Episode 7 : Abigail (2ème partie)

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Je suis assise sur les gradins, en train de regarder Abigail martyriser de pauvres coups un grand mannequin sans défense. Ça fait une demi-heure que le cours a commencé, et elle ne m'a pas une seule fois adressé la parole. Pourtant, c'est pas faute d'avoir essayé : je l'ai salué, je lui ai demandé par quoi on commençait, ce qu'elle préférait faire et aussi j'ai dit en rigolant qu'elle serait sûrement beaucoup plus douée que moi. Mais rien. Que dalle. Je n'ai même pas eu de sourire, pire même, j'ai eu le droit au regard méprisant.

– Tu comptes m'ignorer encore longtemps ?

Elle me lance un regard. Elle transpire, il faut dire que comparé à moi elle ne fait que bouger, donc elle attrape une serviette avant de s'essuyer le front.

– Je n'ai pas besoin de toi.

Génial. Y'avait mieux comme premières paroles.

Et elle continue de taper son mannequin. Je me lève en soupirant et me dirige vers la réserve, parce que dans chaque arène il y a une réserve -c'est d'ailleurs là que Marcos avait récupérer ces deux couteaux- avant de me faire interpeller par Sylvian.

– Jamie ?

– Oui ?

– Vous savez que vous et Abigail êtes censées travailler en équipe ?

– Oui, je sais, mais apparemment ce n'est pas le cas d'Abigail.

J'entre dans la réserve et en sors avec deux gants de boxe.

– Mais ne vous en faîtes pas. Je compte bien lui montrer que toute seule elle n'est pas invincible.

Je m'approche de ma coéquipière sous le regard mi-interrogateur, mi-amusé de mon professeur, et hurle dans son dos :

– Eh, Abigail !

Elle se retourne avec un air las, et je lui assène le plus horrible crochet du droit qu'il m'ait un jour été donné de réaliser. Je crois qu'elle ne s'y attendait pas, en tout cas elle n'a pas réagit, elle s'écroule par terre les fesses les premières. Un mince filet de sang s'échappe de sa lèvre inférieure, mais je m'en fiche. Elle a eu ce qu'elle méritait.

– Je crois que toi, ton point faible, c'est l'arrogance ! Je ferais mieux d'assurer tes arrières pendant les combats.

Tous les autres ont arrêté de se battre et ont tournés la tête dans notre direction avec des yeux effrayés, sûrement parce qu'ils appréhendent la réaction d'Abigail. Cette dernière essuie le sang qui coule de sa bouche d'un revers de la main et me regarde avec, probablement ce qu'elle pense être, son regard le plus méchant.

– Toi, tu vas me payer ça...

Mais oui, bien sûr. Elle croit qu'avec ses quarante kilos à tout casser, ces longs cheveux noirs et raides ainsi que ses yeux bleus clairs, elle me fait peur ? Elle ressemble à une poupée barbie sortie de sa boîte. Sylian frappe alors dans ses mains comme un maître d'école.

– OK, c'est bon, on se remet au travail !

Abigail se relève, me balance un affreux regard, et recommence à taper son mannequin. Qu'est-ce qu'elle est arrogante !


Une demie heure plus tard, Sylvian nous ordonne de le rejoindre au centre de l'arène, pour procéder au tirage au sort. Tandis que j'obéis aux ordres du sous-chef, ma coéquipière me bouscule.

– T'as pas intérêt à me gêner.

Puis elle s'en va. Génial. Je sens que ce combat va payer...

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant