Chapitre 30 : Haine.

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«Je voudrais pouvoir vous retenir, jusqu'à ce que nous soyons morts tous les deux ! Que m'importerait ce que vous souffririez ? Vos souffrances me sont indifférentes. Pourquoi ne souffririez-vous pas ? Je souffre bien, moi ! » - Emily Brontë, Les Hauts de Hurlevent

« Il m'a semblé qu'un serpent me dévorait le cœur, et que toi, tu étais assis, souriant à mon cruel tourment. » - William Shakespeare, Le Songe d'une Nuit d'Eté
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Chapitre 30 : Haine.

Je suis allongée sur le dos, un bras plié au dessus de ma tête. L'obscurité totale de la pièce me couvre comme une couverture.

Ca fait une semaine, voir deux, peut être même trois, que Ginny a été capturée et remise en liberté.

Et peut être une semaine, voire deux, que Lucius m'a dit qu'il ne pouvait plus me protéger.

Je soupire. C'est ennuyeux d'être seule dans l'obscurité, mais je dois seulement attendre. Seulement quelques heures. Jusqu'à ce qu'il revienne. Il revient toujours vers moi.

Peut être que ça va être une de ces nuits où il me fait attendre des heures. Ces nuits où il essaye de résister et de s'éloigner de moi, je le sais. Ces nuits où il se dit que ça doit cesser. Mais il revient toujours à la fin.

Un léger craquement dans l'obscurité, puis un petit 'click'...

Il est là.

Je n'ai pas eu à attendre trop longtemps ce soir.

Je dirige mes yeux vers la porte que je ne peux voir à travers les ténèbres, désirant plus que tout pouvoir le voir. Mais il n'y a aucune lumière. Il n'y a jamais aucune lumière. Il ne veut pas se laisser voir ce qu'il fait...

Des pas. Des pas lents et prudents sur le plancher.

Je frémis, essayant de me convaincre que c'est le froid.

Un poids chaud s'installe sur le lit près de moi. Une respiration. Douce et stable.

Je tremble mais je n'ai pas froid. J'ai encore ma robe sur moi, même si je suis couchée sur le dessus des couvertures. Parce que même s'il me reste encore assez de dignité pour porter une robe, je suis apparemment tombée assez bas pour rester allongée au dessus du couvre-lit, en l'attendant, sans prendre la peine de me couvrir d'une nouvelle protection qu'aurait pu constituer les couvertures.

Qu'a-t-il fait de moi ?

De longs doigts agrippent le décolleté de ma robe, la faisant glisser de mes épaules, jusqu'à ce qu'elle soit rassemblée autour de ma taille. L'air froid caresse ma peau nue, me donnant la chair de poule.

Un frisson me traverse alors que la température de mon corps baisse.

J'aurai plus chaud s'il me serrait contre lui. Mais il ne le fait pas. Il ne me serre jamais dans ses bras. Après tout, ça pourrait créer une sorte de lien émotionnel s'il le faisait.

Ce qui serait presque aussi honteux que la relation physique que nous entretenons déjà, je suppose.

Les ténèbres silencieuses engloutissent mon souffle, qui devient rapide face au froid.

Et face à quelque chose d'autre aussi.

Une main entoure ma poitrine, un pouce et un doigt viennent attraper mon mamelon, le tirant légèrement, m'envoyant une secousse électrique au creux de mon estomac.

Ma respiration s'accélère. La sienne aussi. Je peux l'entendre.

Ce n'est pas la première fois que je me demande si c'est vraiment lui ou non. Pendant ces dernières semaines... ses visites ont toujours eu lieu dans l'obscurité, de sorte qu'il ne puisse pas voir que c'est une Sang-de-Bourbe qu'il en train de... Qu'il...

Eden (Lumione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant