Chapitre XXIII

40 5 0
                                    

>NESS

Les pizzas furent avalées, les saladiers remplis de bonbons puis de nouveau vides et les films passèrent sans s'arrêter. Les souvenirs revenaient et c'était agréable. Surprenant. Je commentais les dessins animés avec Gabriel, comme avant, en chuchotant puisque les deux férus de Disney ne voulaient pas de bruit. Tout ça dans une ambiance sereine et tranquille qui détonait avec les derniers jours et l'atmosphère de l'extérieur. 

J'adorais ça.

Tout s'enchaînait et les émotions s'enchevêtraient les unes aux autres. Ce petit moment de détente était donc requis pour ma santé mentale.

Mais ne dura pas longtemps...

« Qui peut sonner à une heure pareille ? Un cadavre ?

-  Ortie ! s'exclama Gab, outré, comment peux-tu faire des blagues de ce genre ?

-  J'essaye d'oublier tout ce qui m'arrive.

-  Étrange moyen de le faire. »

Driiiiing.

La personne était en train de s'acharner sur la sonnette. Athénaïs mit pause alors que le bruit horrible persistait et nous empêchait de suivre Pocahontas. Elle se jeta sur ses pieds, faisant valser le saladier de bonbons qui alla s'écraser sur le sol. Cela me fit sursauter et Gabriel éclata de rire ce qui lui valut un regard noir de la sorcière.

« Va voir qui c'est, sale Tigrou moqueur.

-  Ça vaaaaa, j'y vais », ricana Gab en levant les mains devant lui en signe d'apaisement.

Il quitta la bibliothèque et nous entendîmes un juron éclatant qui nous fit tous arquer les sourcils. Émile avala même sa sixième part de pizza de travers. Soudain, la voix de Gab fut accompagnée par d'autres et semblèrent se rapprocher.

« Tu veux que je te parle chinois pour que tu comprennes, trou du cul ?

-  Qu'importe la langue que tu emploieras, je comprendrais. Et je suis certain que tu ne sais même pas la parler.

-  Ne t'inquiète pas Gabriel, nous repartirons vite. Nous voulons juste voir Ness.

-  C'est bien ça le problème, abruti ! Sortez d'ici avant que je vous arrache la tête avec les dents.

-  Ne gaspille pas ton énergie, Evrard. De toute façon, je dois lui parler alors arrête de souffler comme un rhinocéros. »

Gabriel était encore en train de s'énerver sur les deux invités quand ils apparurent enfin. J'écarquillai les yeux en voyant Térance et Arnaud. Tous deux me cherchèrent des yeux et lorsqu'ils me trouvèrent, je lus deux expressions complètement opposées. L'un avait un sourire espiègle qui ne me plaisait guère, l'autre affichait un air gêné et stupéfait. Cela ne m'étonnait pas grandement d'eux mais j'étais tout de même surprise de les voir ici, désirant me parler. Il était vrai que cela faisait un moment que je n'avais pas parlé avec Arnaud et sa gentillesse m'avait manquée. Vraiment ? Et il avait dû être très choqué de découvrir que j'étais loin d'être une sorcière. Peut-être s'en voulait-il d'avoir contribué à me faire connaître de multiples choses sur son monde. Malgré tout, j'arrivais à lire la compassion et la douceur de son caractère dans ses billes or.

En revanche, j'aurai bien aimé ne pas revoir le vampire. Je serrai mes poings en voyant que son regard rusé ne me quittait pas. A quoi pensait-il ? Même si on dit souvent que les émotions sont plus faciles à déchiffrer dans des iris claires, ce n'était clairement pas le cas pour Térance. Il était impossible de savoir l'exactitude de ses pensées.

AU-DELÀOù les histoires vivent. Découvrez maintenant