Chapitre XXXI

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    « Qu'est-ce qui c'est passé ?

    -  Qui sont ces gens ?

    -  C'est elle qui a tué la meute lunaire ?

    -  Comment va-t-elle ?

    -  Réponds enfin ! »

    J'entendais des voix sans parvenir à savoir à qui elles appartenaient. Je me sentais loin, très loin de ce qui m'environnait. Je planais sur un nuage, dans un cocon doux, agréable, relaxant. Je n'avais plus mal. Et cette chaleur... cette chaleur me donnait envie de sourire. J'étais bien, je n'avais jamais été aussi bien. Quelle était cette sensation ? D'où provenait-elle ?

    « Comment le plan va-t-il fonctionné maintenant ?

    -  C'est un vrai danger !

    -  On ne peut pas l'utiliser !

    -  Elle a tué mes hommes !

    -  C'est une arme, c'est normale.

    -  Nous devons suivre la Noirceur.

    -  Taisez-vous, ma maîtresse dort et si vous la réveillez, je vous exécute. »

    Les voix disparurent.

    Je me redressai et ouvris les yeux. La lumière m'agressa si bien que je dus me couvrir le regard de mon avant-bras. Ma vue s'habitua et je parvins à repérer chaque Sang de Lune. Ils me fixaient tous, assis autour de leur table disproportionnée. Table sur laquelle je reposais. Je clignai plusieurs fois des yeux, sans comprendre. Qu'est-ce que je foutais là ? Qu'est-ce qui m'était arrivé ? De quoi parlaient-ils ?

    Soudain, un mouvement devant moi me fit tourner la tête dans cette direction. Avec une stupéfaction violente, je remarquai la présence de six personnes armées à la manière des soldats d'autrefois, tous semblaient plus ou moins éteints, comme déconnectés, le cou courbé, le regard fixe. Ils faisaient preuve d'une immobilité remarquable. Mais ce qui me choqua le plus fut l'aspect de leur peau : elle était en lambeaux. On aurait dit des zombies.

    « Jeune Maîtresse, est-ce que vous allez bien ? »

    Je sursautai. Une femme en armure se tenait sur une chaise à ma gauche et me dévisageait, la tête penchée sur le côté, entreprenant un long examen de ma personne qui me mît mal à l'aise. Qui était-elle ? Elle était couverte de protections, son corps entier disparaissait sous le métal dégradé par le temps. Sa cuirasse en argent était sale, recouverte de terre et du côté de son flanc droit, elle était salement cabossée, percée. Une drôle de cape déchirée et d'un blanc jauni reposait sur ses épaules et auréolait son armure. J'entrevoyais le pommeau d'une épée sur sa gauche, sous les ondulations du tissu détruit et une étrange marque était dessiné sur le côté de l'arme. Ainsi vêtue, elle ressemblait à une guerrière tout droit sorti d'une autre époque.

    Ses yeux bleu électrique me sondaient avec une intensité déroutante et leur couleur si vivante contrastait fortement avec l'apparence cadavérique de sa peau qui avait déserté sur sa joue gauche, s'effritait sur sa pommette droite, n'existait plus sur le côté droit de son front, laissait entrevoir l'os de son nez... son apparence était à la fois terrifiante et hypnotisante. Je n'avais jamais vu une personne vivante dans un tel état de décomposition.

    Elle plissa les paupières.

    « Jeune maîtresse ?

    -  Je... qui... qui êtes-vous ?

    -  Catastrophe ! Elle ne sait même pas qui c'est ! s'exclama quelqu'un.

    -  Elle était évanouie quand ça c'est passé », intervint Térance que je n'avais même pas remarqué.

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