Chapitre 36 : Les péchés du père.

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« Puis-je voir un autre malheur,

Sans être à nouveau dans la douleur ?

Puis-je voir un autre chagrin,

Sans ressentir de soulagement ?

Puis-je voir une larme tomber,

Sans partager ma peine ?

Un père peut-il voir son enfant

En pleurs, sans être inondé de chagrin ? » - William Blake, On Another's Sorrow
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Chapitre 36 : Les péchés du père.

Je me sens comme si j'étais dans la cellule d'un condamné : comme si je pouvais apercevoir la corde du bourreau à travers ma fenêtre, et je sais que c'est ma dernière nuit sur terre.

Et tout ce que je peux faire, c'est attendre. Attendre de mourir, parce que je n'ai plus aucun espoir de vivre.

Le mieux que je puisse espérer, c'est un sursis. Un sursis qui ne viendra jamais.

Je me blottis sur moi même, tirant mes genoux jusqu'à mon menton. Je suis assise sur le sol, pressant mon oreille contre le bois solide de la porte, attendant que Lucius ne rentre, comme un chien attendant le retour de son maitre, car oui, c'est ce que je suis devenue, merci à vous mon Dieu.

Que va-t-il dire, lorsqu'il découvrira ce qu'il s'est passé ?

Que va-t-il faire ?

Et Drago… mon Dieu, que puis-je vraiment espérer de Drago ?

Peut être… S'il aime toujours son père, alors peut être…

Mais non, je ne dois rien espérer. L'espoir ne mène qu'à la déception, c'est quelque chose que j'ai appris.

D'ailleurs, si Drago a vraiment quelque chose en commun avec son père, ça veut dire qu'un traitre à son sang est vraiment un traitre à son sang, qu'il fasse partie de sa famille ou non. Et les traitres à leur sang doivent être punis, n'est-ce pas ?

Un bruit de pas se fait entendre dans le couloir.

Mon cœur se crispe sous la terreur et je me redresse sur mes pieds, m'éloignant loin de la porte alors qu'elle s'ouvre en grinçant.

C'est lui. Dieu merci, c'est lui.

Il paraît totalement calme alors qu'il ferme doucement la porte derrière lui. Si calme et concentré qu'il ne peut pas être au courant de ce qu'il s'est passé.

Il lève les sourcils lorsqu'il me voit.

« C'est quoi votre problème ? » il me demande froidement face à mon expression.

J'ouvre la bouche et la referme stupidement. Ma respiration est dure, et nous sommes finis, totalement finis, mais il ne sait visiblement pas, et c'est à moi qu'il revient de lui dire…

Il lève les yeux au ciel face à l'expression de mon visage et soupire. « Si vous comptez me hurler dessus pour ce que j'ai pu avoir fait ce soir- »

« Lucius » j'halète, pouvant à peine parler, « Lucius, Drago, il… il sait ! »

Il blêmit, juste un instant, avant de se reprendre, et il secoue la tête tandis qu'un sourire sans joie étire ses lèvres.

Comment peut-il… Comment peut-il être si indifférentface à ça, pour l'amour de Dieu ?

« Je n'ai pas la patience d'apaiser votre paranoïa ce soir, Sang-de-Bourbe » dit-il d'une voix trainante. « Vous pensiez que ma femme était au courant, mais elle ne l'est pas. Vous pensiez… »

Eden (Lumione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant