Episode 2 : La Rébellion (2ème partie)

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Nous sortons enfin de cette nouvelle salle uniformément blanche, ce que je trouve particulièrement laid, et nous nous retrouvons dans un immense couloir, lui aussi tapissé de blanc. Décidément, les gens de cette dimension ont très mauvais goût... Malgré tout, cet endroit n'est pas si horrible que ça ; même s'il ressemble étrangement à un couloir d'hôpital, il y fait frais et une douce odeur de neuf et de bois s'en échappe. Drôle de mélange je dois bien l'admettre, mais qui fait son effet.

Nathan nous fait parcourir une dizaine de mètres, pendant lesquels nous croisons une dizaine de soldats, puis nous nous arrêtons. Devant une gigantesque baie vitrée.

– Qu'est-ce qu'on fait là ?

Le pseudo membre de la Fédération de Protection me dévisage avec son regard de psychopathe de mangas avant de me répondre.

– Regarde par la fenêtre.

Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils. De quoi il me parle, ce dingue ? Le pire dans cette histoire c'est que mon incompréhension a l'air de l'amuser. Beaucoup. Et ça ne me plaît absolument pas.

Je m'approche de la vitre, tout en jetant un regard à Maya qui a le nez collé à celle-ci. Et puis je découvre ce qui me fait face, et j'en reste bouche bée.

En contre-bas, bien calé derrière la fenêtre, s'étend un nombre incalculable de petites maisonnettes. Toutes de bois vêtues, elles arborent un modeste toit de foin comme les maisons paysannes du Moyen-Âge, et sont toutes de la même taille. Entre quelques unes se glisse un petit chemin, et une allée centrale beaucoup plus extravagante permet à chacune de ses routes de se croiser. Le sol des ruelles est jonché de petits cailloux bruns alors que l'allée centrale a plus des airs de goudron. Je remarque alors qu'au fond de la gigantesque avenue se trouve un magnifique puits de marbre gris incrusté de pierres, et qu'à l'horizon, il me semble apercevoir un écrin de verdure qui pourrait bien être une forêt. Et au milieu de tout ça, plusieurs personnes s'affairent : une vieille femme ouvre ses volets, un garçonnet promène son chien, un homme commence son footing, deux parents accompagnent leur fille sur la grande allée, un chat se régale tranquillement de l'eau du puits... Alors, une autre constatation me saute aux yeux ; les maisonnettes qui entourent l'allée centrale ont toutes un écriteau sur leur devanture : ''Coiffeur'', ''Habilleur'', ''Boucher'', ''Fromager'', ''Maquilleur'', ''Laitier''... Tout ce petit monde permet à cette modeste ville artificielle de prendre vie. C'est impressionnant.

– Ceci est la partie réservée aux civils.

Je me retourne vers Nathan, qui a toujours cette expression de satisfaction perverse accrochée au visage.

– Qu'est-ce que tu veux dire ?

Maintenant, je comprends mieux pourquoi Maya est mon portrait craché. Nous avons apparemment les mêmes questions en plus de notre physique identique.

Nathan jette un coup d'œil vers la petite ville. Son regard a légèrement changé.

– La petite ville que vous voyez ici n'est qu'une partie de notre quartier général. Elle abrite des anciens prisonniers politiques, des artistes, des philosophes, mais aussi de pauvres individus qui ont tout perdu lors des attaques de la Fédération de Protection.

– Quelles attaques ?

J'ai du mal à suivre, ce qui n'a pas échappé à Jim. Les yeux perdus dans le vide, il répond à ma question.

– Certains villages ont été totalement brûlés sous ordre du sultan. Soit parce qu'ils ne payaient pas l'impôt, soit parce qu'ils ne respectaient pas une des règles de la Constitution, soit parce qu'ils ne craignaient pas assez le sultan.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant