Chapitre 19

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Comment est-ce que j'ai pu croire que c'était la bonne chose à faire ? J'ai tout gâché, tout ce qui c'était passé, tous ces bons moments et ces discussions, tout. Juste avec une phrase. Quelques mots, et elle s'est renfermée sur elle-même et m'a ordonné de partir.

J'aurais dû attendre. Attendre encore longtemps, c'était beaucoup trop prématuré.

Je lui ai envoyé une tonne de messages, mais ils sont restés sans réponse. Elle ne m'a pas bloqué, c'est déjà ça. Peut-être qu'il y a encore une chance, une toute petite chance pour que je m'explique.

Dans mes messages j'ai essayé de l'amadouer, je me suis excusé beaucoup trop de fois, je l'ai supplié de me pardonner et d'oublier ce que j'ai dit, avant de me contredire en disant que, bien sûr, elle ne pouvait pas oublier, et puis de toute façon c'était toujours le cas.

Je ne sais pas si je comprends sa réaction. La seule explication logique que je trouve est que ce n'est pas réciproque et qu'elle ne souhaite plus avoir de contact avec moi.

Comme d'habitude, je me suis confié à Darryl, qui a tout raconté à Layla et ils ont essayé de me réconforter comme ils le pouvaient, mais je ne pleurais même pas. J'étais juste vide, et je le suis toujours.

Puis, Layla a trouvé tout un tas d'autres raisons pour lesquelles elle m'aurai jeté. Celle qui me plaisait le plus, c'était l'hypothèse qu'elle était surprise que ce soit réciproque et ça l'avait trop ébranlé. Mais l'espoir m'avait déjà quitté et je n'y croyais pas du tout.

Mais je rêve encore de ses baisers et de la sensation de bien-être qui se répandait en moi lorsque je l'embrassais. J'avais l'impression que ça n'allait jamais se reproduire, et ça me rendais triste et nostalgique. Ça faisait déjà trois jours qu'elle m'avait clairement mit un râteau, alors pendant ce temps j'avais fait mes devoirs, que je n'avais pas commencé à cause de Noël, du premier de l'an et de la flemme qui s'était emparé de moi.

Sauf que dans cinq minutes, je serai en cours et je devrai l'affronter. Enfin surtout affronter ma stupidité, en fait.

Je gare mon scooter et suis Darryl comme un automate, parce que c'est tout ce dont je suis capable pour l'instant. À la pensée que je vais la voir pendant toute la journée, mon cœur se serre, parce qu'elle ne me laissera pas l'approcher, je le sais.

Comme prévu, elle m'ignore lorsque j'arrive devant la salle. Ses amies lui parlent, mais elle ne semble pas vraiment s'intéresser à ce qu'elle disent. Je la fixe tristement, et elle relève la tête pour répondre à mon regard, mais sans mettre aucune émotion dedans. Je crois que je vais pleurer, là, maintenant, devant la trentaine de personnes de ma classe, alors que je ne l'ai pas fait lorsque j'étais seul. Elle le remarque et se détourne de moi, comme si ça la gênait.

Je ne me sens pas très bien. Darryl le voit et me demande si je veux aller prendre l'air. J'arrive à lui répondre tant bien que mal, et m'éloigne seul vers la sortie. Je marche un peu dans la rue qui borde le lycée, puis, n'y tenant plus, éclate en sanglots et m'effondre contre un mur.

Je ne pleure pas souvent, mais quand je le fait, c'est que je ne suis vraiment pas bien.

Une employée du magasin d'à côté, alertée par le bruit, sort dans la rue et se précipite vers moi.

   - Monsieur ? Monsieur, vous allez bien ?

Je hoche la tête mais comme ça n'est pas très convaincant, elle me fait rentrer et asseoir dans sa boutique. Elle semble m'observer quelques minutes, jusqu'à ce que je me calme, puis me parle doucement.

   - J'ai cru que tu étais adulte, mais tu es au lycée, non ?

Je souffle doucement pour être sûr que je n'allais pas de nouveau me transformer en fontaine, puis murmure :

   - Oui.

   - Comment tu t'appelles ?

   - Darius.

   - Que s'est-il passé ?

Je tente de répondre, mais la réponse reste coincé dans la gorge et je ravale les larmes qui menacent dangereusement d'inonder mes yeux. Je me calme quelques minutes avant de  répondre.

   - Je me suis pris le râteau le plus absurde de l'histoire de l'humanité.

   - Comment ça ?

   - Je... en gros, j'étais très ami avec une fille, on s'est embrassés quelques fois, on discutait bien et puis là, je lui ai dit que je commençais à tomber amoureux d'elle et elle m'a jeté. C'était y'a trois jours et je pleure que maintenant parce que je viens de la voir et qu'elle n'a pas du tout l'air d'être affectée.

Elle ne répond pas tout de suite et me regarde tristement.

   - Je comprends. Tu as essayé de lui parler ?

   - Je lui ai envoyé plein de messages, je me suis excusé, mais là je sais pas quoi faire et j'ai vraiment mal au cœur.

   - Vas la voir en vrai.

   - Elle me laissera jamais lui parler. Je la connais...

   - Tu lui dis qu'elle n'a pas le choix et tu lui expliques ce que tu ressens et pourquoi tu lui as dit.

   - C'est plus facile à dire qu'à faire, je gémis.

   - Je n'ai pas dit que c'était facile et même si elle ne veut pas de quelque chose avec toi, tu te sentiras mieux.

Je lui souris et la remercie de tout mon cœur.

   - Excuse moi mais je viens de me rendre compte que je ne t'ai même pas demandé comment tu t'appelle...

   - Je m'appelle Sandra, fit la jeune femme. Si tu as besoin de parler et de conseils, tu sais où me trouver. Par contre, il faudrait peut-être que tu retourne en cours, non ?

Je prends mon téléphone et regarde l'heure. Mon prochain cours est dans dix minutes.

   - Oui, je pense. Merci beaucoup, Sandra.

   - Je t'en prie, dit-elle en souriant.

Je sors du magasin après l'avoir salué et me dirige vers le lycée. Je vérifie que je n'ai pas les yeux trop rouges avant d'arriver devant ma salle. Les élèves de ma classe ne sont pas encore arrivés.

Me confier à Sandra m'a fait un bien fou, même si je l'avais déjà fait avec Darryl et Layla. Elle a trouvé les bons mots pour me motiver à rester fort, et quand Darina arrive avec les autres, je la regarde durement quelques secondes avant de me détourner et d'affronter ma journée de cours.

La MystérieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant