Chapitre 22 : Crois moi.

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'MACBETH, regardant ses mains : C'est là une triste vue !

LADY MACBETH : Quelle folie d'appeler cela une triste vue !

MACBETH : L'un des deux a ri dans son sommeil, et l'autre a crié, au meurtre ! Ils se sont éveillés l'un et l'autre : je me suis arrêté en les écoutant ; mais ils ont dit leurs prières et se sont remis à dormir.

LADY MACBETH : Ils sont deux logés dans la même chambre.

MACBETH : L'un s'est écrié : Dieu nous bénisse ! Et l'autre, 'Amen', comme s'ils m'avaient vu, avec ces mains de bourreau, écoutant leurs terreurs ; je n'ai pu répondre 'Amen' lorsqu'ils ont dit 'Dieu nous bénisse !'

LADY MACBETH : N'y pensez pas si sérieusement.

MACBETH : Mais pourquoi n'ai-je pu prononcer 'Amen' ? J'avais grand besoin d'une bénédiction, et 'Amen' s'est arrêté dans mon gosier.

LADY MACBETH : Il ne faut pas penser ainsi à ces sortes d'actions, on en deviendrait fou. ' - William Shakespeare, Macbeth
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Chapitre 22 : Crois-moi.

Je me redresse agilement du sol, regardant la porte fermée, souhaitant plus que tout avoir la faculté de regarder à travers le bois pour voir Lucius de l'autre côté.

Dans le silence, j'entends un grand bruit sourd, comme si quelque chose avait heurté le mur, avant d'entendre des pas rapides s'éloigner de ma chambre.

Puis il n'y a plus que le silence.

Dans un état second, je lève ma main vers mon visage, laissant reposer légèrement mes doigts sur mes lèvres.

Elles ont l'air meurtries, même s'il m'a à peine touché.

Tout est flou. C'est comme si j'étais entouré d'une brume opaque. Rien n'est clair. Rien n'a de sens.

Je me force à bouger. Je marche lentement dans ma chambre et je m'allonge sur mon lit, attendant longtemps le sommeil miséricordieux qui chasse mes pensées et mes émotions en m'amenant dans les ténèbres compatissantes.

Je ne rêve de rien. Je suis seulement engloutie dans les ténèbres, dans le vide merveilleux.

Ca ne peut pas durer éternellement, bien sur.

Je dérive dans l'inconscience, la couverture chaude du sommeil m'abandonnant tout doucement, me laissant me réveiller dans le froid.

J'ouvre les yeux et les moments heureux de l'inconscience disparaissent rapidement, et je me rappelle de tout ce que je souhaitais oublier. Le corps mort de Dolohov, et les mains de Lucius sur mon corps, ses lèvres sur les miennes.

« Vous devriez vous lever. Nous devons parler. »

C'est lui. Sa voix… Elle est si froide, si hachée. Sérieuse.

Je m'assois. Il est debout de l'autre côté de la pièce. Ses bras sont croisés sur son torse et son visage est de marbre. Sérieux.

Eden (Lumione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant