Chapitre 26 : La chute.

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'La femme répondit au serpent: « Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.

Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: 'Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.' »

Alors le serpent dit à la femme: « Vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. »' - La Bible, La Génèse.
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Chapitre 26 : La chute.

Si je pouvais au moins les atteindre – j'ai besoin de les voir, seulement revoir à nouveau leurs visages.

Je lèche mes lèvres. Sèches, si sèches. Comme si je léchais du papier.

La jeune fille rit, rit… Le garçon rit également mais pourquoi courent-ils si vite, je ne peux pas les voir…

Une forte poigne me serre la main. Les doigts mordent dans ma peau, la blessant…

Je peux presque les voir – Je peux voir la jeune fille, ses longs cheveux roux ondulant derrière elle, mais je ne peux pas voir les autres –

D'autres doigts me caressent le visage, repoussant quelques mèches de mes cheveux derrière mon oreille.

Aidez-moi. S'il vous plait, aidez-moi. Faites-moi revenir.

« Sang-de-Bourbe ? »

Sa voix. Elle s'enroule autour de moi comme une poigne de fer et me tire vers la surface. Je suis si proche de l'air frais de la conscience, si je pouvais juste m'accrocher à cette voix, peut être qu'elle me ferait…

L'emprise sur ma main se resserre.

« Vous êtes réveillée ? »

« Mmm » est tout ce que j'arrive à dire, et même cela est un effort.

Mes paupières clignent et la lumière s'infiltre dans les ténèbres dans lesquelles j'étais piégée. Une lumière dorée.

Mes yeux s'ouvrent lentement. Elles se posent sur le petit orbe doré. Je cligne. La petite flamme d'une bougie. La bougie de ma table de chevet.

« Sang-de-Bourbe ? »

Je bouge ma tête pour voir son visage, pale et pointu comme d'habitude, et pourtant si différent. Il est aussi dur et solide que le roc, tendu et rigide d'inquiétude.

Il pousse une profonde expiration tandis que ses yeux se verrouillent sur les miens.

Je soupire et bouge mes épaules. Je suis couchée sur quelque chose de chaud, et doux…

Mon lit. Et il est assis sur son bord, sa main enlacée dans la mienne, ses yeux refusant de quitter mon visage, même pour un instant.

Je bouge légèrement mes doigts dans les siens, mais il ne semble toujours pas prêt à les lâcher.

Je suis vivante. Dans un sens, je suis vivante. Même si je pensais avoir perdu la dernière goutte de mon sang, je suis pourtant allongée ici, regardant dans ses yeux, sentant sa main enroulée autour de la mienne.

« Comment vous sentez-vous ? » il demande, sa voix extrêmement calme, tout comme son expression.

Je lèche à nouveau mes lèvres. « Fatiguée » je dis, ma gorge tellement sèche qu'elle peut à peine sortir ce simple mot.

Eden (Lumione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant