Après cet événement que je passai sous silence jusqu'à l'écriture de ces lignes (pardon, maman), j'ai commencé à me mutiler "sérieusement". Ma meilleure amie et moi pensions que c'était inévitable, que je ne pouvais pas arrêter. C'était pour moi vital de me griffer les bras avec mes ongles que je ne coupais plus afin de pouvoir les utiliser.
Mais au bout d'un moment, les ongles ne suffirent plus. Je voulais passer à l'étape supérieure. Je me sentais frustrée par le peu de douleur que ma main m'infligeait. J'en voulais plus.
C'était à l'époque où la couture m'intéressait. Ma grand-mère m'avait offert une machine à coudre à mon anniversaire, et pour faire mes petites créations, ma mère m'avait donné un pot rempli d'aiguilles et d'épingles à couture.
Un soir, lassée de ce sentiment de frustration, je me suis levée de mon lit pour aller chercher ce pot. Je l'ai posé à côté de moi puis j'ai pris une des aiguilles. Je l'ai regardée longuement, pesant le pour et le contre, les joues baignées de larmes. J'aurais pu ne pas le faire. Mais il y avait cette petite voix, timide au début, qui me soufflait: "Vas-y... qu'est-ce que tu risques? Personne ne t'aime."
Alors j'ai craqué. Après tout, personne ne m'aimait, pas vrai? Même mon copain avait pris la fuite. J'ai rayé ma peau pâle, doucement au début, puis de plus en plus fort. Le brouillard constant de mon esprit est devenu plus épais, mes pensées se mélangeaient, j'étais comme transcendée. Puis soudain, tout se dissipa. Tout était redevenu calme, et j'ai souri et serrant la petite aiguille dans ma main, m'endormant.
Aujourd'hui, j'ai encore du mal à me détacher de la mutilation, de celle qu'on appelle Cat. Elle est encore présente, comme un petit morceau de moi. Je ne recommence que très peu, lors de grandes tristesses, mais je fais tout mon possible pour ne pas retomber dans ses bras que j'ai aimé à tort pendant si longtemps.
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NDA:
L'automutilation est un acte dangereux et annonciateur d'anxiété et de dépression dans la plupart des cas. Si vous vous automutilez, ne gardez pas cela secret. Un ami, un adulte (parents, équipe pédagogique, grands-parents... peu importe) pourra vous aider. Je ne croyais pas à ces mots qui sonnent bateau, mais en parler à ma mère m'a permis d'ouvrir les yeux et de voir à quel point nos cicatrices se reflètent dans les yeux de ceux qu'on aime. Ne le faites pas. Pour eux et pour vous.
Cette partie est très difficile à écrire et à poster. J'avais peur de faire un chapitre pro-cat, de trop m'exposer. Mais pour ma guérison, je décide de sauter le pas quand-même.

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T'es gouine?
Ficción GeneralGouine (n.f.): Homosexuelle (injurieux). Ou quand la violence n'est plus que normalité.