré ... Juste, j'écoutais, ma mains dans la sienne, mes yeux plongés dans les siens, émue par son discours.

Ezarel : M'imaginer ton visage, a suffit à faire brûler une flamme à l'intérieur de moi. Littéralement ! Je ressentais vraiment une petite source de chaleur, qui me maintenait en vie. Comme si, tant que cette flamme serait là, je ne pourrais pas mourir. Alors oui, j'ai eu peur, mais pas de mourir, parce que je savais que ton visage, me donnait la force de vivre.

J'étais déboussolée par son discours, cette sensation, ces mots sont si bien choisis, comme si l'expression « avoir besoin de l'autre pour survivre » prenait tout son sens.

Répondre à ça était impossible, je ne pouvais rien ajouter de plus sauf ...

Moi : Je t'aime aussi Ezarel ...

Nos lèvres se rencontrent à nouveau, mais le baiser n'a pas le même goût, il sent l'amour brûlant de deux êtres qui se sont retrouvés. De deux êtres qui ne pourront plus vivre l'un sans l'autre... 

Un raclement de gorge nous interrompt, et une fois le rideau tiré, il laisse apparaître Eweleïn.

Eweleïn : Désolée, je vous ai entendue malgré moi, mais j'ai une explication à tous ça... 

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