Je tremble de toutes parts et renifle à plusieurs reprises. Ma main se pose sur la poignée de la porte alors que j'entends au loin la sirène d'une voiture de police. Depuis plusieurs années les crimes au sein de la région ont doublé sans aucunes raisons, ce qui fait que les forces de l'ordre interagissent fréquemment. Et ça depuis bizarrement le jour de la mort de mon oncle..
Je sais que je pousse un peu loin avec cette histoire, mais elle ne se terminera jamais et continuera de me hanter jusqu'à la fin de mes jours.
Je chasse le peu de pensées qui m'ont traversé la tête et souffle. J'ouvre ma porte et rentre à l'intérieur de ma maison. J'accroche ma veste trempée sur le porte manteau et enlève machinalement mes chaussures. Mes gestes sont lents, robotiques.
Je m'approche du salon et vois ma mère assise sur le canapé. La télé en fond sonore annonce justement que la police est intervenue sur un braquage de banque pas loin, les malfaiteurs ont réussi à s'échapper.
Lorsque que mes yeux se posent sur elle, aucune émotion ne me traverse à l'idée qu'elle est rentrée plus tôt. Sa présence ne me fait rien. À mon habitude, je serai heureuse de la voir et lui offrirai un câlin, mais là, rien. Le néant.
Je passe mon chemin et ne prends pas la peine de prononcer un mot. Mon regard est vide et mes cheveux retombent devant mon visage.
-Sasha ! Comment ça se fait que tu rentres plus tôt ? Tu ne devrais pas être en cours ? M'interpelle ma mère.
Je me stoppe dans ma marche et reste droite comme un i. Devant mon mutisme, ma génitrice se lève et se rapproche de moi. Sa main se pose sur mon épaule et elle penche sa tête vers la mienne.
-On en reparlera plus tard, ce n'est pas le plus important... Elle marque un temps de pause, l'air de réfléchir à quelque chose. Ses traits sont tirés, comme si elle était fatiguée et tendue.
-Écoute ma chérie, on va devoir faire un tour au bureau de police.
L'information parvient jusqu'à mes oreilles, mais pourtant je ne bouge pas et ne réagis pas le moins du monde. Je reste stoïque à regarder dans le vide.
-Ça peut paraître inattendu, mais c'est en rapport avec ce qu'il s'est passé il y a 6 ans.. Continue t'elle d'une voix calme, mais le fait que sa main se resserre sur mon épaule trahit l'image posé qu'elle veut me donner. L'affaire n'est apparemment toujours pas terminée, et ils veulent t'interroger. Je n'en sais pas plus.. Reprend t'elle après quelques secondes.
Aucun son ne sort de ma bouche suite à ce qu'elle me dit. Je suis toujours dans la même position et rien ne se passe dans mon esprit. Mon visage neutre et dépourvu d'émotion se tourne vers elle.
-Ça m'arrange que tu sois rentrée plus tôt, dans tous les cas je serai venue te chercher au lycée. On va partir maintenant. Termine ma mère en tournant les talons tout en m'incitant à la suivre.
Mon corps bouge de lui même et mes pieds s'avancent tous seuls. Je ne prends même pas la peine d'enfiler ma veste et sors dehors pour rejoindre ma mère qui rentre dans sa voiture, ayant maladroitement enfilé mes chaussures.
J'ouvre la portière et m'engouffre dans l'habitacle. Le moteur gronde et l'air se réchauffe petit à petit. Mes yeux sont rivés droit devant, fixant le néant.
La voiture se met en route et roule sur le chemin. On traverse les rues de la ville animés par les habitants alors que le silence plane au dessus de nous. Le paysage défile devant mes yeux, voyant des gens qui ont l'air heureux, rigolant et souriant.
-Que t'arrive t'il Sasha ? Tu n'es pas normal aujourd'hui. Me demande ma génitrice en me regardant furtivement par le rétroviseur.
Le son de sa voix ne me parvient à peine. Seul le bruit de ma respiration lente résonne dans mes oreilles. Je suis anormalement calme.
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Ennemis
Romance« 6 novembre 2012, mon oncle assassiné. -Le coupable ? Le père de mon meilleur ami, Aron. -Depuis ? Il me déteste. -Pourquoi ? Seul lui en a la réponse. Mais maintenant nous sommes de profonds ennemis, comme deux nations se déchirant dans une...