Chapitre 17 : Inimaginable.

1.6K 114 52
                                    

'Qu'ils sont heureux ceux qui ne craignent, ne redoutent jamais rien, qui s'endorment tous les soirs d'un sommeil réparateur peuplé uniquement de rêves doux et paisibles !' - Bram Stoker, Dracula


_________________________________________
Chapitre 17 : Inimaginable.

Il se penche et referme ses doigts sur les deux baguettes, et dans un mouvement rapide, il a de nouveau tout pouvoir en son emprise.

Mais je m'en fous. Comment pourrais-je m'en soucier lorsque je peux à peine respirer sous le poids de la douleur ?

Je presse mes doigts contre la plaie béante dans mon épaule dans le vain espoir d'arrêter le sang de couler, ce qui pourrait sauver ma vie, ce qui pourrait atténuer ma souffrance.

Qui savait que le sang pouvait être si chaud ? C'est une autre chose que j'ai appris, grâce à lui.

Il ne bouge pas.

Il ne parle pas.

Comment pourrait-il ? Comment le pourrait-il, après tout ce qui s'est passé ?

Auto défense. Tu étais sur le point de le tuer.

Mais… je ne l'aurai pas fait. Je ne pouvais pas le faire.

Et il sait que je ne le pouvais pas. Il le sait.

Je lève les yeux vers lui, tout mon corps tendu par la douleur. Je serre les lèvres, respirant durement par le nez, et il se moque de moi, un sourire malicieux jouant avec ses lèvres. Il n'en a rien à faire, il ne ressent rien. Il ne ressent rien qu'un humain normal ressentirai.

« Alors, » dit-il triomphalement, « dites-moi Sang-de-Bourbe, voulez-vous que je vous ramène à la maison, maintenant ? »

C'est comme un coup de poing dans l'estomac. Il essaye toujours de gagner contre moi. Il veux me faire admettre – il veut que j'admette que je suis dépendante de lui.

Et je le suis en ce moment même, non ?

« Vous… vous êtes immonde… »

Les mots ne viennent pas. Ils restent coincés dans ma gorge. Je gémis, étouffant les mots. Il se tient parfaitement immobile, savourant sans aucun doute ce moment.

Sans lever la tête vers lui, je me force à parler. « S'il vous plait… aidez-moi, s'il vous plait… »

Il m'oblige à me remettre debout, avant de me saisir par la taille et de me jeter par dessus son épaule comme un trophée de guerre.

« Accrochez-vous à moi » marmonne-t-il. « Si vous ne voulez pas perdre encore plus de sang, tenez-vous à moi aussi fort que vous le pouvez. »

J'attrape le dos de sa cape sans même y penser. Je me fous où nous allons. Je veux seulement que la douleur dans mon épaule cesse.

Les hurlements, les cris et les détonations de la bataille, s'estompent alors que nous nous éloignons dans l'obscurité, avant de transplaner. Je m'agrippe alors à sa cape de toutes mes forces…

Nous émergeons dans un air pur et doux. Le silence, comparé au bruit de la confusion que nous venons de quitter, m'assourdi presque. C'est si calme, si serein. Il n'y a plus que moi et Lucius ici, et tout ce que je peux entendre est notre propre respiration.

Il me fait glisser de son épaule et me pose sur le sol. L'herbe fraiche chatouille mes pieds nus, mes mains, mon visage. L'odeur pure me fait monter les larmes aux yeux. Pourquoi le monde entier ne peut-il pas être aussi pur, aussi innocent ?

Eden (Lumione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant