Je le sens frissonner contre ma peau. Il bouge quelque peu, puis se stoppe et reste immobile un instant. Des larmes coulent le long de mes joues sans aucun bruit, je ne peux les stopper. Je baisse la tête le plus possible pour qu'il ne me voit pas dans cet état, mais mes sanglots étouffés me trahissent.
Je m'acharne sur l'intérieur de ma joue alors qu'un silence pesant règne dans l'atmosphère. Seul le bruit de nos respirations résonne dans la pièce dépourvu de gaité.
J'ai l'impression qu'Aron a un cœur de glace. Il doit sûrement être entrain de se foutre de moi intérieurement, et à mon avis il ne va pas tarder à m'envoyer bouler et à m'insulter.
C'est pourquoi je profite, ça fait tellement longtemps que je n'ai pas été si proche de lui..
S'il savait.
Se rend t'il seulement compte que je souffre énormément ? Non, bien sûr que non, il s'en fout royalement, il me déteste autant que moi je le déteste.
Enfin, c'est ce que j'essaye de me convaincre..Un rire nerveux s'échappe de la barrière de mes lèvres alors que mes doigts se crispent sur son t-shirt. Je relève doucement la tête, essuyant furtivement d'un revers de manche mes larmes qui ont maintenant arrêté de couler.
Je suis naïve, c'est peine perdue.Chancelante, je me relève difficilement, mes genoux vibrant. Aron me fixe, aucune expression sur le visage. Ses yeux sont neutres et ils me sondent profondément.
Je m'appuie sur le dossier d'une chaise tout en passant ma main dans mes cheveux en les mettant en arrière. Je ressens un profond malaise qui tambourine dans ma poitrine. Mes battements de cœur résonnent comme un écho lointain dans mes oreilles.Je fais pitié. Comment j'ai eu l'audace de lâcher une larme et de succomber devant lui ?! Je suis désespérante et pathétique.. Le pire, pourquoi n'a t'il pas réagit quand je me suis appuyée contre son torse ? Je ne le comprends pas, il est tellement imprévisible. D'un coup il me menace, de l'autre il se tait et se laisse faire.
Soudainement, la sonnerie retentit, coupant court à mon courant de pensées et cassant le silence. C'est alors que le brun prend appuie sur ses genoux et se relève lentement, se rapprochant de moi tout en gardant ses yeux océans encrés dans les miens. Au fur et à mesure qu'il marche dans ma direction, mon esprit se vide et devient d'un blanc immaculé. Les taches noires qui y étaient encore présentent jusque là, s'estompent.
Les sons des élèves qui sortent des classes et qui marchent tout en discutant dans les couloirs, ne me parviennent que comme des bourdonnements futiles.
Sa main se pose alors elle aussi sur le rebord du dossier de la chaise, à seulement quelques centimètres de mes doigts. Je ne saurai décrire ce qu'il lui passe par la tête. Tout ce que je peux faire après ce qu'il vient de se passer, c'est rester immobile et attendre. Attendre quoi ? À vous de me le dire. Moi même je ne sais pas.
Son visage se dirige très doucement vers le mien, son souffle chaud s'abat sur mes lèvres entre-ouvertes et me chatouille la joue. Mon cœur bat à tout rompre et propulse à une vitesse affolante mon sang dans mes veines. C'est alors qu'Aron se stoppe à seulement cinq centimètres de mon visage. Ses deux billes bleus restent profondément perdues dans les miennes. Pour la première fois depuis des années, je plonge inconsciemment et me noie dans son regard. Une étrange sensation s'écoule tout le long de mon être. Sa main gauche se lève et se dirige vers mes pommettes. Ses doigts se posent sur ma joue et son pouce vient essuyer les résidus d'une larme.
Quelque chose d'invisible me cloue au sol et empêche mes pensées de fuser dans tous les sens. Quelque chose empêche mes membres de bouger et de surement s'abattre sur lui.
Quelque chose empêche mes cordes vocales de prononcer des mots sanglants.
Quelque chose m'empêche d'agir. Mais quoi ?-Sasha.. Me murmure Aron d'une voix qui m'a l'air désespérée, comme s'il voulait me dire quelque chose d'autre.
-Recule. Murmurais-je, mais il ne bougeait pas d'un poil.
La tension monte d'un cran et nos souffles se mélangent. Certaines de ses mèches rebelles frôlent mon front et me taquinent l'épiderme. J'ai chaud et je déglutis péniblement. Ses lèvres sont tellement proches des miennes que tout s'estompe autour de nous.
Soudainement, la porte s'ouvre brutalement sur quelqu'un. Je sursaute et reviens rapidement à mes esprits. Le brun recule, confus, puis tourne rageusement la tête vers celui qui vient d'entrer.
-Que-.. Nolan ?! Demande t'il, alors que le grand blond nous regarde les yeux écarquillés et le souffle coupé.
Oh non, surtout pas lui ! Je me dégage et pousse un peu Aron en me précipitant vers la porte d'un pas rapide. Je fonce tête baissée vers la sortie. Mes longs cheveux châtains cachent mon visage et retombent devant moi. Je m'empresse de passer le seuil de la porte alors que Nolan attrape vivement mon bras, me regardant avec stupéfaction.
-Tu foutais quoi avec cette folle, Aron ?! S'exclame t'il tout en me lorgnant de la tête aux pieds.
Je regarde furtivement le concerné, qui lui n'a pas lâché ses yeux envoûtants de ma personne.
Il est stoïque, planté au plein milieu de la pièce et n'écoute pas un traître mot de ce que dit son meilleur ami. Il a complètement l'air perdu, tout comme moi.Une mini décharge électrique me traverse.
Je secoue le bras, me libérant de son emprise et crache rageusement à l'intention de Nolan.
-La folle t'emmerde et espère que tu vas crever !
Sans un regard en arrière, je pars précipitamment en m'engouffrant dans le raz de marré qu'est les étudiants. Je me faufile entre les personnes qui se bousculent pour aller en cours. Je m'arrête devant mon casier et m'appuie lourdement dessus, reprenant peu à peu ma respiration que j'avais coupé quelques secondes auparavant. Mes yeux ouverts en grands fixent machinalement le sol.
Bordel, putain de bordel de merde.
Mais que vient-il de se passer ?!
Sayhnn
Chapitre en retard? Oui, je sais, mais cette semaine je n'ai vraiment pas eu le temps, désolée.
J'attends avec impatience vos retours sur ce chapitre!
Que s'est-il donc passé entre Sasha et Aron à votre avis ?
Nolan ?
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Ennemis
Romance« 6 novembre 2012, mon oncle assassiné. -Le coupable ? Le père de mon meilleur ami, Aron. -Depuis ? Il me déteste. -Pourquoi ? Seul lui en a la réponse. Mais maintenant nous sommes de profonds ennemis, comme deux nations se déchirant dans une...