Assise sur ma chaise en bois, je mastique mon petit déjeuné. Lait et céréales, ça me suffit amplement pour le matin.
Le soleil filtre à travers les fenêtres, et ses rayons viennent éclairer la pièce. Ma mère descend les escaliers un à un, puis s'assoit sur le canapé mollement, allumant la télé. Mon père feuillette son journal, passant son doigt sur sa langue pour mieux faire tourner les pages. Ses lunettes glissent sur son nez, mais il les remonte maladroitement, absorbé par sa lecture.
Je le fixe, me demandant ce qu'il peut bien avoir d'aussi intéressant dans les infos du journal de la ville. Il attrape sa tasse de café puis l'apporte à ses lèvres, avalant quelques gorgées. Il dédaigne enfin relever ses yeux dans ma direction, puis me sourit.
- Qu'est-ce qu'il y a mon bébé ? Me demande mon géniteur.
Je fronce les sourcils, puis rétorque en m'enfonçant dans ma chaise en bois de chêne.
-Je ne suis plus un bébé papa ! J'ai onze ans !
Il rigole, puis repose son journal sur la vieille table que nous avons depuis trente ans. Il croise les bras sur son torse puis caresse sa moustache.
-Je parie que tu veux avoir une info croustillante sous la dent, pas vrai ? M'interroge mon père.
J'hoche la tête, puis gonfle les joues.
-Oh tu sais Sasha, comme d'habitude. Les deux familles de la rues du général se sont encore menacées ! S'exclame t'il en levant les yeux au ciel. C'est encore pour quelque chose de futile, juste un truc insignifiant et ça éclate en une nouvelle guerre. Enfin ça ne m'étonne pas, ils ne se sont jamais aimés et pour n'importe quelle broutille ils sauteraient sur l'occasion pour se mener la vie dure. Et ça depuis des générations. Mais ça n'arrivera jamais à nous, ça ne veut pas dire que notre région est connue pour avoir des habitants barbares, que ça va nous arriver !
Ma mère lâche l'écran de la télévision, pour reporter son attention sur nous. Elle se lève du sofa et se place derrière moi, m'ébouriffant les cheveux.
-Voyons, arrête de dire ça Jack. Intervient ma génitrice.
Alors que mon père allait répondre, le bruit de la sonnette retentit. J'ouvre grand les yeux, puis saute sur mes pieds, laissant en plan mon bol à moitié mangé. J'accours à ma porte, puis l'ouvre à la volée. À peine mes yeux se sont posés sur lui, que je lui saute carrément dessus. Il manque de tomber, mais se stabilise et me sert dans ses bras.
-Aron ! M'écriais-je à pleins poumons.
-On s'est vu hier. Rigole mon ami.
Je glousse dans son dos, puis me détache de lui, un sourire rayonnant sur mon visage. Je fais un signe à mes parents que je vais aller jouer avec lui, puis je referme la porte derrière moi. Avant de partir pour de bon, j'entends mon père me crier d'être de retour pour le déjeuné.
-Ouais, mais c'était trop long. Me lamentais-je, dramatisant la situation.
Aron lève les yeux au ciel, tout en me pinçant la joue. Il passe son bras par-dessus mes épaules pour me rapprocher de lui, puis nous commençons à marcher.
-On vas jouer dans ton jardin, ou dans le mien ? Me demande-t'il, penchant la tête sur le côté, s'arrêtant en plein milieux du trottoir.
Je pose mes doigts fins sur mon menton, puis réfléchis. Après quelques secondes d'hésitation je tourne ma tête vers lui puis étire mes lèvres, affichant toutes mes dents.
-Dans le tien ! Parce-que t'as un toboggan et une balançoire.
-Ah, donc tu profites de moi ? S'indigne t'il faussement, un sourire taquin sur les lèvres.
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Ennemis
Romance« 6 novembre 2012, mon oncle assassiné. -Le coupable ? Le père de mon meilleur ami, Aron. -Depuis ? Il me déteste. -Pourquoi ? Seul lui en a la réponse. Mais maintenant nous sommes de profonds ennemis, comme deux nations se déchirant dans une...