Chapitre 4

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Mon réveille se met à sonner en faisant un bruit infernal, me sortant du monde des songes. J'ouvre brutalement les yeux et me réveil en sursaut. Ma respiration est forte et je suis en sueur. Je passe maladroitement ma main dans mes cheveux et reprends peu à peu mon souffle. Des spasmes me parcourent alors que je regarde fixement mon téléphone qui produit le bruit de ma sonnerie.

Encore un cauchemar.

Depuis six ans, cette journée me hante. Le meurtre de mon oncle et la décomposition de ma famille me rend dingue.
Tous les soirs je fais toujours ce même cauchemar. Ces images horribles défilent devant mes yeux en me narguant mesquinement.

J'avale difficilement ma salive et éteins maladroitement mon réveil. Je me tourne et pose mes pieds au sol. Le contact du parquet froid contraste avec ma couverture chaude. Je me lève et me dirige en bas en descendant mollement les escaliers. Le parquet grince sous mes pas, faisant un bruit sordide.

Le salon est vide, aucune âme présente dans la pièce. Je soupire et m'assois sur le canapé en fermant les yeux.

Je me rappelle quand j'étais petite. Mon père était assis dans son fauteuil entrain de lire son journal. Ma mère, elle, me donnait mon petit déjeuner et me demandait si j'avais bien dormit. Mais ça, c'était il y a bien longtemps. Cette époque est révolue.
Du haut de mes seize ans, j'ai oublié ce que ça fait d'avoir un câlin de la part de ses parents, de recevoir un mot, une phrase, une intention de la part de mes géniteurs. Plus rien n'est comme il y a six ans.

Sans la moindre once de détermination, je mange un petit déjeuner et me précipite dans la salle de bain pour me laver, m'habiller et me préparer pour les cours.
Devant le miroir, je jette un coup d'œil à mon reflet. Mes cheveux châtains autre fois courts, arrivent maintenant au creux de mon dos. Mes cils noirs encadrent mes yeux noisettes. Ma peau de base claire, paraît livide. Mes cernes creusent mon visage et me donnent l'allure d'une déterrée.

Rien qui vaille.

Je descends rapidement les escaliers en attrapant à la volée ma doudoune noire. J'enfile mes chaussures et balance nonchalamment mon sac sur mes épaules. Je fixe la porte pendant quelques secondes, restant immobile. Des souvenirs me reviennent. Ses yeux envoûtants apparaissent devant les miens, son sourire enfantin l'accompagnant avec. J'essaye de chasser le visage de celui qui m'a brisé et que je déteste du plus profond de mon âme.

Les sourcils froncés, j'ouvre la porte et la claque derrière moi. Une bourrasque de vent me fouette et fait danser ma longue chevelure marron claire.

Je fourre mes mains dans mes poches après avoir mis mes écouteurs et lancé ma playlist.
Je marche d'un pas rapide sur le chemin de l'école. Je baisse la tête en passant devant les voisins qui me regardent avec pitié. Je déteste la pitié, j'en ai pas besoin, surtout quand elle est hypocrite et qu'après on me met un poignard dans le dos.

Au loin, je vois les grilles du grand bâtiment scolaire. Plusieurs lycéens passent à côté de moi en discutant joyeusement du week-end qu'ils ont passé. Je les ignore en pressant le pas. De plus en plus j'arrive près du grillage, plus ma boule au ventre augmente à l'idée de le voir.

Je tente de voir une tête aux cheveux volumineux et crépus et une autre tête aux cheveux noires corbeaux et incroyablement lisses. Une main se lève et je croise enfin le regard d'une de mes amies au loin. Un fin sourire fend mes lèvres et je marche dans leur direction.

C'est alors qu'une voix mesquine s'élance dans les airs, m'interrompant et me donnant des frissons.

-Sasha, sasha, sasha... Toujours toute seule ?

Je me retourne en serrant les poings. Je souffle d'agacement en voyant le visage de celui qui me tourmente depuis plusieurs années.

-Qu'est-ce que tu me veux ? M'exclamais-je en me pointant devant le grand brun aux yeux bleus qui se tient devant moi.

EnnemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant