Chapitre final

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Le coup de feu retentit, un corps s'échoue sur le sol.

De grande lumière bleus et rouges m'aveuglent quelques mètres plus loins. J'arrive à distinguer des voitures s'arrêter devant nous, puis un policier descendre d'un des véhicules une arme pointée vers quelqu'un. Je me stoppe alors quelque secondes, regardant ma mère se tenant la jambe dégoulinante de sang, écroulée au sol. Mes yeux restent scotchés sur la scène, voyant les policiers accourir vers ma génitrice, la menotté, et faire de même avec les trois autres hommes présents.

Ces images passent au ralenti devant moi, les divers sons s'étouffent et ne deviennent que des bourdonnements. Je croise alors le regard glacial et sans aucun remord de celle qui m'a mise au monde.

Un long frisson me traverse la colonne vertébrale et une décharge électrique se forme dans l'intégralité de mes terminaisons nerveuses. Je reste stoïque, n'osant bouger.

Je sens alors une main chaude m'attraper le bras, puis me retourner vivement. Ma vision est floue et j'ai du mal à reconnaître la personne en face de moi, comme si j'étais sous l'eau.

-Sasha, sasha ! S'écrit une voix masculine qui vient se percuter dans mes oreilles. Ce sont maintenant deux mains qui se posent sur mes épaules frêles. Je sors de ma transe quand deux billes bleues claires fondent dans les miennes.

-Partons, c'est le moment ou jamais ! S'exclame Aron, ses doigts se resserrant sur ma peau.

J'ouvre grand les yeux, puis nous nous mettons à courir, courir loin de la présence maudite de ma mère, courir loin des interrogatoires interminables des policiers, loin des problèmes, du malheur, de la souffrance, de la rancoeur.

Mes pieds enfoncés dans mes baskets, ils s'écrasent vivement sur le sol et m'entraînent à la suite du brun. Ses doigts sont venus s'entrelacer dans les miens et ils m'attirent vers lui. Mon souffle s'accélère au même rythme de mes battements de cœur. Je sens un poids sur mes épaules se libérer et s'en aller. Mon corps paraît plus léger, même si autour de moi c'est le chaos.

Nous continuons de courir, tournant dans plusieurs rues de la ville, évitant les passants. Nous accélérons notre course, l'adrénaline parcourant chaque parcelle de ma peau. Nous arrivons dans la grande rue menant à chez moi. Quasiment personne s'y trouve à cause du froid et du mauvais temps. Les nuages recouvrent tellement le ciel que l'obscurité s'installe et certains lampadaires sont allumés.

Une légère brise vient faire virevolter ma chevelure et la prise d'Aron sur ma main se presse d'avantage lorsqu'il regarde quelqu'un au loin.

Je plisse les yeux, puis quand j'identifie l'homme je diminue la cadence et ralentis considérablement. Je me trouve maintenant à quelques mètres de lui. Il me regarde, les yeux bouffis, les cheveux en pagailles, ses habits froissés.

Aron et moi s'arrêtons, gardant nos yeux vissés dans ceux de mon père. Il fait un pas dans notre direction, je ne bouge pas.

-On vient de m'informer de la situation... Lâche t'il doucement, d'une voix tremblante. Je-je ne sais pas comment réagir tellement que je suis déboussolé. M'avoue t'il, la tête baissée vers le bas.

Aucun son ne sort de ma bouche. Je me contente de le regarder, les bras pantelants et le long du corps.

Il se rapproche de moi, puis m'enlace tendrement, ses bras me pressant contre lui. Ce gouffre formé par l'absence paternelle ces dernières années est toujours présent, mais je ne peux m'empêcher de me sentir légèrement mieux dans cette étreinte.

-Sasha, si tu savais comme je suis désolé de n'avoir rien vu venir. Si j'avais su j'aurais agis et t'aurais amené avec moi loin de ta maudite mère et de cette ville. Pardonne moi, je t'en prie. Me chuchote t'il.

EnnemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant