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          Nous arrivâmes à destination deux heures plus tard. La réputation de la Bourgogne était donc vraie, il pleuvait tout le temps. On descendit du train, et, un peu perdues, avons appelé un véhicule. Un taxi est arrivé un quart d'heure plus tard, et nous a amené à l'hôtel.

          L'après midi tirait à sa fin, et le ciel de décembre s'assombrissait lorsque nous avons frappé à la porte numéro 4 du bourg de Tonnerre.  Un vieil homme est sorti sur le pas de sa porte, entouré par deux chats gris qui avaient l'air sal.
- Odile, vient voir ! On a de la visite, quelque peu non ordinaire...
    Une vieille femme, qui avait, elle, un rat perché sur l'épaule gauche arriva derrière son mari.
- Ça alors... Entrez, les enfants, entrez.
      Je regardai Loreline, avec un sourire gêné,  et elle me le renvoya.
- Allons, ne restez pas dehors, vous allez prendre froid ! lança l'homme.
      On n'eut pas le temps de dire un mot, que chacun d'eux nous avait pris l'épaule et nous avait tiré à l'intérieur.
       Ils habitaient une petite maison, dont on ne voyait que deux pièces. L'entrée, par laquelle on venait de passer, donnait sur la cuisine. En face de la porte, il y avait une table, sur laquelle était posée une toile cirée jaune criarde, avec quelques tâches de café ou de confiture par ci par là. Il n'y avait que deux chaises.
        Sur le plan de travail était posées deux gamelles et une litière,  certainement pour les chats. Les placards entres ouverts laissaient apercevoir des boîtes de gâteaux disparues des super marchés avant que je ne naisse.
          En face de la porte d'entrée, sur le mur opposé, une porte qui donnait sur un salon mal ordonné était ouverte. Les mêmes rideaux à fleurs que dans la cuisine, aux couleurs pâlies par le temps, cachaient des vitres sales. Le sol de la pièces où nous nous trouvions était jonché de détritus, et de saletés qui provenaient certainement des chats. Bref, rien qui ne donnait envie de se retenir de partir en courant. Mais les étranges propriétaires de cette maison avaient dit que nous étions peu ordinaires, et nous tenions à savoir pourquoi, deux jeunes filles souriantes étaient hors du commun.
- Asseyez vous, mes filles, je vais vous servir quelque chose à boire.
- Ce n'est pas la peine, avons nous répondu en même temps.
- Garance, qu'est ce qui t'amène ? me dit la vieille femme.
- Comment, savez mon nom ? dis je hésitante.
- Tu ressembles comme deux gouttes d'eau à ton papa.
- Vous n'auriez pas quelque chose à nous donner ? dis Loreline, pressée d'en finir ave ce couple étrange.
- Si si si, le voilà.
      Le vieil homme nous tendit une enveloppe avec mon prénom écrit à la même encre que celle que maman m'avait donnée. Nous remerciâmes chaleureusement nos hôtes et sortîmes hâtivement.
        Une dois dehors sur le perron, Loreline me proposa d'ouvrir le nouvel indice.
- À l'hôtel c'est mieux.
- D'accord, à l'hôtel. On va à l'hôtel ?
Je souriai, et aquiesçai. On reprit possession de notre chambre une demie heure plus tard. Hésitante, je déchirais petit à petit l'enveloppe que nous avait donné le vieux couple.

Bravo ! Tu as trouvé le premier indice ! Je suppose que tu n'es pas allée frapper au 23... mais tu devrais, car ceci n'est pas un indice. Il est donc à la 23 ème maison. Car le but est aussi que tu rencontres des gens ! J'ai hâte de te voir, il paraît que tu me ressembles. Je t'aime fort, papa.

- Sérieusement ? questionna Loreline après que je lui ai lu la lettre. Bon bah mets ton manteau et tes chaussures, on y retourne.
- Ok... au fait j'ai acheté des pâtes et il y a une mini cuisine. On fera ça à manger !

      La maison en question était beaucoup plus attirante que la première. La façade était blanche en crepit,  et on pouvait voir des rideaux rouges en velours. On toqua à la porte, hésitantes. Une femme, les cheveux bruns ramenés en chignons grossier au dessus de la tête, le visage fatigué mais l'air heureux, la quarantaine et des yeux bleus nous ouvrit. Elle avait un tablier noué autour de sa taille fine, et portait un chemisier rouge et un jean.
- Qui êtes vous ? questionna t'elle.
- Je suis Garance Arnold, et voici Loreline Surdon. En fait, nous sommes à la recherche...
- D'un indice laissé il y a une douzaine d'années par un certain Nicolas Bictain... complèta Loreline.
- Ah Nico... J'ai fait un ménage de printemps il y a pas longtemps, mais il me semble que je l'ai gardée.
    Je priai intérieurement pour qu'elle l'ai toujours.
- Au fait, je ne me suis pas présentée. Je suis Colline Supieu, ancienne collègue de Nicolas.
     J'aquiesçai sans trop savoir pourquoi, et prit conscience que j'étais gelée. Je me mis à grelotter malgré mon manteau. Loreline s'en aperçu et me frotta doucement les épaules pour me réchauffer. Pendant ce temps, madame Supieu était partie à la recherche de la précieuse enveloppe. Elle revint quelques minutes plus tard, un paquet dans les mains et de la poussière dans les cheveux. Elle s'aperçut que mes lèvres prenaient peu à peu une teinte violacée, et nous invita à entrer.
     La porte d'entrée donnait sur la pièce principale. Celle ci était très chaleureuse, avec beaucoup de coussins, couvertures et tapis. Les murs étaient nus, parcourus cependant par de nombreuses guirlandes aux ampoules multicolores qui donnaient à la pièce son aspect de cocons. Je m'aperçus un peu plus tard, que les tentures colorées qui faisaient office des autres murs étaient en fait des cloisons qui permettaient de séparer l'unique grande pièces en plusieurs compartiments plus petits.
- Asseyez vous à table, nous invita notre seconde hôte.
          Loreline et moi, assez gênées, nous assîmes doucement par terre, autour d'une table basse. Colline apporta trois assiettes blanches, dans lesquelles trônaient une pile de pancakes dégoulinants de sirop d'érable. Elle nous tendit à chacune une assiette, qu'on receptionnait avec joie.
          Nous avons parlé longtemps et avons beaucoup ri, durant cette soirée. Elle était vraiment une personne exceptionnelle. Au moment de quitter ce nid douillet, elle nous donna le paquet, qui ramena une ombre sur mon visage. Durant tout le chemin du retour qui n'était pas long, le silence du village endormi ne fut pas brisé. Mais une fois le seuil de la porte franchi, dès que je m'assis au bureau, je sentis la présence de Loreline, qui était impatiente. Je saisis l'enveloppe,  et commençai à l'ouvrir en glissant ma clé sous le rabat en papier.

un prince t'attend dans les coulisses Où les histoires vivent. Découvrez maintenant