Chapitre 8

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À la fin de l'après-midi, après les cours, je me pose à côté de mon scooter pour attendre Darina. Je commençais à m'impatienter et m'apprêtais à l'appeller quand elle arriva, les yeux rougis.

- Ça va ?

Elle acquiesça.

- Sûre ?

- Si tu continue à m'emmerder avec tes questions, je m'en vais, répliqua-t-elle froidement.

Surpris, je me contente de hocher légèrement la tête. Je ne l'avais jamais entendue dire de gros mots. Je démarre, monte et lui indique d'en faire autant. Elle n'hésite pas une seule seconde et grimpe derrière moi. Je m'attendai à ce que ses bras s'enroulent ou au moins se posent sur la taille, mais non, rien. Je regarde dans le rétroviseur et le tourne doucement vers elle et remarque qu'elle a les bras croisés devant sa poitrine, comme si de rien n'était, et certainement pas comme si elle était assise à l'arrière du deux-roues d'un mec inconscient et dangereux qui ne prend même pas la peine de lui donner un casque.

Je gardai cette réflexion pour moi et remis le rétro en place, je n'avais pas envie de me disputer avec elle, alors qu'on allait bosser sans doute pendant une bonne heure.

Arrivé à l'appartement, Darryl était affalé sur le canapé et se goinfrait de bonbons en regardant la télé. Je m'avançai sans bruit par derrière et plongea ma main d'un coup dans le sachet d'Haribos piquant. J'en retirai une pleine poignée et rigolai en l'entendant râler.

- Sérieux ? C'est moi qui les ai payé !

J'enfournai un bonbon dans ma bouche et ignorai sa remarque avant d'en proposer à Darina, qui nous regardait d'un air surpris et amusé. Elle secoua la tête et précisa :

- C'est très mauvais pour la santé.

- Peut-être mais c'est bon.

Elle leva les yeux au ciel et me suivit dans ma chambre. Elle posa son sac sur mon bureau pour en extraire de quoi travailler et j'en fis autant. Je pris son sac et le mien pour les mettre par terre. Elle m'adressa un regard reconnaissant puis on commença à travailler, avec moi mangeant les quelques bonbons qu'il me restai.

Au bout d'à peine quinze minutes, son portable vibra un coup d'abord, et elle l'ignora, mais quand il se mit à vibrer furieusement elle fronça les sourcils et le pris. Quand elle vit qui était la personne, elle lâcha un "merde" et s'excusa pour décrocher.

Ça dura plusieurs minutes, durant lesquelles je relis ce qu'on venait de faire. Elle revint enfin et me dis :

- Je suis vraiment désolée mais je dois rentrer.

Je remarquai que sa mâchoire était serré et qu'elle avait bien pâli.

- Tu veux que je te raccompagne ?

Elle ne dit rien pendant quelques secondes, débattant certainement le pour et le contre, mais accepta finalement. Je ramassai nos manteaux et son sac et sortis de la chambre.

- Darryl, je ramène Darina, Ok ?

Il n'avait pas bougé d'un pouce depuis tout à l'heure et c'est à peine s'il réagit. Je lâchai un soupir de désolation et enfilai ma veste, avant de tendre l'autre à Darina.

Sur le scooter, elle me guida à travers les rues, jusqu'à un quartier de lotissement des années 2000, aux maisons toutes petites. Elle me tapota le bras devant une maison à la petite courette en apparence abandonnée. Je coupai le moteur, elle descendis en vitesse, me lâcha un petit bye et s'engouffra si rapidement dans la maison que je n'eu pas le temps de répondre.

Je restai une dizaine de minutes un peu hébété à détailler sa maison et à essayer de deviner ce qu'elle pouvait bien avoir de si important, avant qu'elle ne ressorte sur le pas de la porte.

- Qu'est-ce-que tu fais encore là ? Tout va bien, ne t'inquiète pas.

Je la dévisageai quelques secondes. Elle avait les yeux très rouges et elle semblait se retenir de renifler et même de pleurer. Elle avait une attitude vouté.

- Je..Je suis désolé. Je m'en vais.

Elle aquiesça, puis me dit, un peu hésitante :

- On remet ça à demain ?

Puis :

- Ici, si tu veux.

Je réstai bouche bée. Je bredouillai un truc incompréhensible qui fit sourire ses yeux. Elle secoua la tête et re-rentra chez elle.

Wow.

Alors si je m'attendais à ça.

Je dû me faire violence pour me comporter normalement et rentrer à l'appartement. J'avoue que je ne sais même pas comment j'ai fait pour ne pas me faire renverser par une voiture avec ma tête à l'autre bout du pays. Mais j'y suis tout de même arrivé et, une fois dans ma chambre, je m'étalai sur mon lit comme une grosse merde en lâchant un long souffle, pour évacuer la pression que je n'avais même pas vu monter.

Je regardai l'heure et remarqua qu'il était déjà dix-neuf heure trente et mon ventre se mit à gronder pour me rappeler que je n'avais pas mangé depuis midi, mis à part les quelques sucreries de Darryl. Je grognai et me fis violence pour me lever et aller à la cuisine préparer ou au moins chercher quelque chose pour remplir mon estomac.

Plus de chips, plus de biscuits.

Je dénichai un sachet de pâtes et une casserole dans le placard, que je remplis d'eau puis je la posai sur la plaque de cuisson.

Comment marche ce machin ?

Alors, alors. Là, me bouton allumer et là pour monter ou baisser l'intensité. Ça se dit comme ça, au moins ? Punaise, j'ai toujours été nul en physique-chimie. Même si ça ne m'apprendra pas à faire cuire des pâtes.

Après quelques minutes de cuisson désastreuse, j'égoutai mes pâtes trop cuites en faisant tomber le quart dans l'éviter. Je les mis vite dans un bol avant de les faire traîner partout.

Je me réfugiai à nouveau dans ma chambre mais me relevai rapidement en remarquant que je n'avait pris ni eau ni couverts.

Pendant un moment, je regrettai ne pas être avec papa et maman qui m'aurait préparé à manger, mit la table (quoique ça je le faisais)... Je n'aurai pas eu à me soucier de comment marchait la plaque de cuisson ni de combien de temps il fallait laisser les pâtes dans l'eau pour qu'elles soient cuites normalement. Mon père essayait vainement de m'apprendre quelques trucs simples en cuisine, qui se finissaient toujours dans le désastre le plus total. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais c'est contre moi : je ne suis vraiment pas fait pour cuisiner.

La seule conclusion qu'avait tiré mon père était qu'il fallait que je trouve une fille capable de faire à manger, ou je serai condamné à manger des plats surgelés toute ma vie.

La MystérieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant