Episode 9 : Lui ne servira à rien (2ème partie)

15 4 5
                                    


Je me retourne dans mon lit pour la énième fois. Bon sang, qu'est-ce que j'ai horreur des insomnies !

Je n'ai pas passé la super journée dont j'avais rêvé. Déjà, quand je suis rentrée à midi pour manger, Maya m'a forcé à faire la cuisine parce qu'elle faisait, je cite, ''la grève du moindre effort vu que je l'avais planté le matin'', et, en plus, je me suis fait chier toute la journée. Mais vraiment. À part aller au parc, il n'y avait rien d'autre à faire : pas de télé, pas de bistrot, pas de boîte... Rien. Que dalle. Finalement, heureusement que le Mr Ben m'a foutu son entraînement ce jour-là, sinon je déprimerais toutes les semaines.

Mais à vrai dire, ce n'est pas parce que j'ai passé une journée digne d'un mauvais film que je n'arrive pas à fermer l'œil. Je n'arrête pas de penser à Lucas. Depuis le début de la nuit.

Et je suis en colère contre Nathan. Pourquoi est-ce que cet andouille ne veut pas lui laisser une chance ? Pourquoi est-ce qu'il lui interdit de devenir combattant ? N'a-t-il donc point de cœur ? Comment peut-il se décrire comme le chef d'un mouvement anti-dictatorial alors que lui-même est un dictateur ? Ça me sidère.

Lucas a l'air d'être un bon gamin. Je suis sûre qu'il ferait un excellent guerrier si on lui en laissait l'occasion. Mais apparemment, je suis la seule à le remarquer.


J'ai dû dormir, en tout et pour tout, deux ou trois heures. Pas plus. Du coup, aujourd'hui, je suis crevée, et ça se ressent sur ma façon de me battre. Pour couronner le tout, je ne parviens pas à retirer l'image de Lucas de ma tête.

Une fois de plus, Abigail me fait tomber.

– Tu es toute molle, aujourd'hui.

Merci ma poupée géante, je ne l'avais pas remarqué.

– Qu'est-ce qui t'arrive ?

Je me redresse en lançant un regard autour de moi. Tous mes camarades se battent en un contre un, sous le regard attentif de Sylvian.

– Je n'ai pas passé une super nuit.

– Apparemment ça t'arrive souvent. Est-ce que tu dors, au moins, la nuit ?

Je lui lance un mauvais regard en grimaçant.

– Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?

Elle hausse les épaules.

– Je sais pas... J'imaginais que tes soirées étaient rythmées par la présence d'un beau gosse dans ton lit...

Je ne vois pas pourquoi, mais dès qu'elle a dit ça, à la place du beau gosse, j'ai imaginé Nathan. Et j'ai bien cru que j'allais rendre tout mon déjeuner.

Je soupire.

– Si les choses pouvaient être aussi sympathiques...

Elle fronce les sourcils d'un air interrogateur, mais ne me pose pas plus de questions.

Au bout de quelques minutes, le cours se finit enfin. J'attrape une serviette et essuie mon front transpirant, tout en observant mes camarades quitter l'arène. Abigail s'approche de moi.

– Ça va ? Je n'y suis pas allée trop fort avec toi, j'espère.

– Non non, ça va, t'inquiète.

Je jette un coup d'œil du côté de Sylvian. Cette nuit, j'ai pris une décision, et pas des moindres.

– Ne m'attends pas. Je dois parler à Sylvian.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant