6. Un patron trop soucieux

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*Narrateur externe*

Il est 08h du matin dans la demeure des Santana. L'ambiance n'est pas comme à son habitude. Tout le monde bouge beaucoup dans la maison, les meubles sont nettoyés au peigne fin, la vaisselle de luxe est sortie des placards, les plus grands crus remontent des caves, le jardin est rendu encore plus magnifique qu'il ne l'est déjà.

En effet, aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. C'est l'anniversaire de monsieur Santana. Et une fête grandiose se prépare.

Pour sa part, il n'avait pas voulu organiser une grande fête, les cérémonies mondaines avec des centaines de personnes inconnues ne lui plaisaient pas tellement. Il aurait préféré un dîner en famille et puis c'est tout. Mais sa femme et sa mère ne sont pas de cette avis. Sa mère parce qu'elle avait toujours été excentrique, contrairement à son père, ne supportait pas l'idée de laisser passer un anniversaire sans le fêter comme il se doit. L'année passée il avait réussi à échapper à cela parce qu'il se rendait en mission au Cameroun. Mais cette fois, il ne pouvait rien, et sa mère comptait bien rattraper l'anniversaire qui n'a pas été fêté.

Sa femme quant à elle voulait, en même temps que son anniversaire, fêter leur six mois de mariage. Il avait trouvé ça absurde mais n'avait pas de choix. Les femmes de sa vie avaient pris la décision à sa place. Et elles s'occupaient de tout, il n'avait qu'à "rester bien sagement dans son bureau" comme lui avait dit sa femme, et le moment venu, il mettrait son smoking.

Du côté de Kono pourtant c'était l'enfer. Elle était arrivée plus tôt aujourd'hui sous ordre de Ella. Car toutes les pièces devaient être brillantes et splendides. Maria et elle nettoyaient jusqu'aux portraits affichés dans la maison, comme ci cela était utile. Il n'était que midi mais elles étaient déjà exténuées. N'en parlons pas de Morgan qui devait absolument tout vérifier et veiller à ce que personne ne fasse une quelconque erreur.

Une heure plus tard, les décorateurs arrivaient, car la cérémonie se passait à l'extérieur dans le jardin. Monsieur Santana voyait tout à travers la fenêtre depuis son bureau. Il n'avait pas arrêté d'expirer et de soupirer tellement tout cela n'avait aucun sens. Il a trente-et-un ans cette année mais on aurait dit qu'il fête ses 16ans ou ses 50ans.

- Je ne suis entouré que de personnes excentriques. Souffle-t-il quand soudain on frappe à la porte. Il tourne la tête vers celle-ci et crie:

- Entrez!

La petite silhouette de Kono se glisse à travers l'entrebaillement de la porte. Elle a entre ses mains un plateau qu'elle tient fortement, de peur de le laisser tomber. Paolo remarque que sa démarche est maladroite et que son regard est baissé. Elle s'arrête au milieu de la pièce et lève les yeux vers lui. Il a les doigts entrecroisés et les coudes posés sur le bureau. Elle sent son regard intimidant lourdement posé sur elle et le plateau qu'elle tient.

- Bonjour monsieur. Madame m'a demandée de vous apporter ce plateau.

- Qu'est ce que c'est?

- Du café et quelques biscuits. Il soupire et s'apprête à renvoyer le plateau mais en observant Kono, il remarque qu'elle est épuisée, sa respiration est entrecoupée et sa posture est très maladroite.

Ella...

Elle a dû mettre tout le monde au travail depuis ce matin. Il se lève et rejoint, d'un pas déterminé, Kono qui le regarde s'élancer vers elle. Elle surprend son coeur en train d'entamer un rythme inconnu.

tranquilo hasta Kono, tranquilo usted. Se dit-elle

Elle prend ces quelques secondes pour observer qu'il est vêtu d'un polo noir avec un jean sobre. Son bras est entouré d'une montre en argent et ses cheveux sont coiffés en arrière. Sa démarche est si rassurée qu'on aurait dit qu'il pouvait prendre n'importe quelle décision et l'on accepterait, tellement on lui faisait confiance.

KonoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant