Pendant cette période de ma vie, ma façon d'écrire a beaucoup changé. Je n'écrivais plus pour écrire, je ne voulais plus de longues histoires qui finissent bien. Mes poèmes étaient des appels au secours, mes histoires des critiques de la société.Voici un de mes fameux appels au secours :
« Pleurer toutes les larmes de son corps,
Confondre ses larmes avec du sang,
Les yeux fermés,
Entendre des hurlements de détresse,
Voir du sang couler,
Alors qu'il n'a pas existé,
Entendre des personnes hurler,
Se voir décéder dans cette salle de bain,
Avoir envie de saigner,
De mourir,
Sentir sa respiration s'accélérer,
Planter ses ongles dans sa peau,
Puis griffer, griffer, griffer.
S'endormir en pleurant,
La musique dans les oreilles,
Puis se réveiller le lendemain.
Sentir les traces picoter,
Se rappeler de la veille,
Comme d'un vieux souvenir,
Puis devoir faire semblant d'aller bien,
Créer un faux bonheur,
Et cacher, cacher, cacher.
Se dire que ce soir on se lâchera,
Avoir envie de boire jusqu'à en perdre la raison,
Avoir envie de fuir jusqu'à oublier son nom.
Cette vie que je subis au lieu de vivre,
Cette vie que malgré moi j'ai parfois envie de quitter,
Cette vie, je veux la changer.
Seulement je suis impuissante,
La seule chose que je choisis réellement c'est de me faire mal,
Le physique pour oublier le mental.
Oublier, si bien que soi-même on tombe dans l'oubli.
La musique à fond
Le cœur en miettes,
Le bras marqué,
On m'oublie, on m'oublie, on m'oublie.
Je ne suis qu'un être constitué d'oreilles,
Je ne sers qu'à écouter,
Le reste importe si peu...!
Les nuages de ma tête m'asphyxient,
Et peu à peu,
Doucement,
Lentement,
Je meurs à petit feu.»
Un poème a été révélateur de ce qu'il se passait dans ma tête. «C'est le bordel» (coucou aristys):
«Vide intersidéral
C'est le bordel,
Je crie mais le son est muet
Je me cache mais je suis fluorescente
Les nuages de ma tête sont passées chez le coiffeur
Maintenant ils sont gris
Ça fait un style
C'est le bordel
Inspiration malheureuse
Les cases de ma têtes sont tombées
Tout est étalé a terre
J'ai perdu des objets
Ils sont tombés trop bas
C'est trop le bordel, je m'allonge une éternité qui semble être un moment
"Pour une fois que j'ai confiance en ce que je fais"
Je me hais mais c'est normal, je suis fluorescente, c'est une anomalie
Je peux plus m'arrêter de dire des trucs qui semblent dits au harsard mais qui en fait sont réfléchis
Pour une fois
Vide intersidéral
C'est le bordel
Je me tais mais le son crie
Je suis cachée mais j'aimerais être fluorescente
Les nuages de ma tête sont devenus gris passé
Maintenant ils sont tristes
Et toujours aussi stylés
C'est le bordel
Inspiration hasardeuse
Les cases de ma tête sont fissurées
Un amas de souvenirs est à terre
J'ai jeté des objets
Je ne peux plus les récupérer
C'est décidément trop le bordel,
Je m'allonge un instant qui semble être plusieurs éternités
« Je n'ai pas confiance en ce que je fais »
Je me hais c'est anormal, je ne suis plus fluorescente,
J'aimais cette anomalie
Je ne veux plus m'arrêter d'écrire des trucs qui semblent hasardeux mais pourtant réfléchis
Tout le temps »
Mes poèmes m'effrayaient. Mon livre noir était un défouloir et un fardeau. J'avais envie de le poster, d'appeler à l'aide de façon concrète, mais je m'en empêchais. J'étais terrifiée de ce qui pourrait en découler : des inquiétudes, des larmes, le chaos, et qui sait, une thérapie chez un psychologue ? J'étais sans cesse compressée par ce sentiment de peur, la peur d'être découverte, la peur de faire peur, tout simplement.
Une bonne personne m'a dit un jour «tu es ton propre médicament». En effet, je suis tombée seule dans ce trou noir, je pourrai donc remonter seule. Mais le soutien moral est très important pour moi, afin de réussir à mettre un pied devant l'autre sans m'enliser dans les sables mouvants. Car cette peur irrationnelle est encore bien présente, elle continue de me frapper avec des «et si...?» que je ne supporte plus vraiment. Ce chemin tortueux me semble interminable, pourtant je sais que la fin existe, que le bonheur est à la sortie du labyrinthe. Je m'arme donc de patience et d'un peu d'espoir et je continue d'essayer même si l'équilibre est fragile.

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T'es gouine?
Fiksi UmumGouine (n.f.): Homosexuelle (injurieux). Ou quand la violence n'est plus que normalité.