Chapitre 7

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(Mathieu en média)

J'en reviens pas de la facilitée avec laquelle j'ai réussi à la faire parler. C'était inésperé. Je pensais que j'allais devoir insister, la forcer, mais non. C'est presque frustrant. Elle devais avoir besoin de parler, ou juste que ça lui est égal, en fin de compte.

Ou alors elle a sortit un gros mensonge.

Est-ce qu'elle serai capable de mentir aussi bien ? Je ne pense pas. Elle m'a déjà demandé quelque chose dans le genre "est-ce que je t'ai déjà dit quelque chose que je ne pense pas ?". C'est peut-être pour ça qu'elle ne parle pas beaucoup. Parce qu'elle ne veut pas dire quelque chose qu'elle ne pense pas.

Quand j'arrive mardi, tout se passe normalement. On dirait qu'elle a oublié ce qu'elle m'avait dit.

   - On va chez toi ce soir ?

Elle relève la tête de son plateau et me regarde avec un léger froncement de sourcils.

   - Pour l'exposé d'Histoire ! Ou sinon ou retourne chez moi.

Elle approuve. La perspective que j'aille chez elle ne semble pas l'embaler. Et moi c'est celle que je n'y vienne pas qui me blesse un peu. Elle ne me fait pas encore assez confiance pour ça, apparement.

   - On fait comme hier ?

   - Tu as ton scooter.

Ce n'est même plus une question, c'est une affirmation.

   - Euh, oui, mais tu peux quand même venir en bus, si tu veux.

Elle semble réfléchir, puis dit finalement :

   - Je préfère autant venir avec toi.

Je m'illumine de l'intérieur, tandis que j'affiche seulement un air enjoué.

   - Ok.

Je recommence à manger mes haricots-chipolatas mais je relève les yeux après ma première bouchée, et constate qu'elle m'observe, la tête légèrement penchée sur le côté gauche, et quand elle remarque que je l'ai vue, son regard devient rieur et elle replonge dans son plateau. Je passe le reste de mon repas dans l'incompréhension et le questionnement. Si c'est le fait que je sois heureux qu'elle soit avec moi qui l'amuse, je vais commencer à penser qu'elle se moque de moi.

Rien que de l'imaginer en train de se moquer de quelqu'un ne colle pas avec son apparence et son comportement, et je reste assez perplexe.

Arrivé à la fin du repas, elle rejoins Charlène, Agathe et Alicia, et moi Darryl et Mathieu. J'en profite un peu car Layla n'est pas là, et c'est peut-être égoïste de ma part, mais je préférais quand il était célibataire, au moins je n'avais pas à me coltiner ses plans culs.

Ils sont d'ailleurs en train de se chamailler à propos de filles. Intéressé, je tente de comprendre la conversation.

   - Mais si ! Je te dis qu'il la kiffe ! Assure Darryl.

   - T'es sûr ? Parce que c'est vraiment trop bizarre.

   - Mais oui je suis sûr ! Il s'en rend même pas compte en plus, le con. Il a dix meufs à ses pieds et il choisit la plus compliqué !

   - Bah c'est sûr que te peux parler, toi ! T'as vu ta meuf ? Se moque Mathieu

   - Qu'est-ce qu'elle a ma meuf ? Dis Darryl, sur la défensive.

   - Elle est trop chiante, voilà ce qu'il y a !

   - J'ai rien compris à votre dispute, mais c'est vrai que ta copine est un peu chiante, m'incrustai-je.

Les deux sursautent en me voyant et Mathieu se met à bredouiller des trucs incompréhensibles, tandis que Darryl semble avoir oublié qu'on vient de critiquer sa petite amie. Je fronce les sourcils.

   - Bah quoi ?

Mathieu dit encore quelque chose que je ne comprends pas et Darryl répond :

   - Rien, tu nous as fait peur !

Sceptique, je le regarde comme si je pouvais lire en lui, mais la seule chose que je vois c'est mon meilleur ami qui ne sais pas quoi répondre. C'est étrange.

   - Vous parliez de qui ? Tentai-je.

   - Ho d'un mec, tu connais pas.

Je fronce les sourcils.

   - Que je connais pas mais que vous connaissez tout les deux ?

   - Ouais, c'est ça.

   - Et vous le connaissez d'où ?

   - D'un camp d'été.

Pardon ?...

   - Depuis quand vous allez à un camp d'été ?

   - Depuis... depuis l'année dernière.

   - Mais l'année dernière on était en vacances ensemble.

Il rougit violement et se tait. Matthieu enchaîne.

   - En fait on y est allé juste une journée, on s'est fait renvoyer après.

Je trouve ça de plus en plus bizarre. Mon cerveau a du mal à suivre et réfléchis à toute vitesse. Je suis parti en vacances sur la côte Ouest avec Darryl, ses parents et les miens, comme presque tout les ans. On a passé le reste de nos vacances chez l'un ou chez l'autre. Les rares jours où on ne s'est pas vus, c'est qu'on était dans notre famille. M'aurait-il caché qu'il était allé en camp par honte ou ils ont sortit un gros mensonge ?

Mathieu y est peut-être allé, on s'est pas vu beaucoup cet été, juste pour la fête de fin d'année et quelques fois où on traînait on ville.

Je décide de mettre cette histoire de côté. Après tout je m'en fous pas mal qu'un mec que je ne connais pas aime une fille que je ne connais certainement pas non plus. S'ils n'ont pas envie que je sache qui c'est, ce n'est pas mon problème, je n'ai pas l'habitude de m'occuper de ce qui ne me regarde pas.

La pose déjeuner se termine sans que je pense encore à cette histoire, rangé dans un tiroir de la mémoire marqué "inutile". Ce tiroir est très utile, d'ailleurs. Il m'a permis d'y ranger des insultes, des souvenirs dont je ne souhaite pas garder de traces,... Ça sera oublié d'ici quelques semaines, voir quelques jours, sauf s'ils en reparlent.

La MystérieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant