>NESS
Assise sur le rebord de ma fenêtre, la nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà mais le sommeil semblait s'être résolu à me maintenir éveillée pour son simple plaisir sadique. Comme s'il voulait que ma journée déjà bien merdique se poursuive sur la même note. Je ne me rappelais plus si ma vie avait un jour été agréable. J'avais le sentiment que mon existence était basée sur les moqueries, l'intimidation, les reproches, les malheurs et rien d'autres. J'y étais habituée mais en prendre conscience chaque nuit où le sommeil me faisait défaut me tordait l'estomac.
Je ne me sentais pas à ma place.
Mais que faire pour y remédier ? Qu'importe le lieu où je me rendrais, l'image que je donnerai de moi serait la même, quoi que je fasse. Et mon passé n'était pas prêt de s'effacer, il n'y avait qu'à gratter un petit peu pour trouver toutes les informations glauques sur ma vie. Allant de la mort étrange de mon père à l'internement de ma mère.
Je soupirai en posant ma tête sur le mur et admirai le ciel parsemé de nuages grisâtres, annonçant l'orage. L'air était lourd et humide et la température basse et glaciale. Tout cela rendait la forêt que je voyais au loin toujours plus intimidante. Je ne pouvais qu'apercevoir la cime des arbres qui semblait se mêler à la voûte céleste devenue noire. Elle se balançait lentement au grès du vent, en continuant cependant de dissimuler les secrets gouvernementaux.
Comment cette forêt pouvait-elle paraître aussi... sombre ? Elle semblait presque irréelle, surnaturelle tout droit sorti d'un film d'horreur. Et si... les vieux avaient raison ? Car les légendes sont toujours basées sur une part de réalité, non ? L'esprit maléfique qui tuerait sans pitié et sans raisons existait peut-être...
« Tu délires complètement, ma pauvre », me moquai-je en retournant à l'intérieur de ma chambre.
La fatigue commençait à me faire penser à n'importe quoi. Morphée allait m'emporter avec lui qu'il le veuille ou non. Avant que je ne puisse me coucher, mon téléphone vibra sur ma table de chevet. Je regardai et vis que j'avais un message de Kevin qui me remettait en garde. Je grognai et éteignis mon portable. Il était parti depuis quelques minutes en me rappelant qu'il reviendrait vers trois heures du matin au plus tard. Mais bon, je n'allais pas l'attendre.
Je me couchai alors après avoir fermé la fenêtre et sans m'y attendre, le dieu du sommeil n'opposa aucune résistance.
Une voix. Il y avait une voix, une voix qui me paraissait familière. Elle chuchotait des mots incompréhensibles et inaudibles alors que je courrais pour en trouver l'origine. Le vent me fouettait le visage alors que je traversais les ruines. Cette voix. D'où venait-elle ? A qui appartenait-elle ? Elle se faisait de plus en plus forte, de plus en plus pressante. Qu'est-ce qu'elle disait ? Je voulais entendre, comprendre mais lorsque je vis que j'arrivais à la lisière de la forêt, je me stoppai brusquement, complètement essoufflée, le cœur tambourinant dans ma poitrine. La voix avait arrêté de parler. Je fixais l'intérieur des bois, hésitante. Devais-je continuer ? Ou bien, rebrousser chemin ?
« Ness, tu sais ce que tu dois faire. »
Je sursautai et fis volte-face mais je ne vis personne, simplement la ville qui me suppliait de revenir. Néanmoins, la voix résonna de nouveau près de mon oreille, me paralysant. Je la reconnus. C'était la voix de la Silhouette.
« N'écoute pas ta raison, suis ton cœur, fit-elle alors que des mains caressaient mes cheveux et glissaient le long de mon cou. Il faut que tu traverses. Pour eux. Pour moi. »
Je ne bougeai pas. J'en avais envie ; je ne voulais pas de ses mains sur moi, je ne voulais pas de sa voix dans mon oreille, je ne voulais pas de son souffle sur ma peau. Je voulais qu'il s'en aille, qu'il me laisse tranquille. Mais mon corps refusait de faire le moindre mouvement. Je fermai alors les yeux.
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AU-DELÀ
ParanormalÀ Clupérusce, une loi interdit l'accès à la forêt environnante sans que personne n'en connaisse la raison. Des gens disparaissent, d'autres meurent en raison d'une force mystérieuse émanant de ce lieu inquiétant. Mais l'ordre factice de cette sociét...