Chapitre 4 : En enfer.

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'Il n'est que trop aisé de descendre aux enfers,
Les palais de Pluton nuit et jour sont ouverts ;
Mais rentrer dans la vie, et revoir la lumière,
Est un bonheur bien rare, un vœu bien téméraire.' - Virgile, l'Enéide.
La boisson que vous vous apprêtez à boire est extrêmement chaude.
S'il vous plait, buvez la à petites gorgées.
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Chapitre 4 : En Enfer.

Je devrais bouger un peu. Je suis couchée depuis tellement longtemps que mon corps entier me fait mal.

Je pelotonne mes jambes contre mon ventre. Même ce simple geste constitue un effort.

Je vais finir par être malade à force de regarder le plafond de ma cellule. Je le fixe depuis des heures sans réellement le voir.

Je me suis uniquement contenté de me lever lorsque cette femme au visage renfrogné est venue me chercher pour m'emmener à des toilettes au fond du couloir. Et une autre fois pour manger la nourriture qu'il m'avait laissé.

Je n'ai pas dormi. Comment pourrais-je dormir alors que mon esprit est tellement embrumé que je n'arrive même pas à penser ?

Au début, j'ai pleuré. J'ai pleuré, pleuré, jusqu'à ce que mes larmes se tarissent. J'ai maintenant l'impression qu'elles ne pourront plus jamais couler.

Au tout début, seul mon corps était anesthésié, mais mon esprit semble l'être aussi maintenant. Les heures passées m'ont projeté au cœur d'une brume blanche et stérile.

Je me sens vide et abandonnée. Perdue.

J'écarte ma couverture avec mon pied, soudain incapable de supporter cette forte chaleur. Je suis trempée de sueur.

J'ai besoin de plus de nourriture ! Et de plus d'eau. Un verre d'eau et une miche de pain ne sont vraiment pas assez pour me faire tenir. La faim me donne des maux de tête... Ou peut être n'est-ce pas la faim ? Je ne sais pas.

Pour la première fois de ma vie, je veux que mon esprit me laisse tranquille. Je veux qu'il me laisse dormir, qu'il évite de me torturer.

Pourquoi j'ai fait ça ?

Pourquoi n'ais-je pas tenu le coup ?

Que vont-ils faire aux gens que j'ai cité ?

Pourquoi n'ais-je pas été plus courageuse ?

Je ne pourrais jamais plus dormir.

Quel est ce bruit ?

Mes yeux irrités clignent en se dirigeant vers la porte de ma cellule. Des pas.

Ils ne viennent pas forcement pour moi. Je ne suis pas la seule prisonnière présente dans ce couloir. J'ai entendu fréquemment des personnes entrer et ressortir d'autres cellules depuis que Lucius m'a laissé, mais aucune d'elles n'est venue me voir. Mais les hurlements des gens qu'elles venaient voir, se répercutaient dans tout le couloir et à l'intérieur même des cellules alentours.

C'est assez pour vous rendre fou.

J'entends deux paires de pieds, pas une seule. La première paire de chaussures clique vivement, tandis que la deuxième martèle le sol fortement.

Il me semble reconnaître le son de la première paire de chaussures.

Je m'assois lentement, gémissant légèrement alors que mes muscles craquent de ne pas avoir été utilisés depuis des heures.

Eden (Lumione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant