Chapitre XXVIII

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Bonne lecture 😘
Ayélé 💕

🌙

>NESS

    Il faisait noir. Le silence me retournait l'estomac. Je ne savais pas où je me trouvais. Je me redressai dans mon lit en me frottant la nuque et balayai l'espace sombre des yeux. J'avais l'impression d'être dans le néant. Il n'y avait strictement rien. Puis, lentement, des voix comblèrent le silence tétanisant et des silhouettes plus floues les unes que les autres jaillirent de l'ombre.

    Ma mère. Laure. Danae. Térance. Jehan. Gabriel...

    Tous me fixaient. Tous me haïssaient du regard. Tous parlaient sans bouger les lèvres.

    Faibles mais agressantes, leurs voix se mirent à siffler. Les chuchotements devinrent des hurlements de colère qui me vrillèrent les tympans. Ces cris sonnaient comme des avertissements ou des menaces. Je me plaquai les mains sur les oreilles en hurlant à mon tour, comme si je voulais surpasser ces voix horribles.

« Le monde court à sa perte. Il faut que tu t'en ailles. »

« Ton comportement aura des conséquences. »

« Il faut la tuer ! Vous êtes condamnés. Tu vas crever. »

« Qu'est-ce qui se passera une fois que nous serons dehors ? »

« Tu es à moi et tu dois m'obéir. »

« Laisse-nous ici et fuis loin. Je ne veux jamais te revoir. »

    « Laissez-moi ! Dégagez ! Vous n'existez pas ! Ce n'est qu'un cauchemar, un cauchemar merdique ! m'écriai-je en fermant les yeux, la tête enfouie entre mes bras. »

    Mais les voix continuaient de m'agresser, de me faire comprendre que j'étais un malheur à moi toute seule. Je hurlais de nouveau alors que les visages défilaient encore devant moi, me donnant le tournis, s'incrustant dans ma mémoire floue. Tous répétaient sans se lasser ces phrases lapidaires qui me clouaient contre le sol, qui m'empêchaient de respirer, qui me détruisaient sans pitié.

    « LAISSEZ-MOI ! »

    Je me réveillai en sursaut, la gorge en feu et un cri qui sortait encore de ma bouche sans que je ne puisse l'arrêter. La respiration courte et saccadée, le cœur cognant comme un fou furieux, le corps parcouru de spasmes violents, de chaudes larmes glissaient sur mon visage. Je continuais de crier, la vision complètement floue quand une silhouette arriva en courant dans ma chambre.

    « Ortie ! ORTIE, calme-toi ! »

    Je me décalai vivement, croyant voir encore ces visages agressifs et menaçants. C'était Gabriel. Et il ne voulait pas de moi, il voulait que je m'en aille, il m'accusait de son regard glacial. Il voulut me toucher mais je le repoussai, paniquée jusqu'à ce qu'il pose une main ferme sur ma bouche pour empêcher un autre cri de sortir. Je gémis, horrifiée alors qu'il me forçait à se coller à lui. Il entoura mes épaules de ses bras et m'amena vers son torse. Je pleurais sans pouvoir m'arrêter, mouillant l'entité de son torse, essayant tant bien que mal de me défaire de son emprise.

    Puis mon esprit redevint lucide. J'avais fait un cauchemar. Un simple cauchemar. Ce n'était rien. Hoquetant, je laissai couler l'océan de larmes qui vivait en moi jusqu'à ce que j'en épuise la source. Gabriel me caressait les cheveux et me chuchotait des mots rassurants pour me calmer.

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