Chapitre XI [ partie 2 ]

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>NESS

Un quart d'heure plus tard, nous arrivâmes dans une rue complètement déserte. Et inquiétante. Nous étions passés par le centre-ville et tout était bien plus vivant que dans cet endroit. L'atmosphère était également plus chaleureuse, bien que effrayante pour moi. Ici, c'était le genre de lieu assez glauque qu'on retrouvait un soir de pleine lune. Un soir où les morts revenaient à la vie...

Je me fis frissonner toute seule.

J'étais presque collée à Arnaud, très peu rassurée. Je le fus encore moins lorsque je vis que nous nous rapprochions d'un cimetière. J'aurai dû m'en douter. Les goules n'allaient certainement pas élire domicile dans un lieu accueillant, lumineux et magnifique. Comique. Un immense portail en fer forgé noir se dressa devant nous, accompagné d'un mur en brique rouge aussi grand qui empêchait qui que ce soit de voir de l'autre côté. Un seul coup d'œil entre les barreaux du portail me fit avaler de travers. Sublime... Arnaud me lança un regard inquiet. Je tentai de le rassurer en souriant mais j'étais certaine que j'avais plutôt grimacé.

« Reste derrière moi.

- Je n'allais pas me mettre à courir entre les tombes, rassure-toi », fis-je en serrant les dents.

Il m'offrit un sourire crispé tandis que nous avancions lentement entre les mausolées et les stèles qui se succédaient infiniment comme une prairie mortuaire. La peur commença à s'infiltrer dans tout mon corps, me faisait bizarrement ralentir et regarder tout autour de moi. Je craignais qu'un monstre hideux ne sorte de nulle part. Comme tout être normal. Déambuler dans les cimetières n'était pas mon activité favorite, je préférais de loin me promener dans les ruines qu'entre des morts. Des morts qui avaient été puissants autrefois.

Alors que nous nous enfoncions dans le cimetière, le silence morbide laissa place à des bruits étranges qui me paralysèrent sur place. Au début, il ne s'agissait que de sifflements désagréables qui se murent en bruit de pas vifs. Je trottinai, angoissée jusqu'à Arnaud qui s'était mis à marcher plus vite et le tirai en arrière.

« Arnaud », fis-je, me sentant en danger...

Pour changer.

Au moment où il se tourna vers moi pour me regarder, des rires gutturaux très caractéristiques s'élevèrent d'entre les tombes. Les goules étaient là. Je jetai des coups d'œil inquiets de tous les côtés et aperçus leurs iris rouges luire dans l'obscurité. Comme des gouttes de sang.

« Merde », jura Arnaud en contractant la mâchoire.

Et il avait bien raison de jurer. Une vingtaine de goules apparut clairement autour de nous, dans leur forme squelettique. Recourbées, elles se déplaçaient comme des animaux, presque couchées sur le sol. Certaines surgirent des mausolées clos, d'autres de tombes ouvertes. Mais toutes avaient la mâchoire ensanglantée, dégoulinante d'hémoglobine. Répugnant. Apparement, nous venions de les déranger pendant leur festin. Je n'étais pas sûre qu'elles appréciaient. L'amabilité leur était totalement inconnue.

« Petite proie... Que fais-tu là ? »

Je me raidis. Ludwig... je le sentais déjà sourire dans mon dos.

« Faim. Tu viens t'offrir à nous ? Nous avons faim. »

Je pivotai lentement pour découvrir le chef des goules dans son physique humain. Ou presque. Il possédait toujours son rictus serti de crocs aussi gros que ceux d'un tigre en plusieurs exemplaires. Il jaillit tout à coup devant nous, rapide et nous observa, l'air malveillant. Il attendait sûrement une réponse de ma part mais mes mots semblaient s'être coincés dans ma gorge. Arnaud se chargea de parler pour moi.

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