Kono

1. Une entrée fracassante

La journée ne pouvait pas être pire. Je descends de cette carcasse qui me sert de moto et la traine sur le côté de la route. Génial, je vais être en retard mon premier jour de travail. Ça ne pouvait arriver qu'à moi. Je m'assois sur le trottoir, près de ma moto et tente d'appeler Dan, mon mécano.

J'ai reçu ce tas de ferraille de mon frère, à sa mort. Je ne me séparais de ça pour rien au monde, c'est la seule chose qu'il me reste de lui.

- Salut Dan...

- Encore une panne?

- Comme d'hab.

- Tu es garé où ?

- En face du magasin de bricolage.

- Tu n'es pas allée bien loin cette fois ci. Dit-il en rigolant

- Ouais...moque-toi. Il rigole de plus belle.

- Je suis là dans maxi 5min.

Je raccroche et soupire. Pourvu que je ne me fasse pas virer...

Après ce qui me semble une éternité, j'arrive enfin devant le gigantesque manoir des Santana. Quand l'agence m'a annoncée que j'allais travailler dans cette demeure, j'ai été prise d'une joie folle. Je n'arrivais plus à payer mes factures car ça faisait deux mois que mon ancien patron était mort et sa fille avait vendu la maison pour aller s'installer en France. Au moins je vais pouvoir retaper ma moto d'ici quelques mois.

Je suis reçue par un homme vêtu d'un costume noir, les cheveux soyeux et une posture très droite qui ne pouvait être personne d'autre que le majordome, qui m'adresse un regard stupéfait en me voyant garer ma moto. Mais il ravale sa salive et j'aperçois l'ombre d'un sourire avant qu'il ne reprenne son air stricte.

- Mademoiselle Sanchez.

- Kono, je vous en prie. Rectifiai-je. Sanchez est un peu trop formel pour moi.

- Vous êtes en retard. Votre premier jour.

- Je sais, pardonnez-moi mais ma moto est tombée en panne alors que je venais tout juste de sortir de la maison. Une chance que mon mécanicien n'était pas loin.

Il m'observe longuement, ma moto ensuite.

- Bien que ça ne se répète plus. Je suis Morgan, le majordome.

Je manque presque d'étouffer. C'est la première fois que je rencontre un majordome avec un prénom si feminin. D'habitude je tombe sur des Llyod, Timothy, Fernando etc.

- Suivez-moi. Dit-il en tournant les talons. Je suis ses pas en observant au passage le paysage magnifique qui entoure le manoir. Nous pénétrons dans un hall qui à lui seul fait 5 fois mon appartement. Et non je n'abuse pas. Je vis dans un deux pièce de 20m carré en tout, encore heureuse que je ne vive qu'avec ma mère.

C'est la deuxième fois que je travaille dans un manoir, la dernière fois c'était celui de la famille Madison et il était beaucoup plus petit que celui ci.

- Vous allez commencer par vous changer dans la maison des domestiques, je vais vous montrer. Maria va vous montrer comment ça fonctionne et ce que vous devrez faire comme travail. Je serai là pour veiller à ce que ce soit correcte. Dit-il alors que nous traversons le hall pour nous diriger vers un couloir qui donne sur une grande buanderie. Nous passons ensuite une porte qui mène directement dans le jardin.

Le jardin.

Moi j'appellerai ça un parc. Quel espace!

- C'est vachement beau!

- Pas de gros mots dans ces lieux, mademoiselle Sanchez. Il me lance un regard furtif. En effet les lieux sont magnifiques et le terrain entier s'étend sur un demi hectare. Reprend-il. La maison possède trois niveau plus un sous-sol, 10 chambres et 15 salles de bains, deux cuisines et j'en passe... vous découvrirez avec le temps.

Nous descendons des marches en pierre à travers le jardin avant de longer un chemin de pavés vers une petite -par rapport au manoir, bien sûr- maison, un plein pied, bien plus moderne que le manoir, comme si elle avait été construite bien après celui ci. Morgan ouvre la porte et nous tombons directement dans le salon.

Une cheminée domine la pièce, devant elle se trouve un canapé noir et une table basse en verre, dans le coin se trouvait une table ronde entourée de quatre chaises. Le salon donne à droite sur une cuisine et à gauche se trouve un couloir qui doit certainement débouché dans les différentes chambres. J'en ai compté quatre en allant me changer pour enfiler ma tenue de travail.

En sortant, Morgan avait disparu. Il y avait des bruits dans la cuisine alors je décide de me diriger vers cette pièce. Une femme, de corpulence forte, les cheveux noirs attachés en un chignon bas, la quarantaine environ. Elle portait le même uniforme que moi. Mais elle n'était pas seul, un petit garçon était assis à la table en train de prendre son petit déjeuner.

- Bonjour. Dis-je en attirant leur attention. La femme se retourne et me sourit.

- Tu dois être Kono.

- Oui, je viens d'arriver.

- Moi c'est Maria. Donne moi juste une seconde, le temps de laisser ce bambin devant l'arrêt de bus. Dit-elle en faisant allusion au petit garçon.

- Salut! Me dit-il gentiment. Ses cheveux afro étaient si volumineux et ça le rendait tellement mignon.

- Allez debout, tu seras en retard à l'école. Dit-elle à son fils, enfin c'est ce que j'en déduis vu leur nez similaire. Je te rejoins dans la cuisine principale. Reprit-elle ensuite s'adressant à moi.

- J'ignore où ça se trouve.

- Tu rebrousses le chemin par la buanderie, ensuite le couloir et juste en arrivant dans le hall prend le couloir à gauche. Il y a deux portes qui se font face, celle de droite donne sur la salle à manger et celle de gauche est la cuisine principale.

Elle sortit rapidement avant que je n'ai le temps de répondre.

Wow!

- Ok...

Donc je fais exactement comme Maria m'a indiquée et je me retrouve dans la cuisine principale qui est, comme toute les pièces de cette maison que j'ai eu à voir, vachement grande. Il y a un énorme comptoir au centre de la pièce, entouré de quelque tabouret sur le 1/4 de celui-ci. La pièce est incroyablement propre que j'en ai le souffle coupé. Elle est éclairée par les lumières qui traversent les portes fenêtre donnant dans le jardin.

Je m'avance vers ces portes en observant la beauté de ce jardin. Il est lumineux et plein de couleurs dû à la variété de fleurs plantées un peu partout. On se croirait au...

- Un paradis sur terre... Je sursaute en me retournant. Maria se tient à l'embrasure de la porte.

- Vous m'avez fais peur.

- Désolée. Tu étais tellement captivée par la vue.

- Comment ne pas, dis-je en me tournant de nouveau vers les portes fenêtre, c'est magnifique. Je n'ai pas souvent l'occasion de voir de ci beaux paysages.

- Moi non plus je ne m'en lasse jamais. Attends d'arriver à l'étage, de la haut on se croirait dans le Jardin d'Eden.

Nous restons silencieuses pendant quelques secondes avant que Maria ne brise celui ci.

- Allez viens. Il ne faut pas que Morgan nous trouve en train de flemmarder. Il va piquer une colère noire. Dit-elle en rigolant.

Nous sortons toutes les deux de la cuisine. Je sens que la journée sera longue.